Découvrez le passé du Marshall Bass dans Maître Bryce

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Quittez vos idées toutes faites sur la Conquête de l’Ouest pour suivre Marshall Bass. Vous découvrirez la vie de femmes et d’hommes noirs au western.

Pour les addicts à la série

les origines du Marshall Bass

Dans ce septième volume de Marshal Bass, le lecteur passionné se love dans cette tonalité de plus en plus sombre. Le contexte politique est présent plus nettement : le pays sort de la guerre de Sécession qui a mis fin à l’esclavage dans les États du sud du pays. Si les noirs sont libres, ils subissent encore plus l’esclavage économique du capitalisme naissant. La représentation par Igor Kordey des batailles est crue illustrant que l’innocence a disparu dans cette série. Les personnages sont dès l’enfance confrontés à l’injustice et la violence. Depuis plusieurs tomes, Bass n’arrive plus à protéger sa famille de la folie meurtrière autour. Il a perdu le respect de sa fille depuis que son mari indien a été tué. Plus grave, sa femme a emporté tous ses enfants au Mexique. Si Bass a pu les ramener, il doit reconstruire sa famille. Pourtant, on sait encore très peu de chose sur ce premier marshall. Maître Bryce est justement une pause dans l’histoire principale pour décrire son passé. Lors d’une (faussement) joyeuse fête de famille, Marshall Bass raconte une histoire : son passé sombre sous la direction stricte de Maître Bryce. Par différents moments clé de son enfance, le lecteur comprend pourquoi Marshall Bass est actuellement si dur. Comme à chaque volume, les rebondissements sont aussi nombreux que surprenants jusqu’à la dernière page. Serait-elle une annonce du prochain récit ?

Darko Macan évite toujours le misérabilisme et la dépression. En effet, des situations totalement absurdes nous font sourire. Un homme doit jouer les cadavres pour une photo. Quand River Bass est affranchi, la joie est de courte durée car il se retrouve sans but dans la vie.

Retour vers le passé

La guerre dans Marshall Base

Maître Bryce est certes le septième volume d’une série mais, étant un retour aux origines, il est une bonne manière de commencer. On découvre le moment où pourquoi River Bass est devenu le premier afro-américain à devenir marshal. Édité par Delcourt, Marshal Bass est à l’heure actuelle une des meilleures série western en apportant une vision neuve de l’Ouest. Le lecteur pénètre des familles et des quartiers presque jamais montrés au cinéma : la communauté afro-américaine. Mais le scénariste Darko Macan montre la grande diversité des niveaux sociaux dès les premières pages de ce tome. La bourgeoisie afro-américaine imite les blancs. La classe moyenne est incarnée par la femme de Bass qui tient une épicerie. Le prolétariat est incarné par les domestiques mais qui travaillent ici pour d’autres familles noires. Ce groupe n’est pas exempt de racisme car, plus la peau est claire, mieux c’est. La directrice du bordel n’est pas intégrée dans la communauté. Darko Macan montre également l’usage de la photographie comme propagande lors de la guerre de Sécession.

L’autre atout de Marshal Bass est le dessin très original d’Igor Kordey. Ce dessinateur croate impressionne sur un paysage de plantation en double-page. Il a recours a un cadrage très serré autour de visages grimaçants. L’encrage très sombre contraste avec les couleurs parfois vives de Nikola Vitkovic.

Avec ce septième tome, Marshall Bass est toujours dans le galop de tête des bd de western. Le ton bascule de l’absurde au drame en une case, toujours superbe d’Igor Kordey. Proposant de revenir dans le passé, le scénario de Darko Macan offre aux lecteurs une parfaite porte d’entrée pour les nouveaux lecteurs.

Vous pouvez trouver des chroniques vers le premier tome de la série et vers Colt & Pepper des mêmes artistes.