Critique « Warcraft : Le Commencement » de Duncan Jones

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Réalisé par Duncan Jones (Source Code, Moon), Warcraft : Le commencement est la première adaptation cinématographique du jeu culte World of Warcraft. Le casting se compose de Travis Fimmel (Vikings), Toby Kebbell (Les 4 Fantastiques), Paula Patton (Mission Impossible : Protocole Fantôme), Ben Foster (Du Sang et des Larmes) et  Dominic Cooper (Need for Speed).

Warcraft : Un film de fan ?

Warcraft

Warcraft : Le commencement retrace les événements du premier jeu vidéo, Duncan Jones choisissant de revenir en arrière afin de raconter comment cette guerre a débuté. Le pacifique royaume d’Azeroth se retrouve ainsi au bord de la guerre, après qu’une horde d’Orcs aux tendances belliqueuses cherchent à  contrôler ce monde. Agrémenté de quelques références et clins d’œil bienvenus au jeu-vidéo, Warcraft : Le Commencement s’adressera ainsi davantage aux connaisseurs qu’aux néophytes. Les gamers retrouveront leur univers vidéoludique grâce à de nombreuses apparitions, quelques lieux clés, artefacts et autres personnages célèbres. Le monde foisonnant au potentiel infini demeure relativement bien utilisé, proposant des lieux impressionnants et une introduction aboutie de l’univers. Étonnement, les Orcs (pourtant en images de synthèses) sont beaucoup plus profonds et mieux étudiés que les personnages humains, qui sont fades et recyclés puisque directement inspirés de n’importe quel péplum. Warcraft, que ce soit dans la modélisation des effets spéciaux, ou dans l’écriture des personnages, se rapproche ainsi plus d’un jeu vidéo que d’un véritable long métrage. Les effets spéciaux s’apparentent très clairement à des cinématiques de jeux vidéo à l’image de la scène d’ouverture empruntée au troisième Wow.

Warcraft : un film académique et sans prise de risques… 

Travis-Fimmell-and-Paula-Patton-in-Warcraft

Finalement Warcraft sera certainement un plaisir non dissimulé pour les connaisseurs des jeux vidéo, pour autant il n’est pas certain que Jones parvienne également à passionner le spectateur lambda. Puisque si l’univers est bien retranscrit, Warcraft demeure un blockbuster définitivement académique. Le scénario ne prend aucun risque, se contentant de planifier des rebondissements et arcs scénaristiques préétablis qui n’offriront aucune surprise. Les personnages stéréotypés ne peuvent se démarquer, les dialogues restent vains et fades, et le montage ne permet pas à l’image de s’exprimer. A coup de cut indécents, Duncan Jones coupe ses scènes de combats avec une rapidité décevante. A chaque fois qu’un combat devient intéressant, un tiers intervient et met fin à la confrontation, qui ne sert qu’à allécher un spectateur qui ne sera jamais rassasié. Dommage car les rares batailles sont réalisées d’une main de maître, les chorégraphies valent le détour et la violence n’est pas en reste. Duncan Jones ne semble pas vouloir prendre de risque, il ne veut pas emmener son film loin des sentiers battus ; compréhensible pour lancer une saga, mais Warcraft manque de folie. Cependant les rapports de force sont passionnants, à la manière du Seigneur des Anneaux ;  les alliances, trahisons et autres coups bas sont les rares moments de suspense et d’émotion que distille le long métrage, à l’image de la conclusion de la bataille finale, à la fois séduisante, travaillée et au ressort émotionnel plutôt efficace. Mais le défaut principal de Warcraft reste sa longueur, Duncan Jones ne parvenant pas à mettre en place une introduction rythmée et se contentant de montrer les lieux et les personnages sans véritable contexte, à coup de transitions paresseuses et prévisibles. 

Warcraft n’est pas une calamité, mais ne parvient en aucun cas à se démarquer. Voilà donc un film efficace mais fade, dont on ne redoute pas la suite, ni ne l’attendons.