Des comédiens à l’énergie folle, une pièce irrésistiblement drôle et un projet solidaire unique… Pour sa quinzième année d’existence, l’association Scribe Paris créée par trois passionnées de théâtre et de l’Arménie, met Jean Anouilh à l’honneur avec une mise en scène brillante de l’Invitation au Château, imaginée par deux anciens élèves des Cours Périmony et Florent, Camille Cieutat et Romain Raymond.
Le pitch ?
Le château de Madame Desmermortes s’apprête à accueillir une foule d’invités (et de spectateurs) pour les noces de son neveu, Frédéric, et de Diana Messerchmann, la fille d’un ancien tailleur de Cracovie ayant fait fortune dans les sulfates. Horace, le frère jumeau du futur heureux-élu, ne pouvant s’y résoudre, va tout manigancer pour rompre cette union qui sonne un peu trop faux à son goût. Pour cela, il convie au bal Isabelle, une jolie danseuse de l’Opéra – et, bon gré, mal gré, sa mère – pour que celle-ci séduise Frédéric. La soirée ne se passera bien évidemment pas comme Horace l’avait prévu et son plan va s’effondrer très rapidement, comme un château de cartes, face aux révélations les plus inattendues, aux retrouvailles les plus insensées…
Tout ça sur fond de tango mexicain et de valses furieuses, qui nous donnent envie nous aussi, d’entrer en piste.
Pendant deux heures, on se délecte des répliques cinglantes de Madame Desmermortes (Diane Turbé), de l’enthousiasme exacerbé de la mère d’Isabelle (Clémence Dancoisne), des vers entonnés avec rêverie par une romantique Géraldine Capulat (Gwennoline Mercier), qui semble avoir élu domicile dans la lune, et par l’hystérie d’une Lady India (Julie Del Gobbo) qui prend tour à tour des allures de squaw de Sibérie, puis de paysanne russe. On est bluffé devant l’interprétation du comédien (Alexandre Gérin) qui sort de scène sous les traits du timide et sincère Frédéric pour revenir sous ceux de l’impitoyable Horace, alternant entre des jumeaux aussi différents moralement que le loup et l’agneau, et d’Isabelle (Maria Abraham) qui se fond parfaitement dans le rôle de composition qui lui est confié. On tremble devant une Diana (Tatiana Kalmykova) qui enrage de voir que l’attention ne se porte pas sur elle, avec une incroyable justesse. On se prend à compatir avec le drôlissime Patrice Bombelles (Matthieu Larrat), pris en étau entre une maîtresse envahissante et un patron blasé, Romuald Messerschmann (Benoît Schaeffer), impressionnant dans son interprétation du parvenu que les millions n’arrivent plus à satisfaire.
Une jolie farce et véritable satire sociale qui se déroule sous les yeux exaspérés de Joséphine (Léa Lebrun), fidèle et touchante gouvernante, et de l’excellent Romainville (Aurélien Cieutat), qui ne sait plus où donner de la tête. Une pièce dans laquelle on rit beaucoup, mais qui nous fait également réfléchir sur une société bourgeoise en décadence… Et sur la valeur, ou plutôt, sur le coût, de la vie.
L’association Scribe Paris
Depuis sa création en 2002, l’association Scribe Paris (Solidarité Chrétienne Résolument Internationale pour le financement de Bourses d’Études) a pu financer les études de 123 jeunes arméniens du Haut-Karabagh – petite enclave indépendante composée majoritairement d’arméniens en Azerbaïdjan – soit 284 bourses grâce aux dons de spectateurs qui ont notamment pu applaudir des mises en scène originales de pièces comme Le Dragon d’Evgueni Schwartz (mes de Jean-Claude Scionico) ou encore de La Nuit de Valognes (mes de Gilles Martin).
Agenda
Si vous souhaitez vous aussi soutenir cette association, sachez que le bal sera donné au Château de l’Espace Quartier Latin, situé au 37, rue Tournefort (Métro : Place Monge) les trois prochains week-end d’avril, à savoir :
- Samedi 16 avril à 20h
- Dimanche 17 avril à 17h
- Samedi 23 avril à 20h
- Dimanche 24 avril à 17h
- Samedi 30 avril à 20h
- Dimanche 1 mai à 17h
L’entrée est libre. Vous serez invités, si vous le souhaitez, à donner pour l’association Scribe Paris à la fin de la représentation.
Les réservations sont à effectuer soit par mail reservation@scribeparis.org, soit par téléphone – auprès du très policé Quentin Marchal – au 06 51 11 15 96, soit directement sur le site.
Une association qui a également le don d’être hyper connectée : présente sur Facebook, Twitter et Instagram, elle vaut le coup d’être suivie. Au sens littéral du terme, aussi.