John Cale rend hommage au Velvet Underground

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Dimanche soir, le dernier des membres du groupe mythique rendait hommage au Velvet Underground, pour une soirée magnifiée par l’homme-orchestre à la Philharmonie. Quelques invités de marque étaient également présents.

Un album mythique

Avec une expo en ce moment, la Philharmonie consacre une bonne partie de sa programmation au groupe mythique de New York des années 1970. Formé au milieu des années 1960, le groupe de Lou Reed suit les projets de Warhol, desquels naît la collaboration avec la chanteuse allemande Nico, qui pose sa voix sur la plupart des titres de l’album à la banane. Aujourd’hui, loin de la sortie de l’album en 1967, les membres Lou Reed et Sterling Morrison sont décédés, tout comme Nico. John Cale a élaboré cet album avec Reed et il ne fallait donc que lui pour rendre hommage à l’album mythique qui a inspiré des générations de musiciens, en particulier David Bowie, qui à l’époque, aimait reprendre les titres du groupe.

Dans la toute nouvelle salle de la Philharmonie, le public était plutôt dense. Les curieux de tout âge  étaient amassés dans le parterre, sous une voûte éclairée par les lumières multicolores. La scène était habillée d’un immense écran qui diffusait des photos du groupe, des images vaporeuses et des balafres de couleurs psychédéliques.

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Un John Cale sobre et attachant

De Sunday Morning à Femme Fatale, tout l’album à la banane y est passé. John Cale, en homme-orchestre de cette soirée, s’est gardé l’interprétation de titres phares : un puissant I’m Waiting for the Man en ouverture de la soirée, Venus in Furs où résonnaient le violon strident de Cale et le légendaire Sunday Morning, moins rêveur et plus sobre que la version originale. Entre ces tubes, John Cale s’est lancé dans un monologue d’une dizaine de minutes pour The Gift, une lecture d’une sinistre histoire de boîte en carton. Sans heurts, Cale enchaîne les titres, tandis que les invités se succèdent sur la scène de la Philharmonie.

Des invités de marque

Les guests de John Cale ont brillé par leur éclectisme, leurs registres différents au service d’un album mythique. D’un Saul Williams éclatant à la sobriété élégante de Mark Lanegan, tous les titres ont été justement ravivés depuis l’enregistrement de l’album en 1967. La voix pleine de Nico a bien manqué lors de l’interprétation de All Tomorrows Parties mais Mark Lanegan a su tenir le coup.

Animal Collective a fait du deux-en-un avec There She Goes Again, modernisé par le duo qui n’hésite pas à reprendre le style vocal de Lou Reed tandis que Cale fait vibrer un clavier excitant. Le titre tant attendu Heroin est repris par Saul Williams qui fait trembler un public qui en redemande.

A plusieurs reprises, ce sont Peter Doherty et Carl Barât, leaders de The Libertines, qui électrisent la Philharmonie. Les guitares se cognent tandis que les deux trublions s’agitent : à côté, John Cale reste impassible, les mains vissées sur son clavier. Autant que sur White Light White Heat (issu du second album, sorti un an après), que sur le long European Son ou le martelant Run Run Run, Doherty et Barât ressuscitent l’esprit Velvet et donne un coup de chaud au public de la Philharmonie.

Etienne Daho et Lou Doillon dans le souvenir de Nico

La touche frenchy a fait honneur grâce à deux têtes expertes de l’élégance à la française. Tandis que Daho faisait résonner sa voix claire sur I’ll Be Your Mirror, reprise avec justesse et candeur, Lou Doillon, élégante dans un costume d’homme et le visage camouflé dans son épaisse chevelure, se débrouille bien avec Femme Fatale, ballade casse-gueule chanté par Nico, la voix suave et profonde, dans laquelle résonne un violon mielleux. Heureuse d’avoir été élue par Cale, Lou Doillon montre toute sa bonne volonté à chanter ce titre incontournable de l’album.

Une soirée à travers les âges

En guise de clap de fin, tous les artistes se retrouvent pour reprendre Sister Ray, hymne chorale qui ne s’arrête jamais, chacun donnant du sien pour que la soirée continue encore et encore.

Le plus intéressant dans ce concert-hommage, c’est peut être justement le public. Fait pour lui, John Cale offre aux Parisiens des titres rénovés, dans lesquels la présence du Velvet Underground est à jamais inscrite. D’ailleurs, cette soirée se clôt sur les belles paroles d’un John Cale reconnaissant : « Merci, Paris ! » et « On vous aime, et n’oubliez pas, n’oubliez pas, ce que vous nous avez appris. Si vous avez un cœur noble, c’est pour toujours ».

Retrouvez toute l’histoire des Velvet Underground et de l’exposition qui leur est consacrée à la Philharmonie.