Les Fées Des Sixties entre magie et musique pop

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Les Humanoïdes Associés proposent une nouvelle série, Les Fées Des Sixties où le monde des elfes rencontre celui des Beatles. Voici une proposition étrange débutant par Les disparitions d’Imbolc. Suivez notre avis sur la formule magique de ce premier tome.

Une poudre rock’n’roll…

L'héroïne des Fées Des Sixties

Les Fées Des Sixties s’ouvre dans le passé lointain. Au début du XXe siècle, deux hommes se retrouvent dans les bois pour cueillir des champignons certes mais bien plus physique que l’on pourrait penser. Par sa tenue, l’un est visiblement membre de l’élite tandis que l’autre semble plus populaire mais la rencontre se passe loin de la ville car il ne faut pas se faire voir de la société. Le premier est marié par convenance tandis que le second assume d’être homo. Ils sont proches du contact prolongé mais l’un disparaît mystérieusement.

Le récit bascule à Londres dans les sixties où une jeune femme, Ailith, arrive d’Écosse. Elle travaille dans un grand journal quotidien, le Daily Telegraph. Elle a récemment perdu sa mère. Disparu depuis des années, son corps vient d’être retrouvé. Ailith est venue dans la capitale pour dénoncer un complot fée. Elle y retrouve son ami d’enfance, Elliot, devenu policier. Ce Bobby conservateur au mieux et raciste, qui surtout déteste les fées qu’il rend responsable de la montée de la criminalité. Ensemble, ils enquêtent sur une série de disparition le 1er février, jour d’une fête païenne.

… ouvre un nouvel univers

La joie de vivre des Fées Des Sixties

Fées Des Sixties part du double sens du mot anglais fairy signifiant à la fois fée ou en argot homo. Cette série a un objectif plus large que ce seul volume en proposant un tout nouvel univers : et si la révolution de la contre-culture s’était déroulée en même temps que la révélation d’un monde magique ? Partant de son concept, Gihef a développé Fées Des Sixties avec Christian Lachenal pour mêler fantasy, thriller et polar. Quatre sorties de récits complets en un tome sont prévues en 2023. Chacun est réalisé par des équipes créatives différentes. Les disparitions d’Imbolc est écrit par celui qui a fait Le bleu est une couleur chaude ayant donné le film La vie d’Adèle. Ce titre est une double première puisque Jul Maroh est uniquement scénariste et qu’il s’agit d’une série de fantasy. Auteur transgenre, il insuffle ses thématiques dans Les disparitions d’Imbolc. En effet, les fées sont pour lui queers et transgenres. Maroh veut dénoncer le patriarcat lorsque les collègues d’Ailith sont misogynes.

Pour l’auteur, la magie n’est pas un accessoire scénaristique mais sa foi. Il contacte les fées et défend la paganisme maltraité par plusieurs siècle de christianisation. Le lecteur rentre dans la mythologie celtique. On découvre les pouvoirs des fées, leur ambivalence mais également leur royaume. Dans la forêt de Primrose Hill, elles offrent des pouvoirs dans un pacte mais elles mentent et sont prétentieuses. Ce monde magique n’est pas parfait. Le tribunal des sages exclut un oracle d’Avalon.

Vivant à Londres, les elfes prennent le métro et font la manche. Les fées sont une parabole des marginaux exclus par la bonne société. Ils profitent de la vie avec hédonisme et insouciance alors que les londoniens traditionnels vantent le travail. On peut penser aux hippies pour les plus aisées ou aux migrants. Une fille bien sous tous rapports remet en cause ses valeurs par amour. On peut voir ce refus des discriminations quand de pauvres fées basculent dans la prostitution ou le trafic de poudre d’ailés.

Lançant le nouvel univers des Fées Des Sixties, Les disparitions d’Imbolc prouvent la richesse du mélange. Le livre commence comme une enquête policière avant de devenir un voyage dans le fantastique et une défense de la diversité. Il reste encore deux autres tomes pour enrichir encore cet univers.

Retrouvez d’autres chroniques sur la magie avec The Witcher et Elfes.