Interview d’Anne-Gaëlle Daval, costumière pour Kaamelott et femme d’Alexandre Astier

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On ne la voit jamais à l’écran pourtant elle est bien là, dans chaque costume que portent les acteurs. Si elle a joué la dame du Feu lors de l’épisode 2 du Livre VI, Anne-Gaëlle Daval est avant tout chef costumière pour la série Kaamelott. C’est aussi celle qui partage la vie d’Alexandre Astier, avec qui elle a eu cinq enfants. Armures, casques, costumes, c’est grâce à elle que nos personnages favoris sont si facilement identifiables. Elle nous parle des dessous de la série, du respect des codes historiques et nous livre quelques petits secrets.

 

Kaamelott

 

Anne-Gaëlle Daval, en quoi consiste votre métier ?

Je fais les costumes ! (rires). Sur Kaamelott, je les ai dessinés, cousus et j’ai fait tout ce qui était textile. Je ne me suis pas occupée des armures parce que c’est une technique particulière que je ne connais pas. Je les ai faites faire.

 

Que pouvez-vous nous dire sur ces armures ?

Il y a plusieurs types d’armures. Au début, on a des armures qui datent du XIVe siècle et qui ne sont donc pas bonnes. Je suis allé les chercher dans le Jura chez des armuriers passionnés qui faisaient ça. Ces armures datent du court-métrage Dies Irae. On les avait gardées pour la saison 1. Elles étaient trop datées, donc on s’est orienté vers un choix un peu plus heroic-fantasy avec des armures en cuir. Celles-là, je les ai dessinées et c’est un artisan de Nîmes qui me les a fabriquées. Pour la partie romaine, ce sont des armures qui viennent d’Italie. Sur la saison 6, on avait une économie plus importante, du coup j’ai pu faire de la location chez de vrais loueurs de cinéma qui ont l’habitude. C’est pour ça qu’elles étaient aussi réalistes.

 

Les armures pèsent 18 kg chacune, il fallait 20 bonnes minutes aux comédiens pour les enfiler

 

Et qu’en est-il de l’armure cache-col d’Alexandre dans les premières saisons ?

C’est un gorgerin. Tout ce qui rend ridicule et qui est drôle l’amuse beaucoup. Je pense qu’il a dû adorer avoir des trucs très contraignants et très ridicules. Il a accepté tout de suite. Après, il faut savoir que les armures pesaient 18 kg chacune et que pour les mettre, il fallait 20 bonnes minutes pour chaque comédien. C’était techniquement hyper difficile parce qu’il fallait se lever à 5h du matin pour habiller tous les chevaliers. C’était très contraignant pour les acteurs, très dur à porter et ça faisait mal. Mais si cela avait été la bonne époque, on les aurait gardées. Sauf que c’était complètement anachronique par rapport à l’époque à laquelle on se référait.

Dies Irae

 

Même la fameuse scène des casques ridicules ?

Pour cette scène, ce ne sont que des recherches historiques. Tous les casques ont existé !

Perceval

 

De quoi vous êtes-vous inspirée pour ces costumes ?

Kaamelott a un peu évolué entre les premières saisons et les dernières. Au début, comme c’était de petites pastilles de 3 minutes, l’intérêt était d’identifier rapidement chaque personnage puisqu’il y en avait beaucoup. On a travaillé sur un système de code couleur : chaque personnage et chaque chevalier en avait un. Les costumes sont du XIe siècle mais la légende Arthurienne est antérieure, donc on est revenu dans les dernières saisons à des costumes plus anciens.

 

Comment avez-vous choisi ce fameux code couleur ?

On les a choisis par rapport au physique des comédiens. Le bleu pour Perceval, le blanc pour Lancelot car c’est la couleur de la traîtrise, etc. C’est vraiment en regardant les photos des comédiens. Certaines morphologies appellent certaines couleurs.

 

Sur les six saisons, il y a un hangar entier plein de costumes

 

Combien la série compte-t-elle de costumes ?

Sur les six saisons, il y a un hangar entier plein de costumes.

 

Comment vous est venue l’idée des caches-tétons du seigneur Bohort ?

Je ne m’en souviens absolument pas ! Je ne me souviens pas pourquoi j’ai mis ça. C’était au tout début et je crois qu’à l’époque où je concevais les costumes, nous n’avions pas identifié Bohort comme étant le personnage qu’il est. Je pense que c’est un hasard…

Les caches-tétons de Bohort

 

Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors des tournages ?

Quand j’ai commencé, je sortais de l’école. J’ai un diplôme des métiers d’art option costumière réalisateur, c’est un diplôme d’artisanat sur les costumes qui s’appelle la DRA. J’ai fait quelques longs-métrages mais j’ai été très vite sur Kaamelott. C’était un énorme travail et je pense que j’étais un peu novice dans le métier. Je l’ai un peu appris grâce à Kaamelott. J’ai fait une expérimentation sur une longue durée. J’ai surtout pu bouger les choses au cours des saisons et ça c’est chouette.

 

Des souvenirs particuliers à nous faire partager ?

J’ai des souvenirs d’un énorme travail et d’une masse de costumes incroyables. J’ai aussi des souvenirs de tournage incroyables : on avait tourné une nuit dans le Vercors, c’est la scène où Arthur a une tête de loup. Il faisait froid, on en avait marre et ils avaient monté ce petit terre-plein pour le théâtre au milieu de la montagne. C’était absolument merveilleux comme ambiance de cinéma. Il y avait, comme ça, des petits moments de grâce quand on fait du cinéma. On se dit que c’est incroyable d’être là au milieu de la forêt avec un petit théâtre. J’avais trouvé ça tellement beau.

 

Comment les costumes vont-ils évoluer pour Kaamelott le film ? (Question piège)

Ça, je ne sais pas. On n’est pas au courant… (sourire) C’est secret, c’est son truc à Alexandre, sa façon de fabriquer. Moi je respecte ça. On ne parle jamais du boulot à la maison.

Alexandre Astier