Vendredi dernier, Netflix a sorti Bright, son premier gros blockbuster, réalisé par David Ayer et porté par Will Smith et Joel Edgerton. Bright est un moyen pour Netflix de prouver sa capacité à produire des films à gros budgets, des blockbusters destinés aux salles. Pourtant, Bright s’est fait totalement descendre des deux côtés de l’atlantique. Si le film n’est certes pas un chef d’œuvre, ce n’est pas non plus la purge annoncée. Focus !
Un blockbuster classique qui séduit dans sa construction
David Ayer s’est déjà illustré avec End of Watch et Fury, mais depuis l’affront Suicide Squad, le cinéaste n’est franchement pas adulé de tous. Il revient sous la houle de Netflix avec une idée intéressante : une métaphore de la ségrégation via le prisme du fantastique. A la manière de District 9 et son apartheid, Bright se sert de monstres pour démontrer les violences ethniques et les préjugés raciaux. Les orques sont les minorités, ils sont l’espèce dominée et rejetée, les elfes dominent le monde, et les humains souffrent toujours autant. Dans un Los Angeles violent, David Ayer mélange les genres et signe une œuvre hybride quelque part entre un buddy movie, un thriller crasseux à la Training Day, et un film fantastique comique façon Men in Black ou R.I.P.D..
La construction du film est très divertissante. David Ayer place Will Smith et Joel Edgerton dans un univers généreux, où foisonnent monstres en tous genres. Le buddy movie est vite mis en place et s’avère efficace grâce à l’opposition des deux personnages : un humain relativement brutal et un orque naïf à cheval sur les règles. Avec un générique tout en graphs, rythmé par une instrumentale très rap, le ton est donné et s’avère séduisant. Ponctué de quelques répliques humoristiques bien trouvées, Bright, grâce à quelques idées de mise en scène réussies, notamment quelques slow motions, baigne dans une double lecture sociale non dénuée d’intérêt et lorsque les rapports de force se mettent en place, le film est séduisant. Mais cela ne va pas durer…
Une seconde partie bâclée dans la veine de Suicide Squad
Malheureusement, Bright va tomber dans le chaos ambiant de Suicide Squad. Malgré des personnages principaux attachants, et une mise en situation plutôt réussie, David Ayer va totalement bâcler la seconde moitié. La faute, surtout à un scénario très faiblard. L’histoire n’est pas grandement originale et finit par vite tourner en rond. Mais ce n’est pas le seul souci. Les dialogues se transforment en un ramassis d’idioties, les situations deviennent totalement tirées par les cheveux et les personnages secondaires sont insignifiants. On se demande encore ce que font Noomi Rapace et Edgar Ramirez dans ce film, tellement leurs rôles sont inintéressants et leurs prestations dérisoires. Leurs personnages sont des clichés ambulants et n’apportent pas grand-chose à l’histoire.
Mais le pire dans Bright, c’est comment un postulat de départ plutôt séduisant est transformé en un ratage complet. Bright finit par tourner en rond, les redondances sont nombreuses et David Ayer ne trouve pas les rebondissements nécessaire pour relancer son film. La conclusion est un condensé de scènes ratées, de confrontations irréalistes, et de dialogues totalement ratés. Ce dénouement n’est pas sans rappeler l’échec de Suicide Squad qui souffrait sensiblement des mêmes défauts.
Bright n’est pas la purge annoncée. Certes, le film de David Ayer restera anecdotique, accuse le coup d’un scénario simpliste, de dialogues parfois éreintants, et d’une seconde partie redondante et asphyxiante. Pour autant, certains éléments fonctionnent : le buddy movie, Will Smith fidèle à lui même, quelques effets de mise en scène agréables, une mise en situation efficace et une BO accrocheuse.