Cigarettes After Sex : se rouler dans un élixir

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Le groupe américain Cigarettes After Sex collectionne depuis des années les millions de vues sur Youtube, quand le chanteur Greg Gonzalez, se décide à sortir l’album, les fameux titres réarrangés plus quelques nouveaux, déjà consacrés avant même sa sortie. Esthète assez maniaque d’un son qui aura finalement été reproduit par hasard dans une cage d’escalier de sa fac, l’album éponyme envoûte. Explications.

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Un heureux imprévu

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Un ange passe : l’écho qui s’est fortuitement produit dans le hall de cette fac a du rendre la tête de Greg Gonzales sonnée, étonnée, en ébriété. Enamouré aussi : « K » c’est Kristen, sa came, son cristal, sa cigarette, c’est sa première nana qui le poursuit jusque dans ces paroles. « Come right back » susurre suavement, alors que quand nous l’écoutons, nous égoïstes, eplorons Kristen de ne pas revenir, pour que sa mélancolie continue à faire profiter nos oreilles en manque de passion. De passion, il y en a, c’est peu dire dans « Each Time You Fall In Love », un bijou posé sur un plateau en argent, fait d’arrangements incroyables de par leur simplicité, c’est ce titre qui a été enregistré dans le fameux hall de fac, où l’écho si inspirant, si envoûtant, a été capturé puis retranscrit. Le lieu où tout a commencé. Où maintenant Greg s’eplore à son tour pour un ami qui sacrifie tout pour elle (Kristen, encore ?). Le tout dans une émanation vaporeuse de Mojave 3, Slowdive et de toute la crème dream-folk des années 80. On est en 2017 et on se dit que, quand même, les belles oeuvres qui subsistent sont celles qui ne se quantifient pas, qui se minimalise par leur moyen, dont les compos peuvent être interprétées par tout joueur de guitare moyen, et donc adressées et accessibles à tous. Une âme, une voix androgyne, telle celle de Chinawoman, et un putain écho d’escalier. Ecoutez un peu « Apocalypse », ce genre d’airs intemporels, ces ritournelles que seuls quelques rares beaux esprits perchés peuvent récolter au sein de leur talent de musicien. 

Velouter la musique

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Le nom de ce talent, des talents de Cigarettes After Sex, intrigue : la mythique cigarette d’après l’amour. A la fois très explicite et sans vulgarité, ce nom définit peut être l’essence même de l’élévation que seuls nous, humains, pouvons faire du sexe. Un disque avec les lettres de « Cigarettes After Sex » en blanc, vend quelque part ce plaisir post-coïtum, promet des sensation post-orgasmiques. Post, vraiment ? La sensualité de cette voix, l’accessibilité pénétrante de « Sweet », combinés à un rosé à la robe d’un nacre exotique, une saveur sucrée, appelle qu’à mieux se connaitre. On se dit finalement que le groupe pourrait très bien s’appeler aussi « Wine before (during) sex ». Tout comme dans les expériences humaines, la musique qui subsiste, qui résiste aux affres de son histoire ou de ses trahisons, est celle de l’amour. 

Actuellement en tournée dans toute l’Europe, dont le 29 juin au festival Werchter Rock (Belgique), le 3 novembre au festival Pitchfork Festival à Paris et le 22 novembre à la Laiterie de Strasbourg.