La recette du bonheur numérique dans Happytech

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A la suite des confinements, vous avez voulu changer de vie mais, c’est loin d’être facile. Et s’il suffisait de suivre la méthode d’Happytech ? Ce premier volume vous donne la recette pour trouver le bonheur et à son revers…

Le bonheur nuit à la santéles souvenirs dans Happytech

Dans Happytech, dimanche, lors d’un repas de famille, Xavier Guignard s’ennuie, alors, il boit, protégeant son cubi de rosé comme Gollum dans le Seigneur des anneaux. Il peut pourtant profiter d’une piscine en été et être entouré de sa famille élargie, mais rien n’y fait. Cette proximité lui fait haïr encore plus ses proches. Il se sent totalement différent d’eux et d’anciens amis lui démontrent que même ses souvenirs agréables de vacances étaient un mensonge : ils le détestaient et l’humiliaient. Cette journée n’est pourtant que la première étape d’un très long chemin de croix. Le dimanche débute par une crise de couple. Le lundi, un refus poli à une mendiante finit par un interrogatoire au poste de police puis des collègues pénibles harcèlent Xavier. La journée se termine quand sa femme le quitte en soirée.

Voici donc un contexte parfaitement adapté pour que Xavier fasse le bilan de sa vie… réglé en trois cases. Le quarantenaire a l’impression ne rien avoir réussi et d’être détesté. Il paraît être en dépression et voudrait échapper à sa routine. Il faut dire qu’il apparaît également aux lecteurs comme un personnage désagréable. Dans sa vie de couple, il est odieux avec sa compagne et, dans sa vie professionnelle, il prend plaisir à pousser des clients à acheter des assurances totalement inutiles. Le dessin illustre ce caractère pathétique. Il rumine un changement radical de vie… mais en short et avec des chaussettes. Le scénariste Corbeyran transforme le quotidien en une aventure ridicule. Les noms des personnages sont si banals qu’ils deviennent ridicules. Cependant, la suite de catastrophes qu’il subit le rend presque attachant. Une cousine ayant assisté à un stage de bonheur lui donne une idée et Xavier décide de se prendre en main. Il va faire appel à l’entreprise Happytech et suivre leur méthode pour devenir heureux. Le scénariste Corbeyran et la dessinatrice Alessia Fattore posent alors cette question : peut-on acheter le bonheur ?

La recette parfaite ?La belle recette dans Happytech

Dans le premier volume, Xavier qui grimpe dans l’organisation Happytech mais également sa face sombre par une femme ayant étrangement disparue. Très rapidement, des détails intriguent Xavier : l’actrice représentant Happytech ressemble à une mendiante vue la veille dans le métro. Happytech séduit de nombreuses personnes dont Xavier mais le lecteur voit les dérives et se pose cette question : que doit-on sacrifier pour obtenir le bonheur ? Ce premier volume est en effet une critique du développement personnel, de ces guides proposant la recette du bonheur en kit. Le verbiage vide de sens d’Happytech est efficace pour étourdir des candidats dépressifs. Il suffirait de suivre le mode d’emploi… et de verser des sommes importantes car les bureaux et les tenues des employés d’Happytech illustrent la transformation de la religion en entreprise. Cette entreprise évoque aussi la scientologie. Par les tests à l’entrée de la formation, une secte est mise en algorithmes. On classe et on note selon un degré de bonheur. La coloriste Giulia Priori illustre ce bonheur factice par des couleurs très pop et donc irréelles quand Xavier semble trouver le bonheur, mais avant et ensuite, les tons sont plus sombres pour montrer la vie morne de Xavier.

Édité par Delcourt, Happytech dénonce avec humour une vision simpliste du bonheur. Une entreprise donne les clés mais l’anti-héros, Xavier, peine à s’en saisir. Le cliffhanger de ce premier tome montre un homme en plein doute et le lecteur se pose de plus en plus de questions sur cette entreprise.

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