Critique « Rapture » de Valiant (Bliss Comics) : basculement dans le monde des morts

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Après l’intégrale de Bloodshot et celle sur Shadowman, JustFocus s’intéresse à un album plus court de Bliss Comics avec la sortie de Rapture le 8 juin.

Valiant rencontre le Seigneur des anneaux

Rapture est une série limitée en quatre épisodes qui permet d’assister à la rencontre de l’univers de Ninjak et de Shadowman. Ils sont assistés de Punk Manbo, une magicienne vaudoue et de Tama, une visiteuse du futur. Alertés par cette dernière, ces personnages très différents se retrouvent plongés dans le monde des morts pour empêcher Babel de rejoindre le paradis et devenir un dieu. Cette équipe hétéroclite devra s’accorder pour sauver le monde ce qui est loin d’être une évidence. Ninjak, espion rationnel, refuse l’existence de la magie alors qu’il est entouré de deux magiciennes, Punk Mambo et Tama, et d’un démon vaudou, Shadowman. Il est sans pitié alors que Tama est une enfant voulant éviter la moindre victime. Ils se retrouvent entourés d’une faune très étrange : les Endeuilleurs, des soldats qui d’un seul mot peuvent tuer ou encore un roi barbare dont la femme a été tuée par ces derniers et cherche depuis à se venger.

Voyage chez les morts

Une réunion au sommet des héros de Valiant

Ce crossover est un bon moyen de découvrir des nouvelles parties du monde des morts. Babel, l’ennemi de ce récit, asservit les démons pour accéder au paradis. L’ambiance très heroic fantasy ravira les fans du Seigneurs des anneaux et peut faire penser à XO-Manowar publiée il y a peu. Les scènes d’action grandioses sont très présentes.

L’équipe artistique est de haut vol. Matt Kindt, scénariste américain, a une carrière très originale car il alterne des œuvres où il s’occupe de tout en indépendant (SuperSpy, 2 Sœurs) et des scénarios pour DC (Justice League, Marvel ; Spider-Manet, Valiant ; X-O Manowar). CAFU, artiste espagnol, a réalisé des œuvres pour DC Comics (Green Lanternet, Valiant ; Imperium). Il a un style réaliste agréable qui permet de suivre avec plaisir l’action. Les vives couleurs numériques et la belle représentation d’un décor très médiéval donnent une vision plus lumineuse du monde des morts que dans la série Shadowman.

Un héros transformé

Shadowman est le personnage le plus bouleversé par ce périple chez les morts. Babel le retourne en lui promettant de lui retirer son démon, son loa. Ce récit force Jack Boniface à accepter sa part d’ombre et à se pardonner des actions atroces. Le problème est que cette mini-série sort avant la nouvelle série de Shadowman. Le lecteur découvre ce que Jack a fait alors que ces épisodes ne sont encore sortis. Kindt comme souvent dans ses récits glisse des références antiques : Babel est représenté comme un Prométhée puni par les dieux. Kindt trouve une manière originale de montrer les particularités de Babel par un mot à l’envers dans chaque phrase même si cela rend la lecture parfois compliquée.

Un monde des morts peu accueillant

L’aventure est moins déterminante pour les autres héros mais Bliss Comics profite de ce crossover pour terminer par un superbe épisode sur Ninjak. L’organisation des pages est très originale. Le lecteur suit en parallèle deux histoires horizontalement : un contrat d’assassinat par Ninjak sans presqu’aucun dialogue sur le haut de la double page et en bas des moments de son passé. Une flèche qui s’avance progressivement sépare les deux histoires. Bliss Comics inclut d’intéressants bonus tels que les recherches sur les personnages, toutes les superbes couvertures de J.G. Jones et de nombreux dessins de CAFU avant colorisation.

Cette aventure en enfer est faite pour les fans d’heroic fantasy et de récits d’action qui vont s’éclater. Ce n’est pas forcément le livre le plus accessible si on n’a rien lu de Bliss Comics contrairement à l’intégrale Bloodshot ou à X-O Manowar.