En vacances, évitez de rester à l’Hotell

0
1296
La couverture d'Hotell
La couverture d'Hotell

Vous êtes peut-être en pleine préparation de vos vacances ? L’éditeur Black River vous propose une lieu de villégiature, mais un conseil personnel : fuyez à tout prix l’Hotell si vous voulez survivre.

Différentes histoires dans un même lieu

Le réceptionniste d'Hotell
Le réceptionniste d’Hotell

Hotell est une série d’horreur au format anthologique car chaque épisode forme un récit autonome. Cependant, il existe une unité car tout se passe dans un hôtel : le Pierrot Courts. Ce lieu à l’architecture banale est pourtant un mystère. Le Pierrot Courts apparaît dans la nuit le long de la Route 66 à des individus désespérés. Pourtant l’Hotell est devenu une légende urbaine car il exerce une emprise si forte qu’une fois entré, on ne peut plus le quitter. Comme toute maison hantée, il y a des pièces secrètes et les monstres rôdent derrière les murs imprégnés par le mal. La première page nous présente, Jack Lynch, le réceptionniste. Loin de rassurer, il inquiète en déconseillant la piscine et le sentier. Il est par ailleurs narrateur introduisant chaque épisode.

Comme tout récit anthologique, Hotell est forcément inégal. Certaines nouvelles partent dans tous les sens alors que la dernière rassemble tous les fils précédents pour proposer une fin cohérente et ouverte. Des détails dans une case prennent sens à la fin du livre comme l’illustre la couverture. On pense alors au film Sale temps à l’hôtel El Royale et à Psychose par l’alliance entre un lieu typiquement américain et un récit gothique.

L’idée de ce lieu si particulier vient de l’éditeur Alex Alonso qui le propose au scénariste écossais John Lees. La proposition de l’éditeur fait écho à la vie nomade des artistes lors des conventions. On le constate lors d’une riche interview en bonus. Pour le mettre en image, Alex Alonso choisit le dessinateur croate Dalibor Talajic. Son style réaliste colle très bien à l’ambiance comme des images très gores sur un serial killer ayant une attirance morbide pour l’aménagement intérieur. Le coloriste Lee Loughridge rend crédible cet univers par un choix réaliste mais met en avant les souvenirs par des cases monochromes en marron.

Différents clients troublés

Deux clients de l'Hotell
Deux clients de l’Hotell

Hotell concentre toutes les faiblesses humaines : la violence conjugale à deux reprises mais également la vengeance, la bigoterie ou la curiosité. Ces différents thèmes correspondent également aux lieux communs du genre horrifique et s’incarnent par les clients. Chacun a un passé douloureux. Parfois, leur traumatisme apparaît dès le début d’un épisode : une femme enceinte fuyant un mari violent. Jusqu’à sa grossesse, Alice craignait de partir mais, désormais, elle fuit pour sauver son enfant. On retrouve ce thème dans le dernier chapitre où un homme vient avec un prêtre pour faire exorciser son fils. Cependant, qui incarne le mal, le père ou le fils ? Ailleurs, la révélation est plus progressive. Tout semble sourire à Bobby Stansfield. Il file le parfait amour avec son épouse Muriel et prend simplement quelques jours de congés… jusqu’à ce que ce puissant homme d’affaire révèle sa vraie nature. La journaliste Kristen Clements recherche l’Hotell pour une raison personnelle.

De plus, ces clients arrivant en même temps à l’Hotell, le lecteur les croise d’une histoire à l’autre. Pourtant, ces clients ont des points communs. Ils cherchent tous un refuge ou une planque mais tout ne se passe pas comme prévu. Ce sont parfois des cauchemars si puissants qu’ils modifient le réel puis les clients ont des visions en plein jour. Progressivement, le monde réel devient de plus en plus surnaturel : des monstres surgissent et des morts reviennent. L’Hotell devient une personne qui punit les criminels ou offre une chance (avec des lourdes conséquences) aux plus faibles.

Hotell débute comme un déroulé successif de clients confrontés à l’horreur mais la nouvelle série réussit à aller plus loin en liant ces personnages. Ce succès explique qu’une adaptation cinématographique est en préproduction.

Retrouvez d’autres récits d’horreur avec Ice Cream Man et A Walk Through Hell.