Les séries illustrant les violences policières et le racisme aux USA

0
976

Le meurtre de George Floyd par un policier aux États-Unis a créé un réel mouvement de révolte. Chez la communauté afro-américaine bien sûr, mais également dans le monde entier qui s’est indigné des violences policières et du racisme omni-présent.

L’équipe de JustFocus a été réellement touchée par les nombreuses manifestations qui ont eu lieu en hommage à cet homme, décédé le 25 mai dernier. C’est pourquoi nous avons réalisé cet article commun regroupant 4 séries ou épisodes de série mettant en avant le racisme toujours bel et bien présent aux États-Unis.

How to Get Away with Murder

Les séries illustrant les violences policières et le racisme aux USA

Le synopsis : Professeure de droit pénal et avocate renommée, Annalise Keating (Viola Davis) a offert la possibilité à quelques-uns de ses étudiants de travailler pour son cabinet. Hors, ils finissent par être impliqués eux-mêmes dans une affaire de meurtre.

Après six années de meurtres et de procès acharnés, How to Get Away with Murder  vient de s’achever aux États-Unis. C’est une série qui se veut inclusive, à plusieurs égards. L’héroïne elle-même est noire-américaine et pan-sexuelle, une orientation sexuelle peu connue souvent confondue avec la bisexualité. Ainsi, ces personnages sont de tous horizons et apportent un véritable effet de réel à la série. Ce qu’on peut lui reprocher, par contre, c’est d’avoir une narration parfois trop complexe à suivre. Le suspens n’en est pas moins toujours au rendez-vous, chaque saison multipliant les rebondissements. Au final, tous les éléments parviennent toujours à s’imbriquer les uns dans les autres. Il était cependant temps que la série s’arrête, afin de ne pas devenir trop redondante. Tant pour l’évolution des personnages, que pour ses intrigues. On peut, en tout cas, saluer la performance de Viola Davis, époustouflante dans le rôle du personnage complexe d’Annalise Keating.

Du fait de son côté inclusif et de sa popularité, How to Get Away with Murder apporte bel et bien sa pierre à l’édifice dans la lutte contre le racisme. L’héroïne elle-même défend, à plusieurs reprises, des noirs-américains. Elle prend d’autant plus leurs histoires à cœur, qu’elle a dû lutter plus que quiconque, en tant que femme noire-américaine. Par ailleurs, la Gouverneure fait tout pour mettre en péril l’initiative de clinique juridique d’Annalise. La mort de Nate Lahey Senior, quant à elle, a lieu durant son transfert. Qui plus est, elle se déroule sous la surveillance de deux gardiens de prison, peu après la victoire de son procès.

Self-Made : d’après la vie de Madam C. J. Walker

Les séries illustrant les violences policières et le racisme aux USA

Le synopsis :  La mini-série Self Made : Inspired by the Life of Madam C.J. Walker est composée de 4 épisodes d’environ une heure chacun. Elle est inspirée d’une histoire vraie, celle de Madam C.J. Walker interprétée par Octavia Spencer. Elle fait partie de la première génération post ségrégation aux États-Unis et devient la première femme afro-américaine millionnaire aux États-Unis.

Cette œuvre, en plus d’être inspirante, nous fait voyager à travers le temps. Direction les États-Unis donc dans les années 1860, quelques années après l’abolition de l’esclavage. Sarah Breedlove alias Madam C.J. Walker, se remarie, après avoir été veuve à seulement 20 ans, à un certain Charles Joseph Walker. Dans la série, elle redécouvre la beauté de la vie en passant par l’art de prendre soin de ses cheveux. Pas toujours facile à l’époque, puisque aucun produit n’était destiné aux cheveux crépus. Excepté ceux de chez Addie Munroe, un personnage inspiré de Annie Malone.

Une concurrence s’installe alors entre les produits capillaires crées par Madam C.J. Walker et ceux de chez Addie. La mise en scène du premier épisode est d’ailleurs très axée sur cette bataille de clients puisqu’elle est illustrée par un ring et deux boxeuses : Addie et C.J. De nombreuses références historiques sont faites dans la série et notamment autour de Mr. Rockefeller, premier milliardaire de l’époque contemporaine. Il fait partie du mythe américain des self-made men. Il est une réelle inspiration pour la femme d’affaire et elle finit d’ailleurs par le rencontrer grâce à son succès. Le titre Self-Made fait donc très certainement référence à ses entrepreneurs à succès.

Cette série met en avant des sujets qui sont encore et toujours, malheureusement, d’actualité : le racisme et le sexisme. Le racisme est illustré de deux façons bien distinctes. Premièrement, par la domination que pensent avoir les hommes blancs sur les personnes noires. Une scène, particulièrement marquante, met en avant le futur homme d’affaire de Madam C.J. Walker. du nom de Freeman Ransom. Il est, avant d’être engagé chez la femme d’affaire, bagagiste dans une gare ferroviaire. Un homme, blanc, l’accuse d’avoir abîmé sa valise sur un ton odieux alors que Ransom affirme avoir posé la valise délicatement.

Une accusation sans fondement qui dérive sur des insultes racistes. L’autre façon de mettre en avant le racisme est le fait de différencier tout au long de la série les personnes métisses et noires. Addie elle même, métisse dans la série, traite Madam C.J. Walker avec dédain notamment car elle est noire. Quant au sexisme, il reste un fléau dans notre société actuelle. Il est mis en scène par le mépris des investisseurs financiers lorsqu’ils se rendent compte que la patronne est une femme. Une série qui reflète tristement des problèmes encore bien présents dans notre société.

Station 19 : épisode 10 – saison 3 

Les séries illustrant les violences policières et le racisme aux USA

Le synopsis :  L’épisode 10 de la saison 3 de Station 19, le spin-off de Grey’s anatomy est particulièrement parlant sur la condition des personnes de couleurs aux Etats-Unis. Dans cette série, on peut suivre Ben Warren (ancien chirurgien et ex-anesthésiste dans Grey’s anatomy) évoluer au sein de la caserne de pompier station 19 à Seattle. On s’attache rapidement aux personnages qui ont chacun leurs failles et leurs histoires.

L’épisode en question s’ouvre sur une réunion post-traumatique suite à la mort de Vasquez (le tout nouveau pompier de la caserne). Le capitaine annonce à l’équipe que le Dr Lewis (une psychologue au caractère bien trempé, spécialisée pour les pompiers) va s’entretenir avec chacun d’entre eux pour prévenir un éventuel traumatisme. C’est donc à cette occasion qu’on peut voir Ben Warren se confier à cette psychologue. Cette dernière lui pose la question suivante : « Quand avez-vous été le plus en colère ? »

Mâchoire serrée, yeux pleins d’éclairs, il raconte pendant que nous voyons se dérouler la scène devant nos yeux. On peut voir Ben se garer sur le bas-côté après avoir été suivi par une voiture de police, sirènes à plein volume. Le policier est de type caucasien, une main portée à son arme lorsqu’il demande d’un ton autoritaire en arrivant près de la voiture : « laissez vos mains sur le volant !« . Ben répond presque aussitôt calmement : « Elles le sont. Est-ce que j’allais trop vite ? » mais le policier ne le laisse pas finir en lui ordonnant à nouveau “vos mains !” Ben tente de se justifier à plusieurs reprise : « mon nom est Ben Warren et je suis pompier« .

Mais le policier ne veut rien entendre, il lui demande de sortir de la voiture et de se mettre à genoux, le visage contre le sol. Il finit par s’exécuter même s’il n’a rien fait. On voit la colère dans son regard, mais il reste calme. Il lui demande ensuite en criant ses papiers alors qu’il est au sol sans défense. Il regarde ses papiers puis fini par lui dire avec un regard haineux que son feu arrière est cassé. Le policier repart de son côté, et Ben, humilié laisse éclater sa colère : « Je ne suis pas que pompier. Je suis un chirurgien. Je suis un mari. Je suis un être humain ! Je suis un être humain et vous m’avez fait me coucher à vos pieds. »

La scène nous ramène vraiment au climat actuel de ce qu’il se passe aux États-Unis en ce moment. Les personnes de couleurs qui sont humiliées par peur de se faire tuer. La discrimination à laquelle ils doivent faire face est bien mise en exergue dans cet épisode. On comprend par la suite que la femme de Ben n’est pas seulement inquiète parce qu’il est pompier, mais elle est aussi inquiète parce qu’il est de couleur noire. Il ressort de cette épisode un profond sentiment d’injustice.

Brooklyn Nine Nine : Episode 16 – Saison 4

Les séries illustrant les violences policières et le racisme aux USA

Le synopsis : Brooklyn Nine Nine est une série américaine se déroulant dans un commissariat de police. Celui de Brooklyn, poste 99. Il s’agit d’une comédie chorale, avec plusieurs personnages principaux, dont Jake Peralta, Amy santiago ou encore le lieutenant Terry Jeffords et le capitaine Raymond Holt. Les enquêtes sont résolues sur un ou deux épisodes et presque toujours sous le ton de l’humour, avec légèreté.

Chaque personnage a son caractère bien particulier, on s’y attache donc très vite. En plus des enquêtes policières, on y voit un réel esprit d’équipe, d’entraide qui nous fait penser à une bande d’amis qui font les 400 coups ensemble. Péripéties, histoires d’amour, problèmes de famille... : tout y est. Dans l’épisode 16 de la saison 4, nommé Meuh-Meuh, on rencontre même de plein fouet un problème de société qui persiste. Le racisme ordinaire.

Terry Jeffords, le lieutenant du commissariat, est un américain à la peau de couleur noire. Il se voit obligé d’aller en pleine nuit à la recherche du doudou de sa fille, tombé de la voiture quelques heures plus tôt. Lors de sa quête nocturne, il se retrouve face à un policier, blanc, qui hausse le ton très rapidement. Jeffords tente d’expliquer qu’il est également policier et qu’il est juste venu chercher le doudou de sa fille. Le policier ne le laisse même pas terminer sa phrase et le menotte violemment. Sans aucune raison.

Le lendemain, énervé, Terry décide d’aller parler au policier qui s’excuse simplement car s’il avait su qu’il était policier, il ne l’aurait pas traité de la sorte. Il reconnait alors son racisme profond. Le lieutenant décide de porter plainte mais son supérieur, le capitaine Holt, lui-même afro-américain, lui déconseille, « pour son bien », par peur des préjudices qu’il pourrait avoir.

L’épisode représente le quotidien de milliers de personnes dans le monde, arrêtées simplement pour leur couleur de peau. Ce qui en découle est la peur de dénoncer ces crimes et ces insultes. Même si le capitaine changera d’avis au cours de l’épisode et que le lieutenant ira jusqu’au bout de sa plainte, on ressent les conséquences de cet acte. Le lieutenant avait postulé pour travailler à la mairie, sa demande est refusée quelques jours après sa plainte. Le racisme est évoqué plusieurs fois dans la série, notamment lorsqu’elle nous conte comment le capitaine a réussi à grimper les échelons malgré une discrimination sur son physique.

Le casting de la série a d’ailleurs réalisé un don de 100 000 dollars à une association lors des émeutes pour George Floyd. Un geste touchant et en accord avec les personnages que les acteurs interprètent.

Bien que le sujet soit moins tabou qu’auparavant, le racisme et les violences policières sont toujours bien présents. Le décès de George Floyd prouve encore une fois ce que les films et séries dénoncent depuis des années.

 

Article rédigé par Emilie Gille, Elya, David Duchêne et Barbara Silvera-Sonigo