Entre deux Transformers, Michael Bay s’est lancé dans un film de guerre inspiré d’une histoire vraie. A Benghazi en 2012, face à des assaillants armés et bien supérieurs en nombre, six soldats américains ont tenté l’impossible. Leur combat a duré 13 heures.
13 Hours : Un classique du genre ?
Avec un sujet tel que celui-ci, Michael Bay aurait pu servir sa recette habituelle d’effets pyrotechniques. Mais contre toute attente, 13 Hours reste assez sage. Le réalisateur utilise en effet les images de synthèses et les explosions (sa marque de fabrique) avec une parcimonie nouvelle. A la différence par exemple de Pearl Harbor, Michael Bay choisit donc un traitement sobre, délaissant les longues scènes d’actions pour préférer une réalisation plus subtile puisque présentant des soldats réalistes dans un film dont la vocation tient plus de l’hommage que du divertissement pur. Le casting, choisi avec précision, est composé d’interprètes charismatiques, véritablement convaincants dans leurs rôles, avec en tête John Krasinski, subtil mélange de force et de fragilité.
13 Hours reconnait ses références et se connecte à ses aînés, notamment La Chute du Faucon Noir de Ridley Scott, d’ailleurs cité par un des personnages. Cherchant à être aussi vitaminé et rythmé, traitant les personnages de manière similaire, 13 Hours s’inspire du film de guerre du papa d’Alien, au même titre que le récent Du Sang et des Larmes de Peter Berg. Si les deux films convergent sur certaines idées de rythme et de mise en scène, Michael Bay émet, à la différence de Scott qui n’offrait aucune réflexion, un point de vue critique et pessimiste. Le metteur en scène d’Armageddon choisit de sacraliser ses personnages, chantant les louanges de ces courageux combattants, tout en tapant sur le gouvernement qui les emploie, dénonçant ses travers, manipulateur de soldats à des fins douteuses, sans leur offrir la moindre reconnaissance en retour. Les soldats sont utilisés, délaissés, oubliés, de vulgaires pantins au service d’une cause oligarchique. La conclusion de 13 Hours reflète d’ailleurs bien cette vision des choses : les protagonistes regrettent que leur pays ne leur rende pas hommage à leur retour, préférant récompenser des dirigeants amorphes et calculateurs. Michael Bay parle ainsi de politique intérieure et extérieure, présentant les erreurs de sa nation, et affirmant que les frappes qu’on subit cette équipe américaine n’était pas la volonté de la Libye mais d’une simple communauté d’extrémistes. Bay idéalise le soldat tout en dépeignant un portrait terne des Etats Unis grâce à une réalisation respirant une sagesse nouvelle.
Une plongée en apnée dans l’enfer libyen
L’esthétique du long métrage est très appréciable, représentative du renouveau du cinéma de Michael Bay initié avec son récent No Pain, No Gain. Michael Bay, et son nouveau chef opérateur, continuent dans la ligné de ce succès artistique, délaissant les effets spéciaux pour émettre une tentative de réflexion sur la condition humaine. 13 Hours est porté par les mêmes qualités : pas de vannes d’adolescents irrévérencieux, pas de ralentis excentriques, pas d’explosions insolentes, mais une véritable études de caractère et de l’Amérique. Et cela se ressent dans la mise en scène, profondément plus mature. Ses images sont plus réfléchies, ses plans plus profonds et son montage évite les effets épileptiques habituels. Mais 13 Hours vaut surtout le détour pour quelques moments d’une grande intensité, une course poursuite sous tension, des scènes d’action vives, quelques instants de suspense asphyxiants, des guns fights réussis, et une véritable sympathie qui se dégage pour les protagonistes. Bien que légèrement trop long, (2h30 tout de même), 13 Hours réserve ses scènes d’héroïsme, ses séquences épiques, tout en gardant les pieds dans un réalisme cru et cartésien. Michael Bay ne décolle jamais dans la surenchère, maintenant finalement son long métrage à échelle humaine.
Bien que patriotique, 13 Hours est un hommage louable à ces soldats qui se sont battus pour sauver des vies, doublé d’une critique sobre portée par une mise en scène sage, servant un message de respect et d’honneur au sein d’un film de guerre vitaminé.