Il est clair qu’Álex Pina et Álvaro Morte (notre cher et séduisant professeur) cités dans le même projet, donne envie de jeter un coup d’œil, même si réticent à El embarcadero. Pourquoi réticent ? Parce qu’après ce succès planétaire qui a été La casa de papel, on aurait tendance à se lancer d’emblée dans une nouvelle production avec l’espoir que le réalisateur ait à nouveau été touché par la grâce. Du coup une série créée avec l’arrogante certitude qu’elle s’exportera dans le monde entier, donne comme résultat un amalgame de sujets, chansons, paysages et messages greffés dans un fil conducteur titubant et sans âme qui se veut… un thriller ?
L’histoire
Alexandra et Oscar vivent un amour parfait mais une nuit, la police annonce à Alexandra que son mari s’est suicidé dans la nuit. Elle apprend alors que celui-ci menait une double vie avec Veronica. Elle va alors se rapprocher de cette dernière pour comprendre ce qui s’est réellement passé. (Wikipedia)
Fiche technique
Titre original: El embarcadero
Genre: série dramatique
Création: Álex Pina, Esther Martínez Lobato
Pays d’origine : Espagne
Nb. de saisons 2
Nb. d’épisodes 16
Durée 50 minutes
Diff. originale 18 janvier 2019 – 17 janvier 2020
Site web https://elembarcadero.movistarplus.es/
Distribution
Álvaro Morte, Verónica Sánchez, Irene Arcos, Roberto Enríquez
Impressions
Impossible de ne pas penser à Almodóvar et à sa capacité d’ajouter la chanson qu’il faut exactement au moment qu’il faut. Il caresse par ce fait l’Espagne que j’aime tant et nous transmet ce sentiment de faire partie du décor. Ou Wan kar-wai qui a toujours su très adroitement nous embarquer dans la ville de Hong Kong, nous submergeant dans une ambiance très propre à son style. Si l’un des buts d’Álex Pina était de transmettre l’essence de l’Espagne, c’est raté, parce que la seule chose qu’on finit par croire, c’est que le sexe en Espagne c’est du grand n’importe quoi.
Dans le cas de ‘La Jetée’, nous ne serons pas touchés ni par les paysages, ni par la mer, ni par le village ni encore moins par les personnages. Et même si les chansons sont magnifiques, elles sont très calculées, comme une sorte d’autocollant au milieu du papier peint. Cette volonté de donner une sensation de liberté, se voit avortée et remplacée par toutes ces scènes de sensualité sauce au miel et tout ce sexe à outrance. À croire que depuis Les 50 nuances de Grey, on cherche à en faire tellement plus qu’on se demande quelle sera la prochaine étape ! Aucune intention de jouer les prudes mais c’est que, malheureusement, l’intrigue patauge et a beaucoup du mal à sortir son nez de l’eau au milieu de tout ce méli-mélo.
Cette même intrigue, portée sur les épaules du personnage d’un Álvaro Morte, qui flâne en off partout les petits espaces que le scénario a bien voulu lui accorder, n’est finalement qu’illusion. Dommage, son talent n’a pas de tout été mis en valeur mais plutôt bafoué. Les personnages qui gravitent autour cet axe enfui sous des milliers des couches, prennent trop de place. Leur personnalité pas crédible ne réussit pas à sauver la présence du scénario. En regardant la fin du tout dernier épisode, il n’y a qu’une phrase qui nous viendra à l’esprit : Tout ça pour ça…