Pierre Hourticq : “Quand tu arrives au sommet, tu oublies tous tes problèmes d’en bas”

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Pierre Hourticq est un jeune réalisateur qui présente son court métrage “Steep Tease” sur le ski de pente raide lors du festival de cinéma Montagne en Scène. Entre ski et alpinisme, nous avons rencontré ce passionné de sensations fortes.

C’est la première fois qu’il peut voir ses vidéos autre part que sur un écran d’ordinateur. Pierre Hourticq est un jeune cinéaste mais aussi un sportif accompli. Ce véritable amoureux de la glisse arpente les plus hauts massifs de France. Adepte de la pente raide, il ringardise le freeride par le mariage du ski et de l’alpinisme dans ses vidéos aussi esthétiques que sensationnelles. Sélectionné pour le festival du film Montagne en Scène, il nous présente un court métrage de sept minutes ultra dynamique intitulé “Steep Tease“. C’est pourtant un garçon posé et bien dans ses chaussures que nous avons rencontré quelques minutes avant la présentation de son film devant une salle comble.

 

Peux-tu te présenter pour tous ceux qui ne sont pas des adeptes du ski de descente ?

Je m’appelle Pierre Hourticq, j’ai 27 ans et je viens d’une petite station qui s’appelle La Pierre Saint Martin dans les Pyrénées-Atlantiques (64). Je fais du ski de montagne et je suis arrivé à Chamonix dans les Alpes il y a trois ans.

Pierre Hourticq

 

D’où t’es venue l’envie de filmer lors de tes sessions de ski ?

Maintenant avec les GoPro ont fait de superbes images et j’aimais bien ça. J’ai toujours filmé comme ça les sorties, les journées qu’on faisait. Il y a deux ans, je faisais de petits épisodes de 3-4 minutes avec Epic TV. Et puis petit à petit j’ai eu envie de raconter une histoire de ce qui nous motivait à aller en montagne, de ce qui nous poussait à faire ce qu’on faisait, à prendre des risques. Je voulais tout raconter sur la discipline. C’est venu comme ça, progressivement. C’est nous qui avons improvisé, qui avons appris en se filmant entre nous. Des fois on se passe une perche ou, quand c’est possible, il y a quelqu’un en bas qui filme avec un téléobjectif. On s’adapte parce qu’on n’a pas de gros budgets. On fait avec les moyens du bord.

 

Comment t’es-tu retrouvé sur le festival Montagne en Scène où tu présentes ton court métrage qui s’appelle Steep Tease ? D’où t’es venue cette idée ?

C’est Cyril (Salomon) l’organisateur qui m’a contacté. Il avait vu un teaser de la saison qui venait de passer. Il voulait savoir si c’était le teaser d’un film. Ça m’a donné l’idée de faire un court métrage sur le ski de pente raide, de montagne. Voilà comment est née l’idée de faire un film pour Montagne en Scène. J’avais plein d’images stockées depuis deux ans, j’ai tout assemblé et ça a donné Steep Tease.
Au début on avait du mal à trouver un titre pour le film. La série que j’avais faite avant pour Epic TV s’appelait #steep. On a voulu faire un jeu de mot avec streap tease vu que le film raconte tout ce que l’on fait, c’est une sorte de mise à nu.

 

Sur Youtube on retrouve des centaines de vidéos de descente en ski, qu’est-ce que la tienne a de plus ?

Sans vouloir me la raconter, les endroits où on va pour skier, on sait si beaucoup de monde les fréquente. Finalement peu de gens skient dans ces milieux-là, c’est assez engagé. Ce n’est pas juste du ski où tu vas te faire poser par un hélicoptère ou arriver par des montées mécaniques. Des fois tu montes toute la journée, c’est dans de la glace. C’est de l’alpinisme, il faut monter avec des crampons et des piolets. Et pour descendre, c’est assez corsé. Ça nécessite beaucoup de techniques d’alpinisme que beaucoup de gens qui font du ski n’ont pas et du coup ne peuvent pas pratiquer.

 

C’était quoi ton terrain de jeu pour ce film ?

On a beaucoup tourné dans le massif du Mont-Blanc. Côté Italien, il y a des endroits assez sauvages et raides. Il y en a beaucoup à Chamonix donc on filme un peu partout là-bas. On a dû y faire une vingtaine de descentes. À chaque fois j’ai essayé de mettre les lieux dans le film. Il y a aussi des endroits dans les Pyrénées parce que je suis pyrénéen ! (rires)

 

Combien de temps peut durer une ascension ?

Ça dépend. Parfois, cela peut prendre deux jours quand il y a beaucoup à monter et on dort en refuges. D’autres fois ça peut prendre quatre ou six heures. S’il y a beaucoup de neige tu vas marcher plus lentement.

 

Pour quelques minutes de descente ?

Contrairement à ce que l’on pense, la descente peut aller super vite ou pas. Quand le couloir est rectiligne, c’est évident et il n’y a pas de problèmes. D’autres fois il y a des barres avec des obstacles à contourner. Ça nous est arrivé de partir du sommet à 15h et d’arriver en bas à 20h. On ne skie pas vite, ce n’est pas du freeride. Tu ne peux pas prendre de risques à aller vite parce que tu n’as pas du tout le droit à la chute. Si tu chutes, t’es en bas.

 

Justement, quels dangers avez-vous rencontrés durant le tournage ?

On a eu une avalanche au sommet du Mont-Blanc. Elle a pété sur une distance assez large qui a pris beaucoup d’ampleur et puis a sauté sur 1000 mètres verticaux. Le risque c’était que si tu étais pris dans l’avalanche, tu sautais avec elle et tu t’écrasais en bas.

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Qu’est ce que tu te dis lorsque tu es au sommet, juste avant de t’élancer ?

J’ai de petits rituels complètement cons : je fais craquer mes doigts. Si j’ai cinq doigts qui craquent sur les dix, je me dis “c’est bon je peux y aller tranquille”.

 

Et si jamais il n’y en a que quatre qui craquent ?

Je fais en sort de trouver une solution pour qu’il y en ait un cinquième qui craque (rires). Je suis assez superstitieux sur ça.

 

C’est quoi ton meilleur souvenir dans ce film ?

Tous ! Le meilleur moment c’est quand tu arrives au sommet et que l’effort vraiment dur est terminé. On fait une pause et là tu oublies tous tes problèmes que tu as en bas, t’es tranquille, juste avec tes potes et tu profites de la journée.

 

Et ta meilleure descente ?

Celle de la face ouest du Mont-Blanc.

Pierre Hourticq

 

As-tu une descente de rêve à rider ?

Je n’en ai pas forcément, je suis plus attiré par l’esthétique d’une descente. J’aimerais bien aller en Alaska mais pas pour faire du ski freeride comme les autres. Nous c’est le côté alpinisme qui nous attire.

 

Qu’est-ce que tu as comme idées de futures descentes ?

Les descentes, on les décide au jour le jour, donc pas vraiment d’idées. En attendant on s’adapte avec la météo. Les prochaines seront surement sur des lignes peu explorées au Mont-Blanc. En vingt ans, tu dois avoir un seul groupe de personnes qui y passe à l’année, c’est peu !

 

Le festival du film Montagne en Scène a présenté cinq films d’exception et a rencontré un véritable succès tout au long de son parcours dans différentes villes de l’hexagone qui ont toutes affichées salles combles. Pour ne rien rater des prochaines sélections, rendez-vous en avril pour la Summer édition.