Critique « The One » (Netflix) : et si l’amour était un phénomène génétique ?

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Et si chaque être humain possédait une âme soeur grâce à la compatibilité des ADN ? Tel est le postulat de The One, nouvelle série Netflix sortie sur la plateforme le 12 mars. La promesse de science-fiction est-elle seulement tenue ?

À l’instar de la série française Osmosis, cette série britannique fait le pari de l’amour comme une sorte de fatalité génétique. Il suffirait alors d’un seul cheveu pour trouver son partenaire idéal. Composée de huit épisodes, The One est adaptée par Howard Overman (Misfits), du roman de John Marrs, Âmes soeurs, publié en 2017. Le récit diffère pourtant largement de l’oeuvre originale, relevant davantage de l’adaptation libre que d’un copier-coller pur et dur.

Au cours de cette première saison, nous suivons alors Rebecca Webb (Hannah Ware), charismatique fondatrice de The One. Généticienne, c’est avec un ami, James (Dimitri Leonidas) qu’elle a fait le pari fou de baser la recherche d’un partenaire idéal sur une compatibilité ADN. Il n’y aurait alors qu’une seule et même personne pour chacun des êtres humains, et celle-ci pourrait se trouver à l’autre bout de la planète. Cette découverte bouleverse alors totalement la conquête sentimentale, ringardisant même les applications de rencontre.

Matheus (Albano Jerónimo) & Rebecca (Hannah Ware)
Matheus (Albano Jerónimo) & Rebecca (Hannah Ware)

Des visages peu connus du grand public

The One est avant tout portée par son actrice principale, Hannah Ware, à la filmographie peu fournie malgré une apparition dans Shame de Steve McQueen en 2011 aux côtés de Michael Fassbender. Elle y campe le rôle de Rebecca Webb, intransigeante femme de pouvoir à la tête de The One.

Héroïne sans limite qui n’hésite pas à faire chanter des politiciens, à acheter le silence des uns et des autres pour préserver ses plus sombres secrets, Hannah Ware incarne brillamment cette femme de pouvoir. Femme d’affaires au bras long, Rebecca n’a que peu de scrupules, et est de ces personnages qu’on adore détester. D’autant plus qu’elle possède en réalité un double-visage, où elle feint, entre autres, une relation idéale avec son compagnon Ethan (Wilf Scolding) – relation supposément née grâce à The One. L’écriture de ce personnage féminin et son évolution à travers les flashbacks permettent par ailleurs de se plonger dans sa psychologie.

Rebecca Webb fait pourtant face à une policière déterminée à la faire tomber, Kate Saunders (Zoë Tapper). On peut dire qu’elle est au moins aussi présente à l’écran que la protagoniste, créant une dynamique d’antagonistes féminines.

Globalement, le casting est réussi avec de nombreux noms du petit écran tels qu’Albano Jerónimo (Vikings, L’Ordre moral) ou encore Wilf Scolding – Rhaegar Targaryen dans Game of Thrones. En revanche, Lois Chimimba (Doctor Who), interprète d’Hannah, semble mal à l’aise dans son rôle, ce qui donne un sur-jeu plutôt désagréable.

Hannah (Lois Chimimba) & Mark (Eric Kofi-Abrefa)
Hannah (Lois Chimimba) & Mark (Eric Kofi-Abrefa)

Un concept prometteur…

Indéniablement, l’idée de départ est excellente et soulève des questions suscitant la réflexion, dans lesquelles une majorité de personnes pourraient se reconnaître. Par exemple, même si on est heureux en amour, devrions-nous aller à la rencontre de celui qui est fait pour nous selon la génétique ? Ou encore, ne vaudrait-il pas mieux laisser faire le hasard d’une rencontre ?

Dans le premier épisode, le décor est planté dans un contexte actuel – et en même temps, légèrement futuriste. Ce qui rend l’idée d’autant plus intéressante, c’est que le match génétique est perçu comme une menace que le gouvernement britannique lui-même, souhaiterait neutraliser. En effet, les divorces sont à la hausse, puisque certains quittent leur conjoint pour leur amour « génétique ». Curiosité ou quête de perfection, faire le test de The One, c’est prendre un risque.

Par ailleurs, The One suscite la surprise car la série s’avère bien plus sombre qu’il n’y paraissait au premier abord. Rapidement, la police londonienne trouve un cadavre dans la Tamise. On lui trouve également un côté dystopique et oppressant. On note la récurrence d’un homme, devant le siège de The One, brandissant la pancarte « a match made in hell » (une rencontre faite en enfer).

Nick (Gregg Chillin) & Kate (Zoë Tapper)
Nick (Gregg Chillin) & Kate (Zoë Tapper)

Mais inabouti ?

Malgré le potentiel de l’idée de départ, le thème de l’amour selon la génétique reste sous-exploité. Le scénario se perd alors dans de trop nombreuses intrigues. Certaines sont parfois bien moins prenantes que les autres, comme celle autour du couple Hannah (Lois Chimimba) et Mark (Eric Kofi-Abrefa).

Si l’intrigue policière est bien menée, The One ne va pas au bout de ses ambitions. L’esprit science-fiction qui nous attirait tant, est malheureusement assez absent. La série parvient toutefois à mettre en lumière les dérives d’un tel concept. Cette possibilité ouvrirait davantage la porte à l’infidélité, ce qui entraînerait ruptures et divorces. Ainsi, on peut davantage définir The One comme un thriller dystopique que comme une série de science-fiction.

Cependant, l’amour selon la génétique ne semble pas toujours suffire au bonheur des protagonistes qui affrontent de nombreux obstacles. Parfois, on associe un être bienveillant à un autre, manipulateur, ce qui peut créer des couples asymétriques. D’autres fois, la vie met des bâtons dans les roues à ces couples en devenir. En revanche, la possibilité d’une erreur dans les matchs n’est quasiment jamais évoquée.

Enfin, la dernière scène semble présager une deuxième saison : celle-ci est un véritable cliffangher. À l’origine, The One a été conçue comme une mini-série à l’image du Jeu de la Dame.

Peu médiatisée, la série The One se trouve pourtant dans le Top 10 en France. Cela pourrait éventuellement conduire à la commande d’une deuxième saison par Netflix.

Bande-annonce de The One