Critique X-men : Days of Future Past de Bryan Singer

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Bryan Singer, le réalisateur des deux premiers opus « X-men » prend la relève de Matthew Vaughn et réalise ce cinquième épisode.

Le long métrage, après avoir commencé par une scène d’introduction assez douteuse, est suivi du générique à la mode Singer et par la musique qui portait les deux premiers opus. Pendant que le connaisseur se remet de ce sympathique et agréable retour aux sources, le film s’annonce très sombre, montrant malheureusement trop rapidement et sans aucune profondeur, un monde à présent violent, détruit. Et alors que les derniers X-men vivants, se retrouvent impuissants face à des sentinelles qui s’adaptent à leurs pouvoirs et qui se trouvent être surpuissantes, les deux vétérans de la saga, à savoir Charles Xavier interprété part le cultissime Patrick Stewart, et Magnéto interprété par Ian « Gandalf » McKellen, décident d’envoyer dans le passé Wolverine pour qu’il empêche la destruction des mutants.

Wolverine se retrouve donc renvoyé dans les années 70, dans une ambiance retranscrite à l’écran par un choix de caméra et un style seventies insufflé dans l’image. Singer offre un doux arrière gout de tranquillité reposante d’années révolues. Un choix bien qu’attendu, qui est légitime et pas détestable. Les personnages se succèdent, certains ne faisant qu’une simple apparition. Les références sont légions. Les clins d’œil aux autres opus pas forcement très subtiles mais plutôt sympas sont présents. Et les piliers de l’épisode ne tardent pas à se mettre en avant.

Critique X-men : Days of Future Past de Bryan Singer

 

Singer choisit de faire un film plus sombre que ses prédécesseurs, prenant l’étrange choix de pratiquement faire disparaître totalement l’humour Marvel, ne le laissant s’exprimer que pour de très courtes séquences incroyablement savoureuses et drôles. Le film de Singer est effectivement très bon, alors que l’ensemble des critiques étaient plutôt favorables quant à la qualité de ce long métrage, nous ne pouvons qu’acquiescer dans ce sens, voir même surenchérir.

Ce qui définit le mieux la réussite du film se trouve dans son scénario. Singer maîtrise son œuvre de bout en bout, avec une facilité et une fluidité déconcertantes. Jamais le réalisateur ne se perd dans ses deux trames temporelles, jamais il ne laisse un personnage prendre le dessus sur un autre, jamais il ne nous sort d’explications ratées pour justifier telle ou telle conséquence du voyage temporel. Le film est propre, uniforme, rectiligne, sans aucune faille scénaristique.

Alors qu’on se laisse porter par les thèmes fédérateurs des X-men : haine des hommes envers les mutants; discours philosophiques quant à l’évolution de l’homme : le mutant est-il le prochain stade de l’évolution ou n’est qu’une anomalie qui est vouée disparaître ? Faut-il détruire pour mieux reconstruire ? Le spectateur se retrouve submergé par la qualité des dialogues. Ne confondant les deux axes temporels que pour la rencontre des deux Charles Xavier, Singer égalise son film de manière honorable. Singer décide comme Vaughn avant lui, de faire reposer son film sur un support historique et politique intéressant et qui ne fait qu’appuyer la vraisemblance de ces faits de fiction.

 

Critique X-men : Days of Future Past de Bryan Singer
Mais les meilleurs passages du long métrage restent les séquences d’action, rares et extrêmement bien travaillées… Singer nous offre en réalité une des meilleures séquences d’action de film de super héros de tout les temps. Une séquence qui met en avant l’extrême rapidité de Vif argent alias Quicksilver, filmée 24 images par secondes, offre une qualité de photographie, un réalisme saisissant et une puissance de réalisation incroyable. On peut également citer la scène de tentative de meurtre de Mystique, filmée avec des angles, un cadrage et une photographie parfaite.

Ce qui reste également intéressant dans le film, au delà de tout les dialogues rudement bien écrits, sont les indénombrables sous-entendus qui parsèment le film. Ceux qui seront familiers à ces différentes et discrètes répliques prendront énormément de plaisir. On peut néanmoins regretter quelques petites choses, quelques petits détails déplorables. On peut regretter l’inévitable apothéose des blockbusters d’aujourd’hui, frisant malheureusement à chaque fois l’asphyxie. « X-men : days of futur past » n’y échappe que brièvement, laissant quand même Magneto déplacer un stade entier juste pour impressionner un spectateur de plus en plus transit et blasé. On peut aussi être quelque peu déçu par le personnage de Wolverine, qui se retrouve en réalité au second plan, ne sortant les griffes que trop rarement. Puis on a aussi un petit regret quant à l’absence d’une certaine nostalgie, d’une certaine mélancolie qui parsemaient les premiers épisodes, qui sont aujourd’hui malheureusement totalement absentes de façon permanente a cause de la trop rapide modernisation des méthodes de réalisation. On regrette aussi que Stan Lee soit absent de son fidèle poste pour les fans inconditionnés des Marvel. Enfin, une petite dose philosophique supplémentaire n’aurait pas été de trop.

Critique X-men : Days of Future Past de Bryan Singer

« X-men : days of futur past » n’échappe pourtant pas à la case blockbuster. Genre cinématographique de plus en plus détestable, qui oublie tout style, toute nostalgie, toute imperfection, pour offrir un lissage parfait, une ergonomie déplaisante, et une artificialité inévitable, qui ne permettent pas à ces films de s’ancrer durablement dans quelque mémoire ou histoire que ce soit. Défaut que les anciens films à gros budget et films de divertissement n’avaient pas forcément à l’époque.