Critique « Les affamés » de Léa Frédeval : la jeunesse en rébellion

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Que serait la France si les jeunes disparaissaient du système ? C’est la première question que nous pose le film Les affamés de Léa Frédeval. Cette jeune réalisatrice de 26 ans nous plonge dans son rêve de révolte de la jeunesse.  

Tout au long de l’histoire, nous suivons le quotidien de Zoé, 21 ans (interprétée par Louane Emera). Coincée entre stage, cours et petits boulots, elle est déjà épuisée aux prémices de sa vie. Après sa rupture avec son petit ami, elle emménage dans une colocation avec six autres jeunes. C’est ainsi que va naitre la charte des affamés; charte qui recense tout ce que la jeunesse actuelle ne devrait plus accepter. En résumé, elle dévoile au grand jour ce que les jeunes pensent tout bas. Malheureusement, d’une utopie en marche, les personnages retombent petite à petit sur terre. Même porté par une communauté via internet, le rêve de Zoé n’est pas réalisable. On assiste à la transformation du personnage qui devient égoïste voire presque antipathique.  

Ce film est une comédie sociale tirée du roman Les affamés de la réalisatrice elle-même. C’est un message d’espoir et de révolution. Un film qui parle des jeunes pour les jeunes mais pas que ! Beaucoup de gens se reconnaitront à travers les différents personnages. Les étudiants, les parents inquiets, les jeunes actifs… Le souvenir des colocations, des premiers petits boulots, du premier appartement, du premier CDI, resurgissent pendant une heure et demie. L’identification est facile pour chaque spectateur. 

Pour créer cette bande de copains colocataires, Léa Frédeval s’est entourée de jeunes acteurs d’horizons différents. Louane Emera (Zoé), révélée à l’écran grâce au film La famille Bélier d’Eric Lartigau. François Deslock (Lucas) que l’on a pu voir récemment à l’écran dans C’est beau la vie quand on y pense de Gérard Jugnot. Nina Melo (Chris) qui a joué dans Bande de filles de Céline Sciamma. Rabah Naït Oufella (Jonathan) révélé dans le film Grave de Julia Ducourneau. Bruno Sanches (Arthur) acteur, scénariste et créateur de la série Catherine et Liliane. Marc Jarousseau (David) plus connu sous le nom de Kemar, youtubeur comique. Souheila Yacoub (Eva) actrice Suisse dont c’est le deuxième long métrage. C’est avec ce sextet, formé d’acteurs aux parcours différents que l’histoire prend forme. D’autres acteurs comme Agnès Hurstel, Léon Garel ou Pierre-François Martin-Laval alias Pef font aussi partie du casting.

Néanmoins, le film compte quelques bémols : il a beau traiter d’un sujet qui est censé rassembler toute la jeunesse, le film ne se désolidarise jamais de Paris et son microcosme. C’est une identification très forte à la jeunesse parisienne mais peut-être pas à la jeunesse française.

Le second bémol se trouve au niveau du scénario et en particulier des dialogues. Il arrive assez souvent que certaines lignes de dialogue sonnent fausses, elles ne sont pas naturelles. Ce n’est pas forcément la manière de parler d’un étudiant, le ton que renvoie le jeu d’acteur n’est pas toujours juste. 

Et, enfin, dernier bémol, le jeu de la comédienne Louane Emera : elle est devenue une icône et un symbole en tant que chanteuse pour la toute nouvelle génération de Français. C’est sans doute pour ça que la réalisatrice s’est arrêtée à elle. Malheureusement, son jeu est faux presque tout le film. Le problème, c’est que c’est contradictoire avec les autres acteurs l’accompagnant qui, eux, sont justes. Dès que le personnage de Zoé intervient, ça nous sort du film. La voix off présente une partie du film mais cela n’arrange pas les choses, elle est trop explicative et récitée. 

Ces quelques bémols ne sont pas à blâmer pour autant, Les affamés est un film d’apprentissage porté par une réalisatrice encore très jeune que l’on ne peut qu’admirer pour avoir écrit et réalisé son roman à seulement 26 ans.