Critique « Trois mètres au-dessus du ciel » saison 2 : souffle amoureux estival

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Depuis le 3 juin dernier, la série italienne Trois mètres au-dessus du ciel est revenue pour un deuxième été sur la côte adriatique, à Cesenatico. Ce drame adolescent est inspiré de la série de livres du même nom écrite par Federico Moccia. C’est le retour de Summer, sa bande d’amis et leurs histoires d’amour incessantes. Touchant, léger et poétique, le scénario est dans l’ensemble réussi. Il permet de s’échapper en temps estival tout au long des huit épisodes. 

Le cadre principal de cette deuxième saison, rappelant celui de « Qui a tué Sara ?« , est le même que durant la première. Toujours à Cesenatico, ville balnéaire où on s’ennuie lorsqu’on y habite à l’année mais qui est complètement transformé lors de la période estivale. La ville devient alors festive avec une forte affluence de touristes. Elle donne l’impression d’être trois mètres au-dessus du ciel ! Ils viennent tous pour se prélasser au soleil et profiter de la plage. Cependant, certaines scènes se passent aussi à Madrid. Et même si l’environnement n’a pas changé, les personnages ont quant à eux connu de nombreuses évolutions dans leurs vies respectives.

Trois mètres au-dessus du ciel
Dario, Sofia, Ale, Summer et Edo

Catch-up depuis l’été dernier

(ATTENTION SPOILERS DE LA SAISON 1) On reprend ainsi la vie de Summer (Coco Rebecca Edogamhe), jeune adolescente de 18 ans, bonne élève, issue d’un milieu modeste et qui ironiquement, déteste l’été. Enfin, c’était le cas au début de l’été dernier, qui coïncide avec le début de la saison 1. Car c’est durant cette période-là qu’elle fait la rencontre qui va bousculer son quotidien, où elle oscille jusqu’ici entre sa petite soeur Blue, sa mère Isabella et ses deux meilleurs amis, Sofia et Edo.

Ale (Ludovico Tersigni) rentre dans sa vie, jeune motard charismatique et privilégié de 20 ans qui ne la laisse pas indifférente malgré ce qu’elle laisse transparaître et les conditions peu idéales dans lesquelles ils se sont rencontrés. Ce dernier a une relation conflictuelle avec son père, qui est aussi le manager de sa carrière de sportif. Captivé par la jeune fille, Ale se met en tête de la conquérir coûte que coûte. Le nouvel emploi d’été de Summer, réceptionniste dans un hôtel de luxe détenu par la mère d’Ale, aidera le motard à se rapprocher de la jeune fille. Tout les oppose, mais l’alchimie est bien présente et permettra à leur relation d’évoluer tout au long de l’été.

Cette histoire d’amour naissante est la principale intrigue de la série, mais il y a également un focus sur les vies d’Edo, qui rencontre une sympathique vacancière au camping de son père et Sofia, qui fait elle la connaissance de Dario, le meilleur ami d’Ale. La délicatesse avec laquelle on voit leurs relations évoluer, loin des comédies romantiques trop mielleuses et peu réalistes, attise notre curiosité et notre sympathie. L’amitié naissante entre Sofia et Dario connaît un beau développement.

Trois mètres au-dessus du ciel
Summer, Sofia, Isabella et Blue

Une histoire simpliste mais qui fonctionne

Même si les intrigues de la série ne sont pas complexes à deviner, et qu’il est facile d’anticiper ce qui va arriver, on s’attache aux personnages de Trois mètres au-dessus du ciel, qui vont tous expérimenter une forme d’amour durant l’été. Loin de proposer un scénario déconnecté de la réalité et utopique, la simplicité de l’histoire ne la rend pas moins intéressante.

L’objectif n’est pas de faire perdre la tête au spectateur avec une narration alambiquée. Comme lors de la saison 1, on voit la vie des protagonistes à tour de rôle évoluer pendant l’été. De nouveaux personnages font d’ailleurs leur apparition, et auront un impact conséquent sur ceux que nous avons déjà pu voir l’été dernier.

Ainsi, Jonas (Giovanni Anzaldo), trentenaire aventurier se fera une place dans la vie de Summer. Il sera son patron dans le restaurant où elle travaille durant l’été. Lola, jeune motarde est la nouvelle copine d’Ale. Ils font partie de la même équipe, s’entraînent et vivent ensemble à Madrid. Blue va connaître sa première romance estivale. Elle fait la rencontre d’Alfredo, vacancier passionné d’environnement.

Dario, quant à lui tombe amoureux de Rita (Lucrezia Guidone), femme bien plus âgée que lui qui a un petit garçon. Enfin, le père d’Edo a trouvé une nouvelle campagne pétillante et pleine de vie, Wanda (Marina Massironi). Ces nouveaux protagonistes ne viennent pas perturber l’histoire initiale. Ils se greffent tous très bien au schéma initial, et apportent de la fraicheur.

Quelques fragilités narratives

Dès le premier épisode, on comprend tout de suite que l’année passée a fait évoluer les personnages. Summer, Sofia et Edo viennent tout juste de finir leur année de terminale, et doivent donc faire des choix pour leurs avenirs. De son côté, Ale a retrouvé sa passion pour la moto, et y dédie tout son temps à Madrid où il s’est installé. Leurs relations ont aussi changé, puisque Summer et Edo sont ensemble, et Ale et Lola entretiennent une relation amoureuse. Mais tout est remis en question lorsque leurs chemins se croise à nouveau.

Tous les personnages apparaissent chacun à leur tour torturés par l’amour qu’ils donnent et reçoivent. C’est sûrement le point négatif de la série. La fragilité ambiante de tous les personnages, qui dessert parfois l’intrigue principale. Il n’est pas difficile de comprendre ce qu’ils ressentent. Mais la force de leurs émotions ne sont pas toujours transmises via les dialogues. Ces derniers manquent parfois de profondeur et de consistance.

La différence de classe sociale entre Summer et Ale n’est pas exploité dans les dialogues. C’est regrettable, car cela aurait ajouté une dimension supplémentaire à leur histoire. Leurs différentes disputes présentent des raisons bien moins originales. Cependant, laisser ce paramètre en dehors de leur relation est peut-être un choix des scénaristes. L’objectif est peut-être de montrer que l’amour efface toute hiérarchie ou position sociale.

Trois mètres au-dessus du ciel
Edo et Summer

Un cadre estival envoûtant accompagné d’un casting intéressant

La magie de la direction artistique opère sur l’ensemble des scènes. L’ambiance crée tout au long des épisodes, avec la présence constante de couleurs vives renforce la personnalisation de l’été. La colorimétrie a été travaillée avec précision. Les vêtements des acteurs sont toujours en accord avec le lieu où ils se trouvent. De nombreuses scènes de fêtes sont mises à l’honneur. Les étendus de plages parsemées de parasols et de plagistes heureux font office de transition. C’est véritablement le point fort de la série : elle transmet l’envie de profiter des beaux jours lors de la saison chaude.

Le choix d’une actrice italienne et africaine en premier rôle est un autre plus de la série. Netflix met un point d’honneur à proposer des productions inclusives et diversifiées (vu récemment dans une autre série italienne Zero, ou encore avec le célèbre Lupin). Néanmoins, l’interprétation de Coco Rebecca Edogamhe n’est pas la plus convaincante. Amanda Campana (Sofia) ou encore Amparo Piñero Guirao, (Lola) font bien plus d’effet face à la caméra. Mais les producteurs de la série ont tenu à ce qu’il s’agisse du tout premier tournage pour une grande majorité des acteurs. Cela peut expliquer certains écueils à l’écran. Les prestations restent dans l’ensemble solides. Et cela sans parler de la beauté des acteurs.

« Trois mètres au-dessus du ciel » explore la complexité des sentiments amoureux lorsqu’on est jeune. La série présente avec délicatesse l’amour avec un grand A, et tous les maux l’accompagnant. Au vue de l’épisode final de la saison, une troisième saison verra probablement le jour. L’occasion de retrouver les différents personnages, et de peut-être proposer un scénario un peu plus extravagant.