La saga vidéoludique à succès arrive en comics chez l’éditeur Black River. Elle débute par un préquel sur le chapitre sanglant des vikings, Assassin’s Creed Valhalla. Mais retrouve-t-on l’esprit du jeu dans la bande dessinée ? Lisez notre chronique pour le découvrir
Une famille, un clan et une razzia
L’entreprise française de jeux vidéo a connu de nombreux succès mais elle a explosé avec la saga historique Assassin’s Creed. Au départ inspiré par l’ordre des Templiers du Moyen Âge, elle a su s’adapter à différentes périodes historiques tout en gardant l’esprit originel. Dans l’épisode Assassin’s Creed Valhalla, on retrouvait à la fois la mission d’un tueur médiéval et la violence de la période des Vikings. Le scénariste Cavan Scott propose ici de raconter les débuts de certains personnages de ce jeu dans un récit complet en un tome. Nous sommes donc au milieu du neuvième siècle après Jésus-Christ alors qu’une région de Norvège connaît un conflit entre deux clans. La guerrière viking Eivor vient aider les habitants d’un village frontalier attaqué par un roi voisin. Cependant, elle ne les libère pas mais revendique la domination et le butin pour son père, le roi Styrbjorn. Parmi les adversaires, elle découvre une mystérieuse esclave. Cette dernière serait en communication avec les Aces, les dieux vikings, et pourrait la conduire jusqu’à leur trésor. Parallèlement, son frère Sigurd est aussi à la chasse au trésor mais, plutôt que de l’or, il traque une épée en acier. On est assez éloigné du jeu car l’assassin apparaît assez tardivement. Il y a juste une quête au trésor avec des pièces cachées.
Un récit d’un genre sanglant
Cavan Scott est un spécialiste de l’adaptation de série dérivées. Auteur de plusieurs romans et des comics sur Star Wars, il est un des architectes principaux de leur nouvel univers, la Haute république. Il sait donc se fondre dans différents genres. Dans Assassin’s Creed Valhalla, on retrouve les passages obligées des récits de vikings. On peut le voir tout d’abord par l’exotisme des noms comme l’armée de Kjotve. Dans cette période incertaine, la violence est omniprésente avec des pillages, des viols et des meurtre lors d’un lutte entre clans. Par opposition à la noblesse occidentale, ces guerriers même issue de hauts lignages sont très violents. Les luttes ne touchent pas seulement les royaumes voisins mais également les familles en raison des filiations complexes. Le roi Styrbjorn a deux enfants. Sigurd fait équipe avec son cousin Knud. Eivor sert fidèlement son père en défendant les frontières de l’armée de Kjotve. Cependant, elle ne reçoit aucune reconnaissance de sa part. Ce manque d’amour s’explique car elle n’est pas sa fille légitime mais celle d’un ennemi de son père.
Le récit n’est pas seulement historique mais devient aussi surnaturel. En effet, les femmes sont des magiciennes qui certes parlent avec les dieux mais la réponse se fait par des paroles absconses. Ces prophétesses ont des corps différents. Dans Assassin’s Creed Valhalla, Skald la conteuse a un corps ivoire parsemé de tatouages. Cependant, Assassin’s Creed Valhalla ne se contente de copier les récits anciens. A l’image des récits modernes tel the Northman il n’y a pas de héros mais tous les personnages principaux sont des brutes qui vivent pour le sang, la gloire et le combat. La guerre concerne également les femmes combattantes. Eivor dirige une escouade. Elle est, comme son frère, un leader usant de violence.
Des images entre la Scandinavie et les Etats-Unis
Le dessinateur Martin Tunica a un style pouvant se rattacher à la bd franco-belge historique. Dans Assassin’s Creed Valhalla, il vise le réalisme des costumes et des décors mais la lecture reste fluide avec une abstraction lors des combats. Tunica semble avoir des difficultés à tenir le rythme mensuel des épisodes. Les couleurs de Michael Atiyeh peuvent paraître fades avec une peau grisâtre.
Plutôt que de prolonger le jeu, Assassin’s Creed Valhalla garde l’ambiance violente des razzias vikings tout en proposant une histoire de familiale et une quête au trésor. Les fans du jeu seront agréablement surpris et les adeptes de bd historiques seront comblés par ce récit complet.
Vous pouvez retrouver d’autres chroniques historiques avec Du côté de l’enfer et 14 juillet.