La tueuse geisha revient dans Butterfly Beast II

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Après une première série en deux tomes, Butterfly Beast est de retour pour imposer l’ordre dans le quartier des plaisirs. Suivez Kochô dans sa chasse des ninjas et des criminels.

Une héroïne en chasse…

Le début de Butterfly Beast II

Au début de cette deuxième série de Butterfly Beast, Kochô rassure le nouveau lecteur car elle nous explique à nouveau son rôle. Courtisane le jour sous le nom de Kochô, elle se nomme en fait Ochô et fait partie d’un réseau de tueurs au service du shogun. Ancienne meurtrière pendant la guerre civile, elle chasse les assassins pour le nouvel État dans un contexte de l’après-guerre.  En effet, de nombreux soldats et mercenaires se retrouvent sans employeurs et deviennent des voleurs pour survivre. Au début de ce tome, on comprend la triste situation de ces hommes. Des ninjas dévoyés veulent se venger des nouveaux chefs qu’ils rendent responsables de leur pauvreté. Ces shinobis ne vivent que pour le service du maître. S’il disparaît, ils passent de chasseur à proie.

Dans une deuxième histoire Kochô quitte les intrigues de cour pour chasser un serial killers. Par cette enquête, le lecteur rentre dans l’esprit d’un tueur paranoïaque et névrosé mais son adversaire n’est pas plus heureux. Kochô n’éprouve aucun plaisir à remplir ce rôle ne quittant jamais son air mélancolique. Elle assure la sécurité entre deux clients. Cependant, cette âme froide cache une profonde humanité quand elle croise un regard lui montrant toute la naïveté de son adversaire. A la fois en tant que prostituée et en tant que tueuse, elle ne peut trouver l’amour.

… dans le quartier des plaisirs

Butterfly Beast se déroule à l’intérieur de l’enceinte de Yoshiwara, le quartier des plaisirs d’Edo. On le découvre par une magnifique vue générale du quartier montrant les maisons, le mur en bois et les douves. La prostitution n’est légale que dans ce quartier. On pourrait croire que c’est une liberté mais elle ressemble plutôt à une prison à ciel ouvert et une enclave juridique où la justice n’a aucun pouvoir. Des policiers ne peuvent poursuivre un voleur. Ce monde est-il sans droit ? Loin de là. Les armes sont interdites dans les bordels et un groupe secret rend la nuit une justice expéditive.

Le mensonge est omniprésent à Yoshiwara. Les courtisanes y jouent le rôle de l’amoureuse pour gagner leur vie ou sortir de leur condition. Il y a aussi des espions. On a même l’impression qu’il y a plus d’espions que de clients. Chacun tient un double discours et cette tension épuise Ochô. Dans certaines images de Butterfly Beast, Yuka Nagate peut donner une vision idéalisée d’une élite. Cependant, elle montre par un autre portrait que ce n’est pas une carrière mais une malédiction. Une courtisane de second rang a une relation amoureuse et son amant est prêt à payer ses dettes mais elle n’est plus capable de quitter Yoshiwara. Elle s’est trop éloignée de la norme.

La mission de l'héroïne de Butterfly Beast II

Une fresque de soie et de sang

Yuka Nagate est à la fois la scénariste et la dessinatrice de Butterfly Beast. Elle vous hypnotisera à nouveau par la précision extrême des décors et des figures superbement grimaçantes. Par la mise en page, les traits autour des armes et des corps déformés, elle transmet la fluidité et la vivacité des scènes de combat. Pour décrire la folie du serial killer, Yuka Nagate change son style. Oubliez la pureté des traits et la précision d’une photo et découvrez des pages grises et saturées de traits. Cette série publiée par Mangetsu est une splendeur visuelle même si des images crues ou violentes peuvent heurter les jeunes lecteurs. Le meurtre devient érotique quand elle enfonce sa lame dans le corps des hommes.

Dans Butterfly Beast, Yuka Nagate refuse de l’idéalisme ou la morale mais montre les stratégies de survie des anciens combattants. Ces choix ont des conséquences tragiques et ce n’est que le début car les dernières pages laissent entendre que des faits graves se déroulent à Kyûshû.

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