Le fruit défendu au cabaret divin du jeudi

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Le cabaret du fruit défendu

Un bout de fruit défendu

Le cabaret du fruit défendu
Le cabaret du fruit défendu

Elle est coincée dans la gorge. Elle a parfois du mal à passer, c’est vrai. Elle se voit, au premier coup d’œil.

C’est la pomme d’Adam. Ce bout de culpabilité qui est toujours là, une protubérance un peu honteuse, le poids du passé et des fautes ancestrales, que nous payons encore aujourd’hui, selon certains.

C’est fou quand même, non ?

Dans l’idéologie biblique, c’est la femme qui cède. C’est elle qui donne la fameuse pomme de la connaissance à Adam. Ils seront chassés du paradis par Dieu, le père.

Pour… S’être habillé.

Alors, Vivons nus, vivons… libérés ?

Le cabaret des divins jeudis, notamment celui du fruit défendu auquel j’ai assisté, tire le fil conducteur de cette pomme coupable et luxuriante.

Sur scène, nous retrouvons Adam, survolté, tatoué et souvent pas très habillé, et Ève, une belle blonde peroxydée, interprétée par la formidable Pétula Gold Fever. Ils forment un duo comique et dynamique et présentent les numéros burlesques qui vont s’enchaîner. Adam, qui est incarné par le surprenant Vicomte d’Harbourg, poussera la chansonnette en parodiant Ziggy par Manu, un président pas comme les autres.

Comment ne pas penser à l’univers de ce formidable film qu’est Tournée, primé au festival de Cannes en 2010, de et avec Mathieu Almaric ?

Nous découvrons ces corps sensuels, beaux, vivants avec de vrais artistes qui nous livrent des performances très engagées et parfois très étranges. Je pense à ce numéro avec Jackie Kennedy, qui arrive sur scène avec un tailleur violet maculé de sang. A la radio, on entend les émissions qui s’enchaînent et qui hurlent la mort du président. Elle se déshabille pour vêtir le noir du deuil. Ève nous explique à la fin du numéro que Jackie, la vraie, avait refusé de retirer et de laver son tailleur. Celui-ci, toujours ensanglanté, est conservé dans un musée.

Ève indique également au public, et avec beaucoup d’humour, que garder le vêtement taché de sang et de cervelle d’un président mort, c’est ok. Mais conserver les habits d’une femme tachés par ses règles, ce serait inenvisageable.

Le cabaret du fruit défendu
Le cabaret du fruit défendu

D’autres numéros sont remarquables, notamment les danses avec l’artiste Chanelle de mai, rodée à l’effeuillage, qui a joué dans El clandestino, le cabaret canaille au Lucernaire. Les costumes sont très travaillés, nous plongeant dans l’ambiance d’un bar miteux des années 30 ou dans un lac des cygnes revisité.

Mention spéciale à Laura chevalier Lamu, qui interprète à la guitare électrique « Back to black« , d’Amy Winehouse, faisant chanter toute la salle. Le chant est personnalisé, beau, simple comme une mélodie d’été.

Si vous souhaitez pimenter vos jeudis soirs, vous pouvez pousser les portes des enfants du paradis (le nom de la salle est une belle coïncidence!) et goûter à ce fruit défendu : ce n’est pas la connaissance, mais de belles images qui vous resteront dans la tête, ce pour votre plus grand plaisir.

Le cabaret du fruit défendu
Le cabaret du fruit défendu

Synopsis :
Une soirée d’effeuillage burlesque chic et chaude pour monter au septième ciel tout en déshabillant les tabous sur le corps le genre & la sensualité ! Dans le cadre des Divins Jeudis, La Divine Comédie vous propose chaque jeudi un cabaret burlesque différent ! Le second jeudi de chaque mois, le Burlesque Klub présente « Le Cabaret du Fruit Défendu », un spectacle mythologique au bon goût d’interdit. Adam et Eve vivaient tranquilles et nus dans le Jardin d’Eden quand, punissant leur gourmandise, on les refeuilla littéralement le pauvre Adam et couvrit pudiquement les tétons d’Eve… Nous héritâmes en prime de la pudeur, de la honte, du péché et de toute une collection de complexes et de stéréotypes indigestes. Notre Fruit Défendu a l’effet inverse: à chaque bouchée, à chaque numéro, nous perdons des vêtements, et nous gagnons une dose de plaisir et de liberté. Notre Fruit défendu, c’est un buffet à volonté de la crème du Burlesque parisien, avec des numéros rares ou inédits rassemblés pour la première fois sur la même scène.

Croyez-en Oscar Wilde : la seule façon de se libérer d’une tentation, c’est d’y céder!

Découvrez aussi les autres spectacles des Divins jeudis : Le Cabaret de la Méduse, 8 Hommes et Sucre d’Orge vous montre son Luth!

Artistes : Chanelle De Mai, Sucre d’Orge, Petula Gold Fever, Vicomte Harbourg, Saint Sébastian, Laura Chevalier-Lamu, Lolita Laze.

Informations pratiques et réservations : ICI

Dernier article de Laëtitia : https://www.justfocus.fr/spectacles/une-belle-histoire-dhumour.html