Il y a 11 ans, la série Tiger et Bunny produite par le studio Sunrise débarquait sur les chaînes japonaises. Récit habile mêlant mécha, super-héros et intrigue politique et familiale, il a rapidement conquis les fans. La fin de la saison 1 ne répondant qu’à une partie des questions, elle laissait augurer de développements ultérieurs. Or, si deux longs métrages, un manga sont sortis par la suite, la seconde saison s’est laissée désirer jusqu’à ce que Netflix décide de la produire et d’étoffer son offre en anime. Confiant dans le potentiel de l’oeuvre, le géant du streaming a commandé 25 épisodes diffusés en deux parties. Stratégie payante au vu de la qualité de cette première moitié de saison.
Un nouveau départ
A Stern Bild City immense mégapole, les super-héros sont des stars de la télévision. Tous les soirs les habitants suivent Hero TV, émission populaire où sont filmées en temps réel les interventions de ces héros. Confrontés à des criminels normaux mais aussi à des next, des humains dotés également de super-pouvoirs, les héros doivent s’attirer les faveurs du public et des sponsors. Plus ils sont populaires, plus les spectateurs leur décernent des points de popularité dans le but de désigner le roi des héros.
Suite aux événements de la saison 1 et des longs métrages, la production de Hero TV a décidé de changer les règles du show pour continuer à attirer le public. Finie la concurrence en solo, les héros doivent agir en duo à l’image du binôme Tiger and Bunny. En outre de nouveaux héros font leur apparition et à charge pour les vétérans de les former. Mais il n’est pas toujours facile de faire équipe surtout quand des next ont décidé de défier et de vaincre tous les héros du monde.
Tiger and Bunny : une évolution intelligente
Les créateurs ont parfaitement mis à profit le laps de temps entre les deux saisons pour faire évoluer leur concept. Les héros en effet ont évolué à l’image de Tiger et Bunny qui sont devenus véritablement complices. Ils travaillent désormais totalement en équipe et se comprennent parfaitement. Cette évolution change le rapport de force. Ils ne sont plus l’exception mais la norme.
Or la première partie de cette demi-saison insiste sur la difficulté de créer ex nihilo des duos. Tiger et Bunny observe en effet avec intérêt les difficultés rencontrées par les autres équipes qui agissent comme autant de reflets de leur passé. Comment gérer la célébrité ? Comment apprendre à faire confiance ? Comment éviter la jalousie ? Autant de questions qui fragilisent les héros et auxquelles Tiger et Bunny tentent d’apporter des réponses fruits de leurs expériences et de leurs erreurs.
Un format long idéalement exploité
C’est l’une des grandes qualités de ce début de saison que de s’appuyer sur une narration qui présente idéalement ses personnages. Il faut là-dessus féliciter Netflix d’avoir commandé une saison longue, 25 épisodes, ce qui est plutôt rare aujourd’hui dans le monde de l’animation. Or ce format sied parfaitement à ce que les scénaristes ont à dire. En effet tous les nouveaux personnages ont leur histoire personnelle bien développée sans que les Anciens soient oubliés. Ceci concourt à ressentir une immense sympathie pour nos héros quand l’heure des difficultés arrive et quand des choix cornéliens vont se présenter.
Ce format long sert aussi idéalement la dramaturgie. En effet tout en prenant son temps, cette premier moitié de saison fait progressivement immerger lors de scènes post-génériques fortes, un nouvel antagoniste. Au fur et à mesure ce dernier sort de l’ombre. Dans le même temps, les scénaristes étendent l’univers de leur série convoquant des héros, criminels passés ou présentant de mystérieux scientifiques engagés dans des recherches sur les next. Tous ses fils narratifs convergent lors d’un spectaculaire climax qui n’est qu’une étape vers un affrontement plus vaste.
Tiger and Bunny : ourabouros never die
Organisation mystérieuse au centre de la première saison, Ourabouros pointe à nouveau son nez. Les scénaristes exploitent tout le potentiel de cette némésis encore nimbée de mystères. La dimension de cette organisation ne cesse de surprendre. Véritable pieuvre criminelle, elle prend une place de plus en plus centrale dans cette seconde saison tandis que son projet devient de plus en plus clair et terrifiant.
Ceci vient appuyer un discours sur le monde des héros beaucoup moins manichéen qu’on pourrait le penser. La série insiste sur les figures iconiques, vénérées par le grand public. Mais elle présente également l’envers du décor à travers la figure de LL Audun, le plus grand adversaire des super-héros dont la carrière aurait été tout autre si son libre arbitre avait été respecté. A travers ces nuances de gris, l’influence, l’aura d’Ourabouros deviennent plus palpables.
Une animation excellente
La première saison fut unanimement saluée par sa qualité technique et sa richesse visuelle. Cette suite de Tiger and Bunny poursuit sur cette lancée. En effet les graphismes sont toujours aussi beaux, colorés, riches en détails. Stern Build City reste une métropole magnifiquement mise en image mélangeant les styles : architecture contemporaine, statues colossales et inspiration new-yorkaise. Tout concorde à rendre épique l’histoire qui nous est racontée.
L’autre qualité technique repose sur le design des super-héros. Tiger and Bunny fonctionne en effet comme une œuvre syncrétique entre le style comics, les magical girls, l’esprit shonen et les méchas. Chaque super-héros possède son propre univers qui se reflète sur ses pouvoirs, son armure. Rock Bison est ainsi un hommage au chevalier d’or du Taureau de Saint Seiya tandis que Sky High s’inspire du héros de Rocketeer. L’ensemble forme un tourbillon de couleurs au service de scènes d’actions percutantes et originales.
Avec cette première partie de saison, Netflix va ravir les fans de la série Tiger and Bunny. Cette suite respecte l’oeuvre originale tout en la faisant astucieusement évoluer. Vivement la suite.
