Barbie: Voyage réussi à Barbieland !

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Barbie. Allociné
Barbie. Allociné

Barbie nous faisait voir la vie en rose depuis plusieurs semaines! Le ticket en main, prêt à embarquer pour Barbieland, l’attente était colossale au vu de la promotion qui gravitait autour. Si Greta Gerwig a placé la barre(bie) haute, le film est au-delà de toutes les attentes.  Comique, touchant avec un message intemporel nécessaire, Barbie maintient un équilibre parfait des genres.

 

La vie en rose pour la promotion de Barbie

Lorsque la bande annonce de Barbie a été dévoilée le mois dernier, elle laissait planer le doute sur le ton du film. Greta Gerwig allait-elle tourner en ridicule l’univers de Barbie ? Voire glisser dans le registre du film d’horreur ? Le mystère restait entier avant la sortie de la bande annonce qui ne dévoilait pas énormément d’indices. Quelques semaines plus tard, bien que la hype soit bien montée, la promotion de Barbie n’a fait qu’accentuer cette attente. Les affiches roses, le « house tour » du tournage par Margot Robbie, les interviews, même le géant Google avait cédé face au jouet intemporel pour se teindre de rose pour les plus curieux qui inscrivaient « Barbie » sur la barre de recherche. C’est donc la tête pleine de questions et le T-shirt bien évidemment rose que les spectateurs et spectatrices ont fait le choix de tourner le dos à Oppenheimer (désolé Nolan! c’est de bonne guerre) pour devenir, le temps d’une séance, team Barbie.

 

Greta Gerwig is everything !

Réaliser un film sur une poupée parfaite pouvait vite basculer dans le côté kitch. Ce risque en tête, la réalisatrice Greta Gerwig a pourtant parfaitement compris cet univers et s’y est impliquée à fond dès les 20 premières minutes du film. Couleurs saturées, décors aux airs de jouets, rose partout jusqu’à créer une rupture de la couleur chez Rosco et répliques parfaites des tenues « iconic » de Barbie, les plus nostalgiques qui se plaisaient à jouer à la poupée Mattel seront ravis de cette immersion totale ! En effet, Greta Gerwig s’est appliquée même dans les moindres détails pour recréer de toutes pièces le décor imaginaire de notre enfance. Même les précisions anodines comme le fait que Barbie ne pose pas le pied à terre ou qu’il n’y a pas d’éléments dans son monde (absence d’eau dans la piscine comme nos jouets) étaient une preuve de la minutie et du perfectionnisme de la réalisatrice.

Cette perfection et ce kitch complètement assumés sont les forces de ce film. Le monde de Barbie est parfait, élémentaire et magique. Les décors en plastique ou encore peints au second plan restent totalement cohérents avec ce monde de jouets. Même la mise en scène façon « Wes Anderson » qui dresse, dans chaque scène à Barbieland, un tableau sans défauts participe et nourrit l’ambiance idyllique du film.

La réalisatrice de Lady Bird et Les filles du docteur March a été soucieuse de créer Barbieland et la précision de certains détails du quotidien de Barbie, de ses vêtements ou encore de nombreuses références à la pop culture ne font que confirmer le talent de Greta Gerwig. Si le monde idyllique gouverné par les Barbies fait rêver, c’est aussi car le film se concentre sur un monde beaucoup plus défectueux, le monde réel.

 

Pas « tous » les hommes mais toutes les femmes

Le jouet Barbie a longtemps été perçu comme un modèle à suivre. Elle permettait de faire rêver les petites filles en leur prouvant, qu’à l’image de leur poupée préférée qui était docteure, journaliste ou encore présidente, elles aussi pouvaient être qui elles voulaient. Ce message très utopique illustré par la personnalité candide de Barbie s’est heurté à la réalité de notre société. Après une crise existentielle, Barbie (et Ken) se retrouvera dans notre monde, et la différence est rude !

Alors que Barbieland est présentée comme une société matriarcale parfaitement ordonnée, l’arrivée dans une société où les femmes sont sifflées, critiquées pour leur tenue vestimentaire et n’occupent que peu de hauts postes a été un véritable choc pour Barbie. Pire encore, cette dernière se confronte à une jeune fille qui déconstruit son imaginaire sur le monde réel en l’accusant de complexer les femmes sur leur physique en raison de sa plastique parfaite et inatteignable. Concernant les scènes où la femme est sifflée et d’autres scènes analogues, certains se plairont à penser que c’est une déformation de la vérité et une critique des hommes qui ne sont « pas tous » comme ça. Malgré tout, cette réalité reste le quotidien de nombre de femmes. Utiliser le septième art pour dénoncer le comportement de certains hommes tout en illustrant ce que subissent les femmes de notre monde permet, une fois n’est pas coutume, d’éveiller les consciences des deux sexes.

 

Barbie et la critique du patriarcat: satire à balles réelles

Si cette critique du patriarcat était un point assez prévisible du film, la réalisatrice Greta Gerwig a tout de même finement, par moment, amené les problématiques de l’inégalité homme-femme. Loin de critiquer le genre masculin dans son entièreté, le film propose une satire du patriarcat amenée par Ken dans le monde de Barbie. Les failles de cette idéologie y sont montrées prouvant ainsi qu’elle ne bénéficie ni aux hommes, ni aux femmes. Les idées de cette masculinité écrasante briseront non seulement le monde parfait de Barbie mais prouveront que le patriarcat est autant néfaste pour les Barbies que pour les Ken. Notre monde réel aura aussi son lot de critiques lors de certaines scènes criantes de réalisme où, par exemple, les dirigeants à la tête du géant Mattel ne sont que des hommes.

 

Féministe ou femme objet, la Barbie navigue entre ces deux eaux tout en gardant le cap sans dériver vers un extrémisme idéologique d’un côté ou de l’autre. Le film parvient à illustrer cette idée que Barbie, assez naïvement, pensait avoir changé le monde et la place des femmes dans notre société. Malgré cette bonne volonté, elle représente tout ce qu’elle a toujours combattu. Paradoxe assez comique puisque, ne voulant pas être considérée comme une femme objet, c’est pourtant précisément ce qui caractérise Barbie : être un jouet. Le message du film propose un équilibre de la pensée malgré une caricature de l’homme par moment (rien de bien dénigrant pour autant puisque l’on comprend que c’est une satire !).

Oui, dire que la femme est objectifiée et critiquée sans cesse sur son apparence, c’est certes, un des combats du féminisme, mais aussi et avant tout une vérité qui a le mérite d’être mise en avant dans l’un des films les plus attendus de l’année.

 

Margot Ro(bar)bie : le casting parfait

Un film Barbie avec pour actrice principale Margot Robbie ? Il est vrai que ce n’était pas un choix risqué ! Mais l’actrice australienne a réussi à endosser ce rôle avec toutes les nuances de roses qu’il comportait ! Physiquement idéale pour ce rôle, Margot Robbie a délivré une performance incroyable en jouant la Barbie candide, puis parfaite pour enfin embrasser pleinement les sentiments humains qui traversaient son personnage. Joyeuse ou triste, l’incarnation d’Harley Quinn (chez Warner) incarne de manière bouleversante la sensibilité d’un personnage qui fait face pour la première fois à son humanité. L’humour, l’amour, le désespoir et la douleur sont tant d’émotions différentes exprimées par Barbie qui ont réussi à toucher en plein cœur les spectateurs. Là où l’on pouvait s’attendre à une Barbie en demi-teinte, la complexité du jeu de Margot Robbie nous a permis d’avoir de l’empathie pour cette poupée.

Un choix excellent pour Barbie ! tandis que Ken, c’est juste Ken.

 

Ryan Gosling : Ken sur 10 !

Si on additionne Ryan Gosling plus Ken, le résultat ne pouvait être que parfait !

Les affiches publicitaires annonçaient déjà la couleur sur son personnage: Barbie sait tout faire ! Et Ken… est juste Ken. C’est dans cette désespérante position de numéro 2 que tente d’évoluer le petit ami de Barbie. Constamment à la recherche de son attention, cette homme parfait (physiquement en tout cas) ressentira enfin la satisfaction d’être apprécié dans le monde réel et ce, grâce au patriarcat ! Si certains points étaient prévisibles pour ce film, le retournement de situation où Ken devient l’antagoniste demeure un twist très intéressant ! Malgré cette complaisance dans le patriarcat, ce bonheur ne sera que de courte durée et permettra à Ryan Gosling de basculer vers un ton plus dramatique que sur le reste du film. Son humour, son sarcasme et son air benêt ne vivant que pour le regard de sa bien-aimée est parfaitement interprété par Ryan Gosling. L’acteur canadien se plait à s’épanouir pleinement dans une comédie. Là où le public avait pour habitude de le voir dans des comédies romantiques telles que N’oublie Jamais ou encore plus récemment dans le film d’action The Gray Men, le bel acteur canadien tourne en dérision la figure masculine de l’enfance de toute une génération.

S’il est vrai, que son personnage détient beaucoup moins de complexité que celui de Barbie, le jeu d’acteur d’une des icônes d’Hollywood apporte énormément de fraicheur et n’a pas manqué de faire rire à plusieurs reprises la salle de cinéma. Que ce soit en montrant ses muscles ou en chantant, la kenergy (mot utilisé par Ryan Gosling dans ses interviews) transcendait définitivement le film. Sa performance faisant parfois de l’ombre à Barbie, laisse planer le doute sur un possible spin-off.

 

Une petite épine sur ce film tout rose

En sortant de la salle, Barbie nous fait planer pendant quelque temps. Après être redescendue de notre nuage, certains aspects viennent néanmoins assombrir ce tableau rose bonbon. Bien que le film propose d’emblée de se concentrer sur Barbie et son univers, les scènes avec le personnage du Directeur de Mattel restent légères et sans grands intérêts. Très vite éclipsé par d’autres dynamiques beaucoup plus intéressantes, ce personnage interprété par Will Ferrell apparait exclusivement comme une caricature des hommes de pouvoirs. Cette satire masculine, parfois grossière ou bien trop subtile, peine par moment à trouver un équilibre dans le « monde réel ». Si certaines intrigues sont reléguées au second plan, c’est aussi la même chose pour le personnage de Gloria, directement liée à notre Barbie stéréotypée. Malgré cette idée convaincante qui explique la crise existentielle de Barbie par celle qui joue avec elle dans le monde réel, ce choix est par moment peu assumé. Malgré tout, le film Barbie conserve son message tout au long du film: Barbie peut être ce qu’elle veut.

 

Barbie : pas Barbante mais tolérante

Barbie grande, petite, blonde, brune, handicapée, noire, blanche, portant le hijab. Autant de Barbies qui reflètent la pluralité des femmes de notre monde. Bien que ce panel ait été très tardivement illustré dans les jouets pour enfants, le film Barbie se plait à représenter cette diversité dans Barbieland tout en créant une solidarité féminine. Avant tout tolérante, la Barbie sait tout faire et inspire les femmes à s’affirmer pour assoir leur place. Le message parait simpliste et très enfantin, mais Greta Gerwig parvient à aborder des sujets sérieux autant sous le ton de l’humour que sur un ton dramatique. Que ce soit frontal avec la satire des hommes ou encore de manière subtile avec la prise de conscience progressive de la place de la femme par Barbie, le film joue sur tous les fronts en mettant en avant avec humour et sincérité la réalité d’être une femme aujourd’hui.

 

Dans les salles obscures (ou roses, au choix) depuis le 19 juillet, le nouveau film de Greta Gerwig s’impose rapidement comme le film de l’été. Que ce soit pour Margot Robbie, Ryan Gosling, les musiques de Dua Lipa et Billie Eilish (pour ne citer qu’elles) ou tout simplement voir la vie en rose après un film historique passionnant sur la bombe atomique, tout le monde a une raison d’aller voir Barbie !