Découvrez la version japonaise des vampires dans Shigahime

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Dracula comme tout bon mort-vivant revient régulièrement sur les devants de la scène mais saviez-vous qu’il existe aussi des suceurs de sang au Japon ? Suivez-en un dans le premier tome de Shigahime publié par Mangetsu.

L’autre pays du vampirisme

La vampire de Shigahime

Dans Shigahime, Osamu Hirota est un lycéen tranquille mais ne sachant pas ce qu’il veut dans la vie. En quête de sens, il est repéré par un camarade d’un lycée voisin, Soîchi Tachibana. Ce dernier lui présente une femme plus âgée, Miwako qui semble attirée par les jeunes hommes. En fait, cette femme mystérieuse cache un secret : elle est une vampire. Osamu se fait rapidement envoûter par Miwako et doit trouver des proies pour préserver son humanité. Mais acceptera-t-il les contraintes de sa nouvelle vie ?

Par les romans ou les films, la France connaît bien Dracula, le comte d’Europe de l’Est. Les séries ont montré que ces créatures existent également en Amérique mais le Japon semblait pour l’instant peu touché… jusqu’à ce que vous lisiez Shigahime. Le lecteur découvre les spécificités de ces créatures de l’ombre de l’archipel. Elle est tout aussi hautaine et manipulatrice que le noble des Carpates et adopte d’ailleurs un mode de vie aristocratique dans ses paroles et sa résidence très luxueuse. Par Osamu, le lecteur ou la lectrice découvre l’étendue des pouvoirs de ces démons. Miwako se nourrit de sang mais en écrasant un cœur humain. On est loin de la petite morsure. Elle aime faire souffrir physiquement et psychologiquement.

Un récit terrifiant

La victime dans Shigahime

Shigahime est une série courte de cinq volumes écrite et dessinée par le mangaka Sato Hirohisa. Son dessin extrêmement fin rend les scènes violentes ou glauques encore plus fortes. Il est aussi à l’aise dans le réalisme que dans la folie. En effet, le dessinateur représente aussi justement deux oiseaux sur un arbre, une ruelle sale et un cœur expulsé d’une poitrine. Il installe dès les premières cases une ambiance glauque et sombre. On est directement dans le cœur de l’action. Shigahime nous présente les arrière-cours des métropoles : les ruelles sales mais aussi les êtres en manque d’affection ou recherchant la violence. Tachibana a le physique et l’attitude extérieure de l’intello de la classe mais il cache une profonde tristesse depuis que sa mère est tombée en dépression. Ressentant une profonde frustration, il est une victime idéale pour servir Miwako. Ce n’est pourtant qu’un des nombreux personnages de ce récit dense et extrêmement haletant. Comme dans Death Note, tout peut changer en une case.

Comme dans la plupart des récits gothiques, le vampire de Shigahime est un être sensuel. Elle attire de (très) jeunes garçons en promettant une relation sexuelle gratuite. Sato Hirohisa n’hésite pas à l’illustrer par des images explicites. Shigame est donc un récit cru qui n’est pas adapté aux lecteurs les plus jeunes. Le sang est un fluide corporel mais, par son utilisation dans la série, il évoque beaucoup plus un autre liquide… Cependant, la sexualité n’est pas heureuse. Le romantisme n’existe pas mais laisse place à une pulsion à assouvir conduisant le garçon à sa perte. Cependant, cette face sombre s’oppose à un amour pur et il n’est pas dit que le destin de Shigahime soit si désespéré au fil des volumes…

Mangetsu frappe très fort avec Shigahime, une série effrayante et sombre. Ce coup au cœur – et ailleurs – ne vous lâche jamais. Aucun humain n’est intouchable et les rebondissements procurent une lecture aussi haletante que sombre. Il est difficile de vous révéler la profondeur du récit sans spoiler mais ne vous attendez pas à une version moderne de Buffy, Shigahime est sanglant et violent.

Vous pouvez retrouver dans ces liens d’autres chroniques de Mangetsu avec la femme tueuse de Butterly Beast II et le samouraï déchu Keiji.