Découvrez le bagne de Game of Thrones dans Hurlevent

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Que feriez-vous si vous étiez emprisonné au milieu d’une région désertique ? Le premier tome d’Hurlevent est une très belle réponse à cette question plus complexe qu’il n’y paraît.

Faire souffrir des hommes pour de l’eau

Fred Duval et Stéphane Créty dans Hurlevent

Alceste de Hurlevent est un médecin noble. Cependant, il ne profite pas d’une carrière glorieuse à la Cour mais il est prisonnier sur les terres de l’Hélios. Banni, il risque bien d’y finir sa vie. C’est lui qui porte la série par son humanité actuelle et ses secrets passés. Contrairement à tous les autres, Alceste de Hurlement ne juge pas sur les apparences mais sur les actes. Son sens de la justice lui a valu d’être condamné à l’exil et il ne cesse de vouloir quitter cette région.

Les splendides premières pages d’Hurlevent vous font également rentrer dans une terre aride. Le lecteur ressent la chaleur par le talent du dessinateur Stéphane Créty. Il évite les simples aplats des paysages rocheux mais multiplie les lignes rendant ce paysage réaliste. Dans le superbe décor d’un palais, des croisées d’ogives sont si détaillées que l’on dirait les branches d’un arbre. Sa mise en place est simple mais il est tout autant doué dans les scènes de révélation que dans une belle scène de chasse. De plus, les magnifiques couleurs de Jérôme Maffre enchantent les yeux du lecteur à chaque page. Les bagnards creusent un canal au milieu d’un paysage sans végétation et sans arbre. Ce travail est la seule issue pour rendre région vivable. En effet, les maigres ressources en eau se situent dans quelques lacs d’altitude et n’alimentent pas la vaste plaine en eau. Cette tâche est si épuisante que les bagnards meurent souvent en moins de cinq ans mais leur vie est encore compliquée en raison d’une nature inhospitalière. On découvre lors d’un accident que la lave sort si on creuse trop profondément. Alceste Hurlevent est appelé à la suite de cet accident. En rupture totale, le lecteur découvre un fort luxueux où arrivent le duc de Batz et ses deux conseillers. Sa fille vient chasser un animal rare pour obtenir la charge de garde-chasse royale. Ces deux groupes appartenant à deux mondes si dissemblables vont pourtant se retrouver.

François Ier contre Sauron

La magie dans Hurlevent

Avec Hurlevent, Fred Duval se fonde dans les codes de l’heroic fantasy. Le scénariste compose un univers très plausible. Loin d’une société pluriculturelle contemporaine, le racisme est constant. Cette région est un lieu de mort du dernier orque connu. Comme dans de nombreux récits d’heroic fantasy, la magie est présente. Une légende annonce une menace si la faune est détruite et les terres de l’Hélios s’éveillent déversant leur lave qui menace ceux qui coupent la roche. Les Raveneurs sont des mages qui ont des visions à distance en portant un masque d’animal.

Hurlevent n’est pas une banale transposition du Seigneur des anneaux dans le désert mais Fred Duval propose une heroic fantaisy baroque par le mélange des costumes renaissance et des animaux inventés. Les très beaux designs sont d’Armel Gaulme et de Fred Blanchard. On découvre d’ailleurs leurs esquisses en fin de volume. Il semble que Fred Blanchard ait créé les animaux et Armel Gaulme l’architecture, les géants et la faune.

Ébloui par les magnifiques dessins, le lecteur découvre ensuite par un scénario habile qu’Hurlevent masque une ambiance funèbre derrière un rayon de soleil. Delcourt propose un diamant brut qui ne demande qu’à être taillé et serti dans les prochains tomes pour devenir un splendide bijou.

Vous pouvez retrouver sur ces liens les chroniques vers d’autres séries d’heroic fantasy du même éditeur avec Donjon et Rose & Claw.