Un cabaret et de la chanson française à la Villette

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© Philippe Delacroix

Pour dix représentations au Hall de la Chanson de la Villette, puis en tournée à Avignon en juillet, le Cabaret stupéfiant, néo Club des haschischins, vient reprendre des standards français et américains dans une ambiance de volutes artificielles.

 

Eviter le cabotinage autour de l’ivresse

Ce club stupéfiant s’arme de deux musiciens et d’un vidéaste, reproduisant un montage d’images tentant l’invitation au voyage baudelairienne. Du psychédélisme, des reflets rayonnants, et Antonin Artaud qui nous montre sa face cassée par les électrochocs des cliniques psychiatriques.

L’interaction avec le public sur les paradis artificiels n’est pas suffisamment bien amenée pour toucher le public sans gonfler la caricature. L’enjeu est également risqué pour Olivier Garouste (au montage) et ses musiciens-comédiens. tant reproduire les effluves des alcools et des drogues peut facilement virer au ridicule. Toute cette constellation chimique à rendre compte est-elle donc un défi trop élevé ?

 

Odja Llorca
Odja Llorca

Une lente montée vers la maîtrise

Le début laisse transparaître la hauteur de la montagne à gravir : des yeux cernés de noir, des mimiques tordues, des déhanchés malhabiles, des signes peu subtils qui font craindre du pire. Le très bon choix des morceaux et la prestation exponentielle d’Odja Llorca convainc de plus en plus, et élague les inquiétudes d’un début de spectacle parodique et trop fanfaron.

C’est une « libre évocation » (Véronique Bellegarde), il ne faut pas s’y rendre pour voir renaître le Club baudelairien, mais simplement pour une production inspirée. Preuve en est avec la sélection hétéroclite des titres : du Nino Ferrer, du Lou Reed, du Bashung, des poèmes chantés de Ginsberg, mélange de fulgurance et d’accalmies.

 

Un cabaret à l’ambition réussie

La mise en scène est quasi inexistante et la vidéo touche parfois à l’expérimental bancal (jeu des reflets sur un verre). Mais la prestation, dès qu’elle se met en marche et abandonne ses grimaces épaisses, est réussie. Dans ce Cabaret stupéfiant, l’ambition est à saluer véritablement.

 

Infos pratiques

« Le Cabaret stupéfiant » du 8 au 24 avril 2016 au Hall de la Chanson

Reprise au Festival d’Avignon Off le 18 juillet puis du 25 au 30 juillet 2016 (Théâtre Gilgamesh)

Hall de la Chanson / Pavillon du Charolais – Parc de la Villette
211 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris
01 53 72 43 00