Pénétrez dans les confins de l’Invisible Kingdom

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Deux héroïnes amoureuses face à l’hostilité de la société qui ne leur accorde aucune place. Voici le pitch du magnifique Invisible Kingdom qui revient dans le troisième et dernier tome publié par HiComics.

Deux femmes dans la tourmente

Une couple au bout du monde dans Invisible Kingdom

Dans le tome précédent d’Invisible Kingdom, Grix et Vess dirigent le Sundog, un ancien vaisseau spatial faisant des livraisons pour Lux, une compagnie aussi dure qu’Amazon. Poursuivies par cette compagnie alliée à une Église universelle, elles ont fui avec leur équipage. Elles ont rencontré une bande de pirates et ont fait un temps alliance avec eux. Mais, privées de libre-arbitre, les deux femmes choisissent la révolution et rejoignent la résistance. Éprises d’indépendance, elles ont préféré fuir au-delà des limites de l’univers que de se soumettre : le Point de Non-Retour est un domaine inconnu rempli de périls. Ce troisième et dernier tome marque l’accélération des enjeux : les puissants craquent et le peuple se relève. Les sœurs de la Résurrection révèlent à Grix et Vess leur objectif et la place que les deux femmes dans un plan mettant en jeu toute la galaxie.

Inivisible Kingdom, une série en or

Le splendide dessin de Ward dans Invisible Kingdom

Si Invisible Kingdom a reçu un accueil critique très brillant (une sélection officielle du FIBD 2021 et deux prix aux États-Unis), la série est encore trop méconnue en France. La scénariste G. Willow Wilson est pourtant loin d’être une inconnue car elle a créé Miss Marvel, personnage que l’on va bientôt retrouver au cinéma dans The Marvels 2. Wilson invente une religion étrange dont les adeptes utilisent des paroles cryptiques que seules les initiées saisissent. Profondément croyante, elle est pourtant loin de dresser une apologie du clergé. Elle montre les conflits internes et l’attrait du pouvoir. La religion devient un marché où il faut recruter le plus d’adeptes. La scénariste n’est jamais binaire car la résistance, si elle semble avoir un idéal positif, est aussi intégriste que l’ancienne foi. Par Lux, elle dénonce l’avidité des multinationales. Plus puissantes que les États, elles ne respectent aucune loi et n’hésitent pas à tuer. Lux gave les consommateurs de produits pour les empêcher de penser et de se révolter.

Invisible Kingdom repose sur un duo de personnages forts qui ont su évoluer au fil des épisodes. Dans le premier volume, Vess rentrant dans un couvent s’inscrit dans une quête de pureté et Grix prêt à tout pour survivre. Grix est placé comme la porte-parole d’une révolution anti-Lux mais n’accepte pas cette place. Vess pense avoir retrouvé une religion débarrassée de la corruption mais ce groupe veut user de violence pour faire triompher sa doctrine et prendre la place au sommet de l’Église. Leur force vient de leur amour même si Vess ne peut accepter cette relation charnelle interdite par sa foi. Les autres atouts de la série ce sont le dessin et coloriste par Christian Ward qui utilise sa tablette numérique comme une palette de peinture. Il propose un style impressionniste et grandiose. Dans le Point de Non-Retour, il s’amuse à inventer une planète entourée d’immenses algues fluorescentes. Plus loin, une explosion devient un feu d’artifice.

Dans ce troisième tome, Invisible Kingdom se clôt en beauté par le talent de Christian Ward. Rarement un comics au propos aussi engagé aura eu des couleurs aussi éclatantes. G. Willow Wilson met en avant une histoire d’amour très forte. Cette série est un cocktail parfait entre aventure, romance, politique et splendeur visuelle. Il est encore temps de la découvrir.

Si cette sortie vous intrigue, vous pouvez retrouver d’autres chroniques sur HiComics avec The Plot et Bleed Them Dry.