L’exposition Divas : De nombreuses femmes d’exception mises à l’honneur

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C’est souvent par le prisme du cliché, des fantasmes que l’on parle de la place de la femme dans les sociétés arabes. On retrouve encore certains discours emprunts de ces fabulations qui méconnaissent grandement l’histoire de ces peuples. Aujourd’hui, beaucoup de femmes arabes chantent, et/ou sont actrices comme Nancy Ajram, Myriam Fares ou Razan Jammal. Mais d’où viennent-elles ? Quels sillages ont-elles suivi ? Remontons dans les Années 1920. C’est par l’Art que la femme arabe a trouvé le chemin de son expression, de son influence.

Laïla Mourad, Sabah, Souad Hosni, Faten Hamama, Hind Rostom, Oum Kalthoum, Asmahan, Fayrouz, Warda, Dalida, Tahiyya, Carioca, Samia, Gamal….Issues de la bourgeoisie, orphelines, exilées, musulmanes, chrétiennes ou juives, elles accèdent aux hautes sphères de la société et transforment l’art traditionnel en transportant des salles masculines jusqu’à l’extase, tant à l’écran que sur scène.

C’est au XX siècle que l’Égypte devint un lieu de fusion, de foison artistique. Le Liban, la Syrie sont aussi transportés dans cet « âge d’Or ». Voyons quelles femmes ont parlé, ont chanté jusqu’à devenir célèbres.

Oum Kalthoum : Une Diva mise à l’honneur lors de l’exposition à l’institut du monde Arabe

Dans le domaine du chant, on a bien entendu l’iconique Oum Kalthoum. Née dans un petit village près du Nil, elle commence à chanter en psalmodiant le Coran. Elle se déguise en garçon et accompagne son père au chant. Les hommes sont impressionnés par sa voix. C’est une femme ambitieuse et  brillante, elle s’émancipe de sa famille, et s’entoure de musiciens et d’intellectuels : une diva est née. Elle sort son premier disque en 1926 « En kont asameh » (si je te pardonne). Elle chante le désir, l’amour, la douleur et l’abandon. Des thématiques pudiques que l’on ne chantait pas avant….Elle passe en concert sur Radio Le Caire tous les jeudis. Le monde arabe l’écoute. Pendant ses représentations, ses chansons durent plus d’1h et le public est envoûté. Elle s’engage politiquement auprès du président Gamal Abde Nasser et devient l’ambassadrice du panarabisme. Cette femme incarne l’histoire d’une petite fille de la campagne qui s’élève par son talent et sa volonté en devenant la chanteuse la plus célèbre du monde arabe.

Fairouz : une Diva Contemporaine

Fairouz, né en 1934 est libanaise. Elle est la diva contemporaine et sa célébrité vaut celle d’Oum  Kalthoum. Elle exalte l’amour et la liberté. Elle incarne et chante l’âge d’or perdu du Liban. Ses tournés sont mondiales. Elle chante à Beyrouth, à Paris, à Las Vegas. Elle ne donne que de rares interviews et s’exprime ainsi :  « Si vous regardez mon visage lorsque je chante, vous verrez que je ne suis pas là. Je pense que l’art est comme la prière ». Le sérieux de son Art accentue son image mystique.

Quelques titres que vous apprécierez :

  • « saba wu massa », « li beirut » Feiruz,
  • « Madam Teheb Betenker Leih » Um kalthoum
  • « Batwanes beek » Warda

D’autres Divas prestigieuses

Dans le domaine du théâtre on observe Mounira Mahdiyya. Égyptienne, elle fût la première femme musulmane à poser le pied sur les planches d’une pièce théâtre. Elle joue le rôle de Marc Antoine dans la pièce Saladin en 1927. Elle fît la première de couverture du journal « Al Masrah » dans son costume.

En tant qu’actrice et femme engagée :  Ashaman, ou Amal al-Atrache est une femme sublime syro-libanaise. Elle a une voix exceptionnelle et est douée d’une improvisation vocale hors du commun. Elle connaît le succès, mais ses frères virtuoses, lui imposent le mariage. Née sur un bateau, elle a en elle cette volonté de liberté, c’est une femme rebelle, à contre courant de son époque. Elle s’engage aux cotés des alliés pendant la seconde guerre mondiale. Actrice, elle torune dans « Amour et vengeance ».


Quant aux Femmes de Lettres et de presse :
May Ziadé crée et tient un salon intellectuel et politique. Elle y laisse entrer des hommes. Cette entrée masculine dans la sphère privée et intimiste  bouleverse les codes traditionnaux. Ils échangent en français et en arabe et ces langues leur permettent de diffuser leurs idées dans les années 1920.

C’est un panel très limité, des portraits bien succincts, mais tant d’autres ont été l’incarnation de l’âge d’or de l’Egypte, du Liban…soit du panarabisme. Aujourd’hui, leur Art est réutilisé pour refaire vivre ce temps.

L’exposition Divas s’est terminée le 26 septembre 2021 à l’institut du monde Arabe.