Critique Fisherman’s Friends : Une comédie qui a le vent en poupe !

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Fisherman’s Friends est le second long métrage du réalisateur anglais Chris Foggin, à qui l’on doit en 2016 Kids in Love, film sorti plutôt inaperçu.
Il s’agit d’une comédie qui s’inspire librement de faits réels, et suit l’ascension d’un groupe de folk pas comme les autres. Le groupe, Les Fisherman’s Friends, composé de dix robustes marins qui entonnent en cœur des chants traditionnels de la mer.

Histoire vraie : En 1995, dix pêcheurs originaires de Port Isaac, en Cornouailles, prennent l’habitude de se retrouver pour entonner des chants marins, ce qui leur permet de réunir des fonds pour des œuvres de charité. Ils donnent ainsi naissance au groupe Les Fisherman’s Friends. En 2010, ils sont repérés par le label Island Records qui leur fait signer un contrat d’un million de livres sterling. Leur album Port Isaac’s Fisherman’s Friends devient disque d’or et permet à ces chanteurs amateurs de devenir le premier groupe folk traditionnel à figurer dans le top 10 britannique.

Synopsis : Danny, un producteur de musique londonien branché, se rend en Cornouailles pour un enterrement de vie de garçon. Quand son patron et ami lui lance le défi de faire signer un contrat aux pécheurs du coin pour un album de chants de marins. Danny tombe dans le panneau. Bien loin de ses repères citadins, il tente tant bien que mal de gagner la confiance de cet improbable boys band, qui accorde plus d’importance à l’amitié qu’à la célébrité.

Un scénario « feel good » sans trop d’ambition

Non, ce n’est pas l’origin story des célèbres pastilles mentholées que l’on a ici. Il s’agit de l’histoire du producteur de musique, habitué à sa vie totalement urbaine, qui n’est pas un sujet nouveau. En effet, nous avons ici un récit simple qui prend la direction d’un conte de fées. Un enchantement qui fonctionne à partir du moment où le cap des 30 minutes du film est passé. Le ton du film n’est pas vraiment prenant avant la première demi-heure. Humour stéréotypé, acteurs surjouant et mise en scène peu convaincante. Le scénario, assaisonné de dialogues et de gags faciles ternit un peu le film.

Pourtant, le film prend une autre tournure dès lors que les acolytes de Danny quittent le Port Isaac. Danny, un peu niais sur les bords, va entreprendre cette mission de recrutement de marins folklorique et ce n’est pas gagné d’avance. Aux côtés de ces marins et de la vie loin des grandes villes, on commence à s’attacher aux personnages et à leurs quotidiens.

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La petite aventure nous entraine vers la pointe sud-ouest de l’Angleterre. Entre montagnes, falaises, collines et bords de mer, le film nous emporte vers un dépaysement total. C’est un grand point fort du film. Vallonnée de la péninsule de Cornouailles, cette terre celtique se découvre après avoir franchi le fleuve Tamar. Une côte rocheuse et venteuse, qui ressemble par bien des aspects à l’île de Skye en Écosse. Les plans larges de ce panorama sont vraiment captivants et donnent une certaine fraîcheur au visionnage. Ils permettent également de faire ressentir au spectateur une véritable proximité.

Film de musique oblige, la BO est vraiment une réussite. Les chansons des Fisherman’s friends (qui se décrivent eux-mêmes comme « un groupe de rock’n’roll de 1752 ») sont magnifiques et nous portent vers le large. Il se dégage une grande harmonie lorsque leurs voix s’unissent. On en ressort avec une farouche envie de découvrir les albums du groupe historique dont l’adaptation, toute particulière de leur premier disque Suck’em and Sea.

Fisherman’s Friends, Le choc des cultures

Il y a une opposition systématique et insistante entre les financiers arrogants voir ingrats d’un label musical londonien et ces malheureux pêcheurs mal dégrossis, certes soumis à des conditions de vie pénibles, mais bienheureux détenteurs d’un savoir-faire ancestral et de certaines valeurs. Le fond du film est structuré ainsi.

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«  Il y a un marin au fond de chacun de nous »

Quand il ne s’égare pas dans des leçons de morale d’un autre temps, il s’alourdit sans vergogne d’une histoire d’amour cousue de fil blanc entre la fille d’un pêcheur et un membre repenti de la maison de disques. La confrontation entre ces jeunes de la vie moderne et ces pêcheurs en cirés jaunes tombe parfois à l’eau à cause d’une mise en scène un peu maladroite. Une fable manichéenne qui arrive un temps soit peu à bon port. Malgré tout, plusieurs thématiques comme la famille, l’abandon, la souffrance amoureuse, trouver sa voie ou encore l’honneur intègre sagement ces leçons de vie qui peuvent paraître arriérées pour le monde urbain. C’est un bon moyen de nous rappeler l’essentiel.

Un casting houleux

Les interprètes anglo-saxons sont comme d’habitude parfaitement dans le ton. La VO permet comme toujours de mieux s’imprégner au récit.

On retrouve Daniel Mays en personnage principal au sein de cette production british. Après un rôle mineur dans 1917 de Sam Mendes, il s’adonne à un rôle moyennement convaincant mais reste un personnage attachant. Le personnage de Danny est un cliché mais un cliché auprès de qui on se laisse volontiers porter.

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Tuppence Middleton dans le rôle d’Awyn, la fille du chef de la troupe est le personnage féminin principal. L’actrice apparue dans Downtown Abbey et Mank endosse le rôle d’une mère seule qui élève sa fille dans ce coin isolé d’Angleterre. Elle délivre la meilleure interprétation du film avec James Purefoy (Il joue le rôle du père). Crédible, audacieuse et intrépide, elle correspond aux attentes d’une mère qui recherche l’évasion et un cadre stable. Jim, le père et chef de l’équipage, est le plus crédible de tous les acteurs. Sous des faux airs d’Hugh Jackman, il joue un homme dur qui a sacrifié sa vie pour élever sa fille. Un homme qui a du mal avec la modernité. Il préfère garder ses valeurs et protéger le peu qu’il possède. Il incarne la méfiance des villageois envers le monde moderne.

Le reste du casting est lui aussi très satisfaisant comme Jago le farceur au grand coeur. Sa femme Maggie qui gère le bar du village et au tempérament bouillant ! Ainsi que le plus jeune des marins, Rowan, qui incarne le pont entre passé et monde moderne.

Verdict :

Le récit reste cohérent sans être fracassant mais ne subit pas de perte de rythme proposant finalement un divertissement et un moment sympathique typique d’un « feel good movie » cher aux anglo-saxons. Tel un navire en perdition, le long métrage louvoie entre réalisme social, film musical et comédie romantique.

Le film sort le 7 juillet 2021.

Voici la bande-annonce du film :