L’amoureuse montre les crocs dans Love Kills

0
533

Une rencontre devient parfois un coup de foudre et d’autres fois un coup de sang. Love Kills se situe au croisement ses deux. Comment est-ce possible ?

Du sang dans le caniveau

Dans une mégalopole, une jeune femme déambule de nuit. Plutôt qu’une belle rencontre, elle est la recherche de sang frais. Par accident, la magnétique Helena rencontre Marcus, un cuisinier plus discret. Cette nuit va bouleverser leur vie à tous les deux. Marcus découvre qu’Helena est une vampire alors que la dangereuse suceuse de sang voit une menace envahir son territoire.

une vampire se réveille dans Love Kills

Love Kills ne se contente pas de reprendre les poncifs des romans gothiques mais il est une réinvention du mythe du vampire dans un cadre urbain. Le début est étrange et oppressant. On part d’un cœur battant dans une poitrine puis on survole une ville et une autoroute de jour très animée entre le jour et la nuit. On arrive dans la salle de bain anonyme mais aussi très étrange car une femme sort de la baignoire où l’eau a été remplacée par du terreau. La ville est aussi malade car elle est ravagée par la drogue et touchée par un problème électrique. En même temps, un ouvrier disparaît dans les égouts faisant comprendre qu’une autre menace rôde sous la ville.

Ici scénariste et dessinateur, l’auteur brésilien Danilo Beyruth navigue entre roman graphique et récit de genre pour les super-héros de Marvel. Cela se voit dans ce projet qui alterne l’action et la romance. Les dialogues très courts et les pages muettes surtout au début installent une ambiance mystérieuse que l’on retrouve dans l’absence de couleurs. Le noir et blanc est un pari encore plus audacieux pour un récit sur le sang.

Un animal en chasse

Helena est plus proche de l’animal que de l’être humain. Regardant un documentaire animalier, elle s’identifie à une lionne en chasse. Plus tard, elle rôde dans la nuit à la recherche d’une proie. Cette faim est si forte qu’elle s’enferme quand le besoin de sang la rend incontrôlable. Elle défend son territoire contre un vampire qui a fait l’erreur de rentrer dans son domaine de chasse. Cette explication musclée donne l’occasion d’un très beau combat dans un parking souterrain car le dessinateur y retrouve le dynamisme des comics. Mais la chasseuse devient la proie car ce vampire nomade n’est pas seul.

un combat dans Love Kills

Une vampire amoureuse

Dans Love Kills, on retrouve la parabole du vampirisme comme désir sexuel mais dans une version plus romantique. Lorsque Helena rentre dans un bar, elle attire tous les regards, homme ou femme. C’est certes logique car elle a un pouvoir hypnotisant mais elle est aussi inoubliable… Marcus est à l’opposé un cuisinier prometteur mais timide. Les autres en profitent comme son patron qui le rabaisse. Elle est une muse élitiste et lui un homme épris de quotidien. Elle est insensible. Il est trop sensible. On ne pourrait pas trouver plus différent mais que dit-on des contraires ? De plus, un mystère s’instaure entre eux car le pouvoir hypnotique d’Helena ne marche pas sur lui. Quand toute rencontre, chacun cherche d’abord à montrer ses atouts. Marcus défend la belle quand un groupe de vampires l’attaque. Après première rencontre, elle est obsédée par lui sans comprendre pourquoi. Plus tard, chacun se découvre des points communs. Les deux sont isolés. Lui ne sort pas mais rentre sagement après son travail. Elle refuse d’être avec la meute des vampires. Les deux ont un passé mystérieux et compliqué. Lui est attaché à un briquet usé tandis qu’elle semble avoir honte d’être une vampire. Pire, son passé vient la hanter par ce groupe de vampires. Parfois, le premier rendez-vous se passe mal. Helena et Marcus vont enquêter dans un quartier louche.

Love Kills est une très bonne surprise. Danilo Beyruth revisite le mythe du vampire en racontant une belle rencontre mais qui est aussi une nuit pleine de dangers. Il promène également le lecteur dans une métropole des beaux quartiers à une zone industrielle dévastée. Cette ville est aussi un espace dangereux car, à part Marcus, personne n’est innocent mais chacun poursuit un sombre but. Il fait surtout des choix très audacieux en privilégiant l’épure du noir et blanc et des pages muettes. Un auteur à suivre.

Si vous aimez les récits de genre, nous vous conseillons de découvrir These Savage Shores sur des vampires en Inde ou Marqués qui revisite le thème des sorcières avec talent.