Avec Pneuma, Carolyn Carlson célèbre le mythe d’Icare

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Artiste associée au Théâtre National de Chaillot, Carolyn Carlson nous propose avec Pneuma un spectacle entre sensibilité et ivresse. Du 17 au 20 février, Pneuma a séduit les spectateurs de Chaillot.

 

Pneuma: des tableaux d’une esthétique et d’une poésie rares 

Pneuma s’ouvre sur une scène dépouillée, immaculée de blanc. Le public plonge immédiatement dans une atmosphère onirique : dans le fond, un arbre flottant dans les airs, un praticable transparent et une lumière éclatante de pureté. Deux personnages habitent ce décor irréel. Le premier est un homme en costume noir et le deuxième, une silhouette aux allures d’ange noir, déployant et repliant ses ailes à l’envie.

Puis, comme des vagues, comme des plumes tourbillonnants dans l’air, les danseurs apparaissent sur scène. Leurs costumes sont aussi légers que leurs pas, aussi fluides que leurs corps. Inspiré de l’essai de Gaston Bachelard « L’Air et les songes », le spectacle « Pneuma » (le souffle, l’esprit aérien en Grec) prend alors tout son sens à mesure que les tableaux se succèdent. On en compte sept au total, dont « Les corps flottants qui n’atterrissent jamais », « La chute imaginaire », ou encore « La  machine respirante, l’homme »….

Comme un retour au mythe fondamental d’Icare, Carolyn Carlson chorégraphie l’aspiration à l’ascension, à l’envol, à l’au-delà, jusqu’à cette impression parfois de lévitation, voire d’évaporation des corps. Dans cette « poésie visuelle », c’est alors le temps, comme les corps, qui parait suspendu dans les airs.

 

Une ode à l’espace aérien célébré par des corps d’une sensualité pure

Pneuma_SigridColomyes-3[1]Dans ce monde onirique et poétique, les danseurs paraissent tantôt glisser tantôt voler. Dans des mouvements fluides, aériens, légers. Ils s’élèvent, tombent, bondissent, tournoient jusqu’à hypnotiser les spectateurs. Leurs traversées les rends parfois nuages, parfois courants d’air, et parfois brise légère…

La simplicité des mouvements n’a d’égal que leur efficacité, car Carolyn Carlson a voulu que ce spectacle parle directement à chacun :

« Il n’y a absolument rien à comprendre, il y a tellement de cases intellectuelles où l’on nous dit ce qu’il faut comprendre, là le public doit venir ouvertement et juste le ressentir » Carolyn Carlson

Et la maîtrise et la grâce des 22 danseurs se chargent de nous toucher droit au cœur. Par l’osmose entre la musique, le décor, les costumes, la lumière et les chorégraphies, le spectacle Pneuma nous donne à voir une véritable poésie dansée.

 


 

Chorégraphie: Carolyn Carlson
Musique: Gavin Bryars
Lumières et scénographie: Rémi Nicolas