La légende de l’immortel Chandrahas : une entrée en matière percutante

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Des dragons, de la vengeance, de l’action, voici ce que propose la série de Yuki Monji  – La légende de l’immortel Chandrahas – dont les éditions Kana publient ce mois-ci  le premier  des trois volumes. Ce shonen classique s’appuie sur une ambiance originale et sur un dessin très plaisant. Et malgré un parti pris narratif qui peut décontenancer au début, ce premier opus est convaincant et donne envie de suivre l’épopée des Chandrahas.

La légende de l’immortel Chandrahas : chasse au dragon ou chasse à l’homme ?

Ils étaient 7 héros invincibles au pouvoir immense qui repoussèrent  le fléau des hommes : les dragons. La légende en a fait des dieux ignorants qu’un huitième héros a été trahi par ses amis et effacé de l’histoire. Quinze année se sont écoulées depuis ces événement glorieux. Les dragons n’ont pas encore disparu et Arjuna dit l’immortel, le héros oublié, décide de se venger.

Ses pas le conduisent vers Himalaya une jeune fille, descendante d’un des sept héros. Abandonnée par son père, elle sert d’esclave pour une bande de chasseurs de dragons. D’abord tenté de l’éliminer à cause de son sang, Arjuna découvre que la jeune fille est animée également du même esprit de revanche, contre son père. Entre eux se noue une alliance imprévue qui se révèle très vite essentielle. Leurs pouvoirs ne  seront pas en effet de trop pour triompher des sept guerriers légendaires.

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Un manga d’ambiance

Cette histoire de vengeance, de trahison, classique dans son propos est bonifiée par le ton que lui donne Yuki Monji. En effet, il place son récit dans un décor indien, oriental que l’on rencontre rarement dans le monde du manga. Il offre une synthèse entre l’ambiance de Prince of Persia et l’univers de la saga filmique indienne La légende de Baahubali. Les costumes, les paysages, l’architecture, très réussis, participent grandement au dépaysement du lecteur. Les visages des personnages, les couleurs des cheveux, s’accordent dès lors à merveille avec ce cadre. : un monde indien, métissé, au croisement des influences.

La légende de l’immortel Chandrahas profite en plus d’un sens du grandiose parfaitement retranscrit par le pinceau du mangaka. Le titre dispose de pleines pages, de double page, extrêmement dynamiques. Les unes sont au service de scènes d’action épiques, les autres illustrent la grandeur de l’univers à image des statues géantes à l’effigie des Chahandras. Cette mise en scène homérique s’appuie d’ailleurs sur une très bonne intégration des codes et des références artistiques. Yuki Monji puise en effet  son inspiration autant dans Le Seigneur des Anneaux que dans le Chambara  ou dans Tigre et Dragon. Il en retient des éléments symboliques qu’il intègre à un environnement général extrêmement cohérent.

La légende de l’immortel Chandrahas : une mise en place délicate, un rythme effréné

Cette série se heurte à une difficulté narrative centrale. Comment faire tenir une histoire extrêmement dense en seulement 3 volumes ? Yuki Monji a pris le parti d’un récit in medias res. Le lecteur est plongé directement dans l’action et les clés de compréhension de l’univers sont livrées très vite.  Ce procédé peut créer au début de la lecture un sentiment de confusion. Il n’y pas de réelle introduction ou plutôt une introduction lissée en parallèle de la quête du héros.  Mais au bout d’une trentaine de pages, tous les fils de l’histoire se rejoignent et par la suite, l’intrigue se suit facilement.

Et c’est tant mieux car La légende de l’immortel Chandrahas ne souffre d’aucun temps morts et procure un réel plaisir. En effet, elle profite d’abord de la très bonne construction des personnages, héros comme ennemis. En quelques cases, leur caractère, leur motivation sont posées ce qui rend crédible l’affrontement à venir. Le récit en outre n’est pas avare en scènes d’actions. Les combats contre les héros, contre les dragons, s’enchaînent vite sans être répétitifs. Ils sont ainsi créatifs et s’appuient sur des pouvoirs particuliers et surprenants parfois. Autre qualité, la brutalité des combats : les membres volent dans tous les sens, les corps sont déchiquetés. Sans tomber toutefois dans le sanglant gratuit, l’auteur respecte le thème central son histoire : la vengeance.

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Des questions nombreuses et intéressantes

Le récit pose les bases d’un monde riche en mystères non encore éclaircis. Il y a d’abord les pouvoirs des héros et leur origine. Au bout de ce premier tome, nous n’avons eu qu’un aperçu de la force des 7 héros. Chacun a son propre style ce qui présage de duels épiques.  De même, l’auteur s’est bien gardé de nous révéler les motivations de leur trahison, les raisons de l’abandon d’Himalaya. A la fin de ce premier volet, le doute subsiste toujours : qui sont réellement les héros de cette histoire ?

Il faut enfin souligner le halo d’étrangeté planant autour des dragons. Créatures terrestres, bipèdes et quadrupèdes, leur tête est protégée par un casque d’os. Féroces, puissants, ils impressionnent dès leur apparition. Réceptacles de toutes les peurs, ils sont le ciment qui fonde le pouvoir les héros. Mais d’où viennent-ils, que veulent-ils ? pourquoi les appelle-t-on dragons ? Ont-ils un lien avec le pouvoir des héros ? De nombreuses interrogations s’accumulent.

Sans révolutionner le genre,  La légende de l’immortel Chandrahas demeure une introduction dynamique, riche en questions non résolues portées par un univers atypique. Espérons que l’auteur, dans les deux derniers volumes, réponde à tous les mystères.