Un canard rouge joue les Indiana Jones dans Donjon Antipode +

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Sortir du Moyen Âge pour revenir dans la dure réalité actuelle d’un canard rouge. Voici le surprenant programme de Donjon Antipode + dans Le coffre aux âmes par Sfar, Trondheim et Vince.

Des barbares au pied des gratte-ciel

Donjon Antipode + par Sfar, Trondheim et Vince

Antipode + ajoute une nouvelle pièce au Donjon de Lewis Trondheim et Joann Sfar. On quitte totalement l’heroic fantaisy pour se retrouver dans le monde contemporain. On reste cependant dans un conte animalier avec un anti-héros. il s’agit ici de Robert de Vaucanson. Dans le premier tome, ce Donald rouge inspiré de Popeye et des héros des films d’action a échappé au volcan de Terra Amata. Il reste cependant toujours accusé du meurtre de trente policiers. Cette accusation injuste l’énerve et, toujours aussi maladroit, il veut se venger de son oncle qui a enlevé son fils en frappant la porte de sa villa hyperprotégée avec une grosse clé à molette. Il ne réussit qu’à provoquer une émeute. Pour se sortir de cette situation, il fait appel à L’Atlas, dirigeant de toute la pègre. Cette dernière accepte en échange d’un petit service. Mais que peut bien réaliser pour la mafia un canard refusant de faire le mal ?

Le dessinateur Vince fait basculer Disney dans un bain de violence. D’un côté, on retrouve l’influence des cartoons dans les représentations des animaux anthropomorphes et les expressions exagérées des émotions. D’un autre côté, les traits visibles du dessin et la représentation brute de la violence évoquent l’école underground américaine. C’est un peu comme si Fritz the Cat ou Robert Crumb proposaient leur version de Fantasia. Le coloriste Walter participe d’ailleurs à cette fusion par des couleurs vives ou très grises.

De l’heroic fantasy du XXIe siècle

Le Coffre aux âmes par Sfar, Trondheim et Vince

Dans Donjon Antipode + Lewis Trondheim et Joann Sfar mélangent la réalité actuelle avec les lieux de la série d’origine. On reste à Vaucanson où il existe un donjon représenté par un grand tour mais tout le reste est modernisé. Il ne s’agit pas seulement de faire rentrer des voitures et des CRS dans la série mais le récit est pleinement dans le XXIe siècle. Le chef de la mafia, dont le bureau ressemble à celui du Gardien est une femme et son titre est un mandat de 25 ans seulement. Si la violence conjugale existe, elle est le fait d’une femme. Monsieur de Vaucanson est un producteur télé prêt à tout pour une part d’audience en plus.

Robert de Vaucanson est le symbole du monde contemporain basculant dans l’univers du Donjon. Il ne croit pas en la magie. Cependant, il part chercher l’artefact du coffre aux âmes pour sauver son fils. Par bien des aspects, il fait penser à Herbert. Il est aussi maladroit et naïf. Comme lui, il a le don de se mettre dans les pires situations puis d’aggraver son cas. Pour sortir son garçon des mines de lithium, il devient Indiana Jones. S’il porte bien le costume d’Harrison Ford, il est bien plus maladroit dans la jungle. A peine arrivé, il se fait arrêter par une ajointe du bureau des fraude. La suite de son périple archéologique va être explosive.

Si Antipode + paraît au premier abord très éloignée du concept de base de Donjon, on retrouve la même alliance entre action et humour. Le paysage change mais le fun et les ennuis de l’anti-héros restent. Édité depuis ses débuts par Delcourt, l’univers de Donjon impressionne par son côté malléable à toutes les expérimentations du récit asiatique médiéval de Crépuscule à cette tragicomédie contemporaine.

Vous retrouverez sur ces liens des chroniques du même univers aux Antipodes et sur une garderie.