Alors que Godzilla triomphe aux oscars, un autre monstre gigantesque fait trembler le Japon avec le tome trois de Kaiju Defense Force.
Le Japon en alerte
Depuis le premier tome, Kaiju Defense Force suit l’arrivée de monstres gigantesques menaçant les îles ou les bateaux japonais. Le scénario de Junya Inoue et Seiichi Shirato sait donner un rythme haletant en suivant deux personnages à deux endroits différents. Le marin Yoshikazu est un spécialiste de l’armée japonaise capable de repérer le moindre son suspect au sonar. Dans le premier tome, il avait désobéi à un ordre direct pour convaincre ses supérieurs de la présence d’un monstre gigantesque voulant détruire le monde. On avait compris que ce geste s’explique par le passé du soldat : ce même monstre avait tué des proches quatre ans auparavant.
En croisière avec sa grand-mère, une jeune recrue de l’Académie de défense nationale est devenue une héroïne de Kaiju Defense Force. Konoé Sakimori avait mobilisé l’ensemble des civils pour les installer dans l’endroit le plus sûr du navire. Elle garde son sang-froid en analysant la situation pourtant folle : le monstre géant est en train d’attaquer le paquebot Fugaku et de dévorer les passagers. Elle cherche à comprendre les réactions du monstre et devient le relais de l’état-major. En parallèle, Konoé a retrouvé sa grand-mère et le petit Ren, réfugiés dans un canot de sauvetage. Elle va de nouveau avoir un geste héroïque en plongeant dans les profondeurs de l’océan.
Ces deux personnages agissent dans le tome deux de Kaiju Defense Force de concert pour se débarrasser du monstre. A l’extérieur, Yoshikazu gère le lancement des torpilles lourdes qui sont lancées, tandis que Konoé et sa grand-mère poussent les militaires à agir en leur donnant des informations précises. La tension monte par l’attente du lancement des missiles. Le dessinateur sait ensuite sur plusieurs pages rendre l’impact de la déflagrations. On peut d’ailleurs souligner l’originalité visuelle de ce monstre. Junya Inoue sait rendre le gigantisme inquiétant de la bête. La plus grande partie de son corps est un mystère. On ne voit surgir que ses tentacules se terminant par des fleurs acérées. Cependant, par l’attaque de la marine, le Kaiju apparait dans ce tome avec davantage de détails. La seconde partie de Kaiju Defense Force se dirige vers les îles Senkaku pour comprendre d’où vient le démon. Cependant, la mission d’observation se transforme très vite en expédition de survie dans un milieu hostile.
Un comics tristement contemporain
Bien qu’aucune date ne soit présente dans la série Kaiju Defense Force est totalement plongée dans l’actualité. A l’heure du réarmement civique et démographique, le scénariste et dessinateur Junya Inoue fait une apologie de l’armée. Il apporte un grand soin à la précision des armes et illustre les plus avancées comme les drones. Les forces d’auto-défense ne sacrifient aucun civil et mobilisent des ressources importantes pour sauver les passagers du Fugaku. Les civils obéissent sagement mais leurs familles sont très inquiètes car tout est diffusé en direct par les caméras du bateau et les smartphones des passagers. La grand-mère de Konoé renie son pacifisme pour vanter les mérites de la marine. Un enfant décide de vouer sa vie à l’armée. On pourrait même se demander qui a participé au financement de Kaiju Defense Force.
Hésitant dans les débuts de Kaiju Defense Force, la Première ministre retrouve de la vigueur et réussit ensuite à obtenir un accord avec la Chine et les États-Unis. Un renforcement de l’armée se fait après l’incident par la création de la Kaiju Defense Force et une coopération internationale de recherche sur ces monstres. Des scientifiques enquêtent également sous la supervision de l’armée. L’équipe interarmée et interprofessionnelle enquête sur les îles Senkaku, un archipel faisant dans la réalité l’objet d’une contestation entre le Japon, le Chine et Taïwan. Dans Kaiju Defense Force, les marines chinoises et japonaises font la course pour découvrir le secret de ces îles. Kaiju Defense Force devient alors une métaphore des menaces entourant le Japon. Pourtant, le propos est confus car la Chine aide le Japon sur « son sol » et Yoshikazu imagine une coopération internationale pour lutter contre les kaijus.
Cette suite éditée par Mangetsu prolonge les qualités du premier tome. L’action est omniprésente dans Kaiju Defense Force rendant la lecture rapide. Cependant, l’omniprésence d’une vision sans nuance de l’armée reste problématique.
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