Dans le cadre de sa dernière oeuvre, Jérémie Moreau plonge ses lecteurs en pleine terre insulaire. L’Islande, l’un des plus beaux pays du monde est le théâtre de la saga de Grimr, un ouvrage graphique paru chez les éditions Delcourt le 13 septembre dernier.
L’auteur, Jerémie Moreau, a une certaine propension à s’attaquer à des personnages en marge de la société. Pour son premier récit en solo, il narrait l’histoire d’un champion de tennis invincible qui n’arrive pas à trouver sa place dans la société où il évolue, malgré des aptitudes physiques incomparables. La saga de Grimr nous présente un jeune islandais, qui se retrouve orphelin suite à une catastrophe naturelle. Il va s’employer à lutter fortement pour prouver sa valeur dans un pays qui est sous la coupe de ses voisins danois.
La saga de Grimr: Une enfance tragique
Le ton est donné dès les premières pages du roman qui dévoilent un moment clé de l’enfance de notre héros. Le volcan près de la ferme de ses parents entre en éruption. Les silhouettes de sa famille disparaissent tandis que Grimr survit, animé par une volonté de vivre hors du commun. En quelques cases, l’artiste nous fait ressentir la puissance de cet élément naturel.
Il se retrouve ensuite suite à un concours de circonstances avec une véritable « fripouille », le dénommé Vigmar qui a décidé de le recueillir. Bien que meurtri par une succession d’épreuves, Grimr est déterminé à ne pas laisser la nature ou les coutumes de l’époque lui dicter la voie qu’il devra suivre.
Un héros hors normes
Le protagoniste central de cette épopée n’est pas épargné par les épreuves en grandissant. Il doit faire face au mépris de ses concitoyens en raison de sa lignée et d’un physique atypique. Jérémie Moreau est le maître incontesté de la saga de Grimr puisqu’il scénarise, dessine et s’occupe des couleurs. Une belle opportunité pour nous lecteurs de découvrir le talent de cet artiste largement influencé par l’animation.
Certains pourraient qualifier son trait de simpliste particulièrement au début de l’oeuvre puisqu’il ne surcharge pas ses planches de multiples détails. Par contre, ce qui nous frappe dès le départ est sa facilité à reproduire de nombreuses émotions humaines.La colère et la rage de Grimr sont parfaitement retranscrites. L’utilisation des couleurs est parfaitement dosée et permet d’accentuer toute la rugosité des terres islandaises.
Les scènes nocturnes figurent parmi les plus réussies de l’album. On comprend l’ampleur du travail réalisé lorsqu’on apprend que tout a été fait à la main en dehors du story-board.
La saga de Grimr est une oeuvre singulière qui aborde une thématique inconnue du public français, l’Islande du 18 ième siècle.l’intrigue maîtrisée de bout en bout nous dévoile les étapes principales d’un personnage rongé par la rage qui saura vous surprendre. Un grand moment de lecture à découvrir chez Delcourt.
Quelques mots sur l’édition plutôt classique de la maison Delcourt mais qui rend tout de même honneur à la saga de Grimr. Le titrage en relief est un plus apprécié, on aurait juste souhaité quelques esquisses des travaux de recherches de l’auteur.