Le groupe écossais est en grande forme dans cette 9 ème réalisation qui renoue avec la verve vocale des débuts, avec une composition plus talentueuse et une production plus riche.
Belle & Sebastian est un collectif fondé en 1995 à Glasgow, autour du leader guitariste / chanteur Stuart Murdoch. Devenus des sages en matière de scène pop écossaise. Débutant avec leur songwriting folk naïf et fragile sur les 3 premiers « Tigermilk » , « If You’re Feeling Sinister » et « The Boy With The Arab Strap » , ce timbre clair d’une voix adolescente et vulnérable, dans un registre pop-folk acoustique très sobre, devient leur marque de fabrique, conçue lors de cette fameuse trilogie. La suite est logiquement différente, il y a peu de chance que subsiste un style qui lasse les musiciens eux-mêmes : fini la gratouille de guitare, place à l’orchestration et aux compositions plus amples. D’aucuns crient à la perte de leur âme, à l’instar d’un Bob Dylan passant à la guitare électrique. Ils expérimentent plusieurs terrains mais le talent reste intact depuis presque 20 ans, est-ce encore le cas sur « Girls in Peacetime Want to Dance » ?
« Nobody’s Empire » et « Allie » , qui introduisent cet opus qu’on attendait depuis 5 ans, contiennent les ingrédients bien caractéristiques du groupe, ce phrasé musical un brin ironique, mais avec ici une emphase surprenante, presque solennelle. A laisser filer les morceaux, on entend que leur couleur musicale a naturellement muri. Des rengaines pop bien ficelée, des ritournelles sans forcer, Belle & Sebastian nous appelle tranquillement à remuer la tête et à apprécier la richesse des compos. De la distraction intelligente, en somme. La facette légèrement électro du groupe est connue, notamment à travers leur tube « dancefloor » « Sleep the Clock Around » de 1998, et son audace qui était de mélanger boite à rythmes cheap et cornemuse, au service d’un anathème des plus pimpants. En 2015, c’est « Enter Sylvia Plat » qui est le porte voix de cette influence, dans un registre « club » plus grossier, mais on pardonne à Belle & Sebastian de jouer avec ce côté festif dont les Britanniques raffolent : à ce moment de l’album, on se lâche et le morceau résonne alors comme un moment « cool » bienvenue. « The Everlasting Muse » sera lui la part folklorique de l’album, on ferait presque quelques pas de dance celtique, sans oublier la voix féminine, qui acquiesce agréablement quelques paroles susurrées. On sent aussi que le groupe veut quand même renouer (un peu) avec la simplicité des débuts, et on se ressert un peu de « The Boy with the Arab Strap » (sorti en 1998) dans « Ever Had A Little Faith? » et son arrangement « chamber pop », cette pop acoustique et légère arrangé avec des violons, très appréciable. Belle & Sebastian est un groupe précieux pour la scène alternative, car rares sont ceux qui montrent une présence indefectible sur cette scène britannique foisonnante, tout en gardant une constance dans la qualité des albums. Un exemple de ce long et prenant album est la complainte « Play For Today« , saisissant moment où le duo chantant virevolte dans une ritournelle, sous fond de sample électronique, et qui reprend une tournure solennelle, mais jamais grave. Plus léger que jamais, Belle & Sebastian commence très bien son année.