Qui n’a jamais rêvé enfant de prendre le large, de quitter ses parents pour vivre une grande aventure ? C’est sur ce besoin de liberté que Jules Vernes a basé Un capitaine de 15 ans et les éditions Glénat en proposent une adaptation en bande dessinée.
Levez les voiles
Un capitaine de 15 ans démarre en Nouvelle-Zélande en 1873. Le capitaine Hull revient dans le port d’Auckland mais il est inquiet. Son baleinier, le Pilgrim, revient à moitié vide. Il n’arrive plus à trouver suffisamment de proies pour payer son équipage. Ce fier capitaine ne peut accepter cet échec financier et accepte donc une mission inhabituelle : convoyer de la Nouvelle-Zélande à Boston de riches passagers. C’est ainsi que le fils Jack, l’épouse et le cousin Benedict de son propriétaire et le riche armateur James W. Weldon embarquent sur le Pilgrim. Cependant, la croisière tranquille pendant une saison favorable vire au drame. Tout change quand le capitaine voit une baleine approcher.
Ce qui ne devrait jamais arriver, se déroule pourtant : le mousse de 15 ans Dick Sang, se retrouve propulsé capitaine. L’enfant va devoir assumer les responsabilités que beaucoup d’adultes ne pourraient supporter. En temps calme, ce capitaine de 15 ans a déjà des difficultés à assumer son nouveau statut. En effet, en raison du faible nombre de passagers, l’équipage a été réduit au strict minimum. Comment va-t-il faire face aux tempêtes ?
Du roman à la bd
Ce sont sur les épaules de Frédéric Brrémaud et Christophe Picaud que reposent la responsabilité de mettre en image les idées souvent foisonnantes contenues dans les livres de Jules Vernes. Prévu en deux volumes, Un capitaine de 15 ans multiplie les péripéties en peu de pages. Le scénario de Frédéric Brrémaud est proche du roman en reprenant le vocabulaire technique de la marine et des extraits du texte originel. Cependant, la version bd d’Un capitaine de 15 ans demeure accessible à tous les lecteurs même les plus jeunes. Ils seront projetés au milieu d’un océan inconstant, parfois plat puis brusquement tumultueux. Le dessinateur Christophe Picaud a un style tout en rondeur qui plaira aux plus jeunes. Il est très à l’aise dans les reconstitutions de la ville d’Auckland et du voilier en bois.
Un récit actuel ?
On peut penser que le roman de Jules Verne est marqué par le temps. Bien entendu, on est dans une autre époque. Des pré-adolescents ne vont pas sur un navire à l’autre bout du monde sans leurs parents. On ne voyage pas un mois et demi pour rejoindre les États-Unis. Ces rides du temps sont plutôt un voyage dans un passé où la traite des esclaves existe encore. On peut cependant trouver que ce drame ancien est un peu trop adouci par le passage en bd. Mais Un capitaine de 15 ans trouve une nouvelle actualité. La chasse à la baleine connaît un âge d’or qui explique la raréfaction actuelle des cétacés. Ce capitaine responsable de ses marins peut faire penser à un patron subissant la crise de la covid qui risque de voir partir ses employés vers d’autres entreprises. Les jeunes lecteurs adoreront qu’un enfant soit un capitaine de 15 ans. Le chien devenu la mascotte du Pilgrim les touchera.
On trouve également des éléments intemporels : les jeunes lecteurs seront séduits par ce récit initiatique. Bien qu’orphelin, Dick Sang est plein d’entrain. Il est aussi très courageux car une tempête ne l’empêche pas de monter au sommet des mats. Le cousin est très étrange, amusant, fou et savant. Sa passion dévorante pour la science fait penser à Tournesol. Des naufragés rejoignent l’équipage formant une communauté solidaire inédite.
Frédéric Brrémaud et Christophe Picaud ont vaincu les tempêtes d’Un capitaine de 15 ans. Le lecteur n’a jamais l’impression de lire un roman illustré mais profite à la fois du bonheur du récit originel tout en prenant plaisir du dynamisme de la bd.
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