SLEEPING GIANT – critique du premier film d’ Andrew Cividino

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Premier long métrage du réalisateur canadien  Andrew Cividino  présenté lors de la semaine de la critique à Cannes en 2015 ; l’histoire de Sleeping Giant se déroule dans les étendues rocheuses bordées d’impressionnantes falaises entre le Canada et les États-Unis sur le territoire de l’Ontario.

C’est dans ces décors majestueux et magnifiques, que l’on va suivre l’été et la rencontre de trois jeunes garçons Riley et Nate deux cousins casse-cou et débordants d’énergie rapidement rejoints par Adam, plus calme et réservé, en vacances dans la maison familiale.

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Le mal-être qui pousse à faire du mal défie insolence, rite initiatique, besoin de faire ses marques ; le passage de l’enfance à l’adolescence est souvent compliqué chez un garçon et c’est ce qu’a choisi de retranscrire à l’écran Andrew Cividino : «ce stade de l’adolescence où ils se réveillent et découvrent qu’il existe un vaste monde autour d’eux. ».

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Omniprésent à l’écran, les paysages vides et inhabités sont le pilier de ce premier film :  « L’environnement dans lequel le film se joue est ancré dans les moindres particules de ma personne. « C’est mon endroit préféré sur terre et c’est d’ici que sont issus mes premiers souvenirs » explique le réalisateur. Un film intimiste donc presque autobiographique, dont les personnages principaux incarnés à l’écran par Nick Serino, Reece Moffett, cousins dans la vraie vie et Jackson Martin ont été castés sur place pour encore plus d’authenticité. L’ équipe du film a ainsi cherché parmi tous les collègues de Thunder Bay, les écoles de théâtre, les centres communautaires et supermarchés, à l’aide de flyers, ceux qui joueront Nate et Riley tandis que Jackson Martin lui vient du Nord de l’Ontario et là encore ce n’est pas un hasard, puisqu’il fallait justement que celui-ci ne se sente pas chez lui, qu’il soit en décalage avec les lieux :  “J’avais besoin de quelqu’un qui ne venait pas du Nord de l’Ontario, qu’il ait l’air perdu dans cet espace”.

Sleeping Giant tient sa force et son charme également du fait que beaucoup de dialogues et de scènes ont été totalement improvisés ; les acteurs – qui n’en sont pas vraiment et pour la plupart n’ont aucune expérience de tournage – ont ainsi pu jouir d’une liberté de ton et offrent des scènes touchantes et criantes de vérité : L’amitié durement acquise et le besoin de faire ses preuves, les jalousies, la découverte de la sexualité, les déceptions aussi, tous ces moments d’adolescence sont empreints d’un réalisme qui amène le spectateur à une rétrospection nostalgique de ce moment de la jeunesse où il faut pousser les limites au maximum
pour savoir jusqu’où on sera capable d’aller.

Mais ces trois adolescents sont avant tout des adultes en devenir et certains semblent vouloir grandir plus vite que d’autres. Les deux cousins ont déjà perdu beaucoup de l’innocence d l’enfance et côtoient déjà drogue, sexe et acte de vandalisme tandis qu’Adam est celui qui reste le plus réservé, le moins à l’aise avec ses comportements déviants, pondéré par l’ombre d’une éducation et d’une vie de famille stable et harmonieuse dont Nate et Riley semblent avoir manqué cruellement.

Bêtises et provocations sont parfois empreintes de conséquences plus graves que l’on ne peut imaginer lorsque l’on a 14 ans et certains actes sont irréversibles et font changer les destins.

Un film qu’on a du mal à oublier et dont les personnages et les décors continuent de nous suivre longtemps même une fois qu’ils ont disparu de l’écran.

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