Critique d'”American Hero” de Nick Love

0
729

   Réalisé par le britannique Nick Love, American Hero est un film qui avait du potentiel mais qui se révèle finalement extrêmement plat. La relative originalité du scénario est rapidement mise à mal par le manque d’idées générales et de propositions esthétiques.

   En effet, la singularité d’American Hero est de mettre en scène Melvin (Stephen Dorff), un personnage doté de super-pouvoirs -il peut faire bouger des objets par la pensée-, qui préfère s’adonner à toutes sortes d’excès plutôt que de lutter contre le crime comme tout bon super-héros. De ce postulat aurait pu découler un film gentiment subversif qui se paye la tête des films de super-héros classiques. Il n’en est rien. Au lieu de cela, le long-métrage propose une morale assez niaise et conformiste : Melvin décide de lutter le crime, il accepte son destin, afin de récupérer la garde de son fils qui lui a été enlevée suite à son divorce d’avec sa femme, fatiguée de la vie de débauche que mène son ex-mari.

Un scénario convenu

Melvin (Stephen Dorff), personnage auto-destructeur, en train d'abuser de drogues - Copyright Chrysalis Films
Melvin (Stephen Dorff), personnage auto-destructeur, en train d’abuser de drogues – Copyright Chrysalis Films

  A ce propos, le scénario du film n’est pas très clair, on ne saisit pas bien pourquoi Melvin doit se mettre nécessairement à lutter contre le crime pour pouvoir profiter de son fils à nouveau. Les retournements de situation sont, eux aussi, attendus et tout à fait convenus : les doutes qu’a Melvin sur sa capacité à faire le bien sont présents dans bien des films de super-héros. La seule différence est que Melvin ne porte pas de costume -aspect qui n’est d’ailleurs même pas exploité-, ce qui ne suffit pas à faire un bon film.

  Au rayon des qualités, le long-métrage profite tout de même d’une très belle photographie mais cela ne vient pas combler le manque d’idées thématiques ou formelles vraiment intéressantes. Dans une veine similaire à American Hero, on préférera largement la récente adaptation cinématographique de Deadpool, autrement plus fun, décalée et réussie.

 

Un film de super-héros sans ambition, un buddy-movie sans ampleur

 

american hero critique
Copyright Chrysalis Films

   

Très court -il dure moins d’une heure et demie -, le film aurait mérité une bonne demi-heure de plus pour pouvoir développer correctement ses personnages et les pistes narratives qu’il propose. Certaines sont avancées et même pas traitées ! On ne saura donc jamais pourquoi Melvin souffre de problèmes de santé à cause de l’utilisation de ses pouvoirs.

En plus de faire un film de super-héros, Nick Love tente aussi de faire de son American Hero un buddy movie mais encore une fois, cela ne marche pas vraiment. L’amitié que Melvin entretient avec Lucille (Eddie Griffin) qui se déplace en chaise roulante (il a été touché par une balle lors d’une guerre) relève du déjà-vu. Autrement dit, Melvin et Lucille sont dans une relation d’ « amour vache » qui cache une amitié très forte. Pour l’originalité, on repassera… Ne parlons même pas des blagues lourdingues qui jalonnent le long-métrage et finissent de faire d’American Hero un film tout à fait dispensable.