Critique du film « Rien à perdre »

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Le premier long métrage de Delphine Deloget.

Pour son premier long-métrage, Delphine Deloget (L’homme qui cherchait son fils, No London Today) collabore avec Virginie Efira dans une histoire mettant en lumière une mère solitaire, vivant avec ses deux enfants et dont la vie bascule lorsque son jeune fils se voit mis en foyer, à la suite d’un accident domestique.

Rien à perdre ou l’amour maternelle à son apogée

Pour reprendre son fils Sofiane, Sylvie est prête à tout même à transgresser la loi. Avec son premier long-métrage, Delphine Deloget dépeint une mère célibataire faisant face à la justice administrative française. Une histoire rappelant celle de David contre Goliath, mais dans celle-ci David prend des chemins de traverse pour vaincre son ennemi. Avec cette histoire, la réalisatrice (prix Albert Londres en 2015 dans la catégorie audiovisuel) s’offre un film à la hauteur de son talent. En regardant l’histoire fictive de cette mère combative, on ne cesse de se demander si c’est la documentariste ou la réalisatrice derrière la caméra tellement les deux mondes se rencontre parfaitement.

Rien à perdre est un film dont on ne se lasse pas de regarder, tellement le scénario et la mise en scène sont en symbioses. Si, je dois donner une seule critique sur le film ça serait la longueur de certaines scènes au début du film. Mais à part ça, Rien à perdre est un film où un metteur en scène n’a pas peur de prendre à bras de corps toute la complexité de notre société. Dans cette histoire, trouver le coupable serait une perte de temps. L’idée même de la cinéaste est de plonger les spectateurs dans cet engrenage où aucune solution ne semble possible Et c’est en ce sens qu’elle parvient à nous emmener dans à la fois des moments de bonheur, d’amitié, de rire, de déchirement… En somme, Delphine Deloget n’a rien à perdre avec son premier long-métrage, mais tout a gagné.

Virginie Efira est bouleversante

Dans ce film, le jeu d’actrice de Virginie Efira est magistrale et ça ne m’étonnerait pas qu’on la voit une nouvelle fois nominée au Cesar. L’actrice délivre un jeu à la fois tout en retenu et en explosion. Elle ne joue pas, elle est Sylvie. Chaque scène du film permet de connaitre un peu plus les palettes de performance qu’a en stock Virginie Efira. Devant nos yeux, elle étoffe un peu plus son jeu d’actrice avec la complicité de ses camarades de jeu que ce soit Felix Lefebvre, Arieh Worthalter, Mathieu Demy, India Hair ou Nadir Legrand. Les scènes qui m’ont le plus impressionnés sont celles avec le personnage d’India Hair (madame Henry, l’assistante sociale), qui même avec des silences insoutenables transmettent de multiples émotions.

En regardant ce film, on ne cesse de vouloir choisir qui est coupable ? Doit-on être du camp de Sylvie ? De la justice ? Des enfants ? En fait, on se rend vite compte que le plus important est de ne pas choisir, mais se laisser porter par l’histoire. Un peu comme Sylvie qui n’a plus la main sur sa vie. Rien à perdre est un avant tout un film sur l’amour d’une mère envers ses enfants, qui malgré quelques erreurs de parcours réussit à en ressortir grandit.