Critique du film documentaire « More »

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Pour son troisième film documentaire, le réalisateur Lee Il-Ha revient avec l’histoire de « More », drag-queen dans le quartier d’Itaewon. Comme à son habitude, le festival du film coréen à Paris nous gâte et nous permet d’ouvrir nos yeux sur tous horizons. Ses propositions, ses choix, nous confirment une fois de plus la qualité de l’événement. « I am More », l’une des projections de la 17e édition du festival, ne nous laissera pas indifférents.

SYNOPSIS

La nuit, Mo Jimin devient More, une drag-queen star du quartier gay de Itaewon. More considère qu’être née dans un corps d’homme est une “tragédie”. I AM MORE suit son parcours artistique, alors qu’elle s’apprête à partir à New York célébrer les 50 ans des émeutes de Stonewall, sa vie amoureuse avec Zhenya et son combat contre les préjugés réactionnaires. (FFCP)

photo1511689 Critique du film documentaire "More"

Impressions

Lors de ses deux films précédents, le réalisateur coréen avait abordé sans trop trop s’attarder, le sujet de la discrimination à travers la situation des résidents coréens au Japon. « A Crybaby Boxing Club » et « Counters » situent leur histoire dans un contexte qu’on pourrait qualifier de raciste, et qui est de toute évidence condamné à persister, comme une douleur chronique, comme une blessure qui ferait tellement partie de l’histoire, que par l’importance qu’on lui donne est devenue trop arrogante et refuse de se fermer.

« I am More » nous parle d’un jeune homme qui voulait danser. C’était son rêve. Androgyne, féminin, ce papillon semble parfois porter des ailes trop lourdes. Aérien, unique, léger, fluide, vaporeux, presque impalpable en paradoxe avec son corps musclé, et la force qu’il dégage quand il se tient sur la pointe des pieds, dans ses chaussures de ballerine.

photo1498803 Critique du film documentaire "More"

Très égal au personnage, le film évolue dans les couleurs criardes de la scène, en contraste avec les ombres presque opaques qui entourent More, quand il exprime son combat. Fidèle à son style, Lee Il-Ha ne s’attarde pas sur le côté discriminatoire ou intolérant des autres. Il le présente comme une partie inhérente au parcours du personnage et la gravité de ce fait est abordée presque « en passant ». Le réalisateur nous montre, comme pour ses films précédents, que la poids d’une situation ne doit pas forcement avaler l’identité d’une personne. Peut-être la forger mais pas la dévorer.

« I am More » aurait pu profiter de l’occasion pour nous exposer toute une thèse ou consensus sur le regard des autres, l’intolérance à la différence. Cela aurait pu polémiquer, débattre dans ce monde actuel où la recherche de l’identité déboussole plus d’un. Mais Lee Il-Ha « se contente » et voilà tout le charme et la profondeur du film, de nous faire connaître un personnage atypique dont la beauté dépasse tout a priori.

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