Critique « The Rain » (Netflix) : un cøup de frøid

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Exit les kilomètres de neige et les enfants disparus : le petit écran scandinave compte s’imposer sur un marché mondial pourtant saturé, et il le fait comprendre avec The Rain.

Subtilement surnommé The Bretagne par quelques sudistes fiers sur la page facebook de Netflix,  le nouveau « survival » made in Danmark de la plateforme a tout pour séduire. Ou du moins, c’est le cas sur le papier. 

« Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. »

L’ennemi, Charles Baudelaire.

 

L’eau mouille, la pluie tue

Imaginez. Jeune lycéenne préparant l’équivalent du TPE danois, vous êtes sur le point de conclure avec le bel homme un peu cliché de votre classe lorsque votre père vient vous chercher. Si la première minute de la série peut faire penser celle à d’une comédie américaine, la suite, elle, est digne du drame. Le père sait en effet quelque chose que personne ne peut soupçonner : la pluie contiendrait un virus, et le simple contact avec la peau entraînerait une mort ferme et quelque peu définitive. La jeune fille et son frère sont donc mis à l’abris de ce désastre écologique dans un bunker appartenant à une mystérieuse société employant leur père. Livrés à eux mêmes, les enfants vont vivre en autarcie jusqu’au jour où, manquants de vivres, ils vont être contraints de regagner la surface. Un difficile retour à la réalité pour ces enfants devenus adultes (ou adolescents), ne laissant pas d’autre choix que celui de s’allier avec d’autres survivants afin de retrouver leur père et obtenir des réponses sur les causes de la quasi-extinction de l’espèce humaine. Autant ne pas faire les choses à moitié.

Critique « The Rain » (Netflix) : un cøup de frøid

 

Le Danemark, pays de l’écologie et du recyclage

Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Digne représentant d’une vision culturelle du futur assez peu optimiste, The Rain reprend tous les codes des drames post-apocalyptiques sans jamais réellement changer la donne. Les esprits informés reconnaîtront ainsi la base scénaristique de la série britannique Survivors, arrêtée par BBC One au terme de sa seconde saison, ou encore certains plans urbains iconiques de 28 Jours Plus Tard de Danny Boyle. Nous ne parlerons pas du fait que nous avons vu assez d’arbres dans The Walking Dead pour nous immuniser d’une quelconque envie de tout plaquer pour devenir bûcherons au Canada.

The Rain tend à sortir du lot par son atmosphère résolument nordique propre au cinéma scandinave, dont beaucoup se sont inspirés sans jamais arriver à en percevoir les nuances, si ce n’est l’excellente surprise nommée Tin Star. Ainsi, les vastes zones abandonnées laissées en pature à une nature devenue hostile deviennent une arme, un personnage à part entière contribuant à la mise en place d’une ambiance oppressante, glaçante. L’ambiance sonore, avouons le, plutôt bien choisie, ponctue la séries de chansons de MØ, de Cigarettes After Sex, d’Agnes Obel ou encore de Perfume Genius. Des choix musicaux résolument axés sur la jeunesse, mais présentants une réelle maturité et un réel poids lors de leur mise en parallèle avec l’atmosphère de la série.

 

“L’adolescence est le temps où il faut choisir entre vivre et mourir. »

La citation de l’écrivain stéphanois Hafid Aggoune a rarement pris autant de sens. Le fait de suivre des adolescents contraints de rapidement devenir adultes sans avoir pu s’y préparer est intéressant dans la mesure où cela permet une grande évolution des personnages. Le spectateur peut s’identifier à ceux-ci en découvrant le monde à travers leurs yeux empreints d’une forme de naïveté et d’une innocence devenue rare alors que la civilisation vit ses derniers instants. Malheureusement, à la manière du premier épisode de la série The 100, les actions incohérentes des personnages et leurs manies font plus penser à un teen movie initiatique qu’à un véritable « survival » se revendiquant héritier de La Route

 

Si The Rain tend à provoquer un binge-watching chez les spectateurs, la série ne semble pas laisser un souvenir indélébile. Ne se démarquant ni par l’originalité de son scénario, ni par le charisme de ses personnages, elle sort du lot par l’attention portée à l’atmosphère visuelle et sonore. Et on ne va pas mentir, on passe un bon moment. A regarder armé d’un plaid, avec la pluie.

 

Bande annonce de The rain