[Critique] The Last Kingdom Saison 1

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L’Angleterre est à la mode. Vous avez aimé découvrir l’histoire des buveurs de thé avec Downtown Abbey, Outlander, Peaky Blinders, Reign, LesTudors Victoria ou encore The Crown ? The Last Kingdom vous plonge à l’époque médiévale, à l’origine du Royaume d’Angleterre. Le show de la BBC America retrace le destin (fictif) d’Uhtred de Bebbanburg, jeune seigneur de Northumbrie (au nord de l’actuelle Angleterre) qui a grandi dans une famille danoise. Par danoise j’entends bien sûr que le jeune homme a été élevé par de féroces vikings. La série est l’adaptation de la série de livres à succès « Les histoires Saxonnes » de Bernard Cornwell.

the last kingdom uhtred 1 [Critique] The Last Kingdom Saison 1

Uhtred fils d’Uhtred est l’héritier de Bebbanburg. Son père est très rapidement tué par les envahisseurs vikings. Uhtred, témoin de la scène, attaque le jarl Ragnar. Impressionné par le courage de l’enfant, il le prend sous son aile avec une autre enfant saxonne : Brida. D’abord esclave, les deux enfants sont adoptés par le jarl. Uhtred Ragnarson grandit comme un enfant danois, sur les terres occupées de Northumbrie. A l’âge adulte, son clan est trahi par d’autres vikings, sa famille adoptive est tuée et il se voit obligé de prendre la fuite. Il veut alors reprendre le domaine de Bebbanburg, usurpé par son oncle et venger son père adoptif.  Accompagné de Brida, il se rend à la cour du roi Alfred, homme très pieux qui défend le Wessex contre l’envahisseur viking. Uhtred va être constamment partagé entre les deux nations qui l’ont accueilli : saxon et danois, chrétien et païen.

 Dès les premiers instants on sent que la série se veut fidèle à l’histoire : les costumes, les décors, la mise en scène, tout est très recherché et malgré le manque de connaissances sur l’époque, tout semble réaliste. La situation est très vite mise en place et la narration ne perd pas de temps : Uhtred se considère à la fois Saxon et Danois et il croit en sa destinée pour reprendre ce qui lui revient de droit. Les personnages sont nombreux et permettent de mieux appréhender toutes les classes sociales présentes à cette époque. On retient particulièrement le jeu de Rutger Hauer (qui incarne Ravn, le père du jarl Ragnar) dans le premier épisode mais aussi David Dawson (le Roi Alfred). Rutger Hauer est une légende qu’on ne présente plus et malgré son rôle de vieillard aveugle, c’est lui qui en impose le plus alors qu’il est entouré de géants nordiques. Son maquillage est le plus soigné : le tatouage qui orne son visage est très bien travaillé et semble vraiment avoir vieilli. Quant à David Dawson, bien que son personnage soit d’abord antipathique, c’est celui qui évolue le plus. Il est tour à tour dur, touchant, détestable, admirable et c’est une très belle performance que nous offre l’acteur.

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La série se lance cependant dans un défi considérable. Cette époque précise a déjà été portée à l’écran avec beaucoup de talents par Vikings (qui sera mon point de référence). La série de History a marqué les esprits par son scénario épique, ses acteurs tous plus impressionnants les uns que les autres et par sa capacité à créer plusieurs personnages principaux intéressants (un peu à la manière de Game of Thrones). La comparaison entre les deux séries est inévitable et c’est là où le bât blesse pour The Last Kingdom. Dans Vikings on se passionne pour Ragnar, Rollo, Lagertha, Aslaug, Floki, Ecbert, Bjorn et j’en passe. Chacun a son destin, sa manière de voir les choses et de construire son avenir. Dans The Last Kingdom, Uhtred est le seul personnage principal. L’introduction de chaque épisode nous le rappelle. De plus, la dualité constante du personnage nous empêche de nous attacher à lui. Il trahit tous les camps qui lui offrent de l’aide, collectionne les amantes en semblant tout d’abord les aimer passionnément puis les abandonnant l’épisode suivant. Le personnage est irritant et on aimerait tous qu’il finisse par prendre une véritable décision plutôt que de se laisser porter par son pseudo destin. La comparaison avec Vikings refait ici surface : Alexander Dreymon, qui incarne Uhtred, remplit bien son rôle et arrive à s’imposer à l’écran mais on est loin du charisme de Travis Fimmel (alias Ragnar Lothbrok).

Dans le making-off, l’équipe créative explique bien qu’ils voulaient éviter toute comparaison avec d’autres séries quitte à modifier certaines choses en cours de route. Bien que l’effort soit honorable, la série perd beaucoup en saveur. J’évoquerai deux points : les costumes et les rôles féminins. Comparés à d’autres shows d’époque, les costumes sont très pauvres. Les costumes des saxons sont plutôt convaincants dans la limite où ils restent très simples pour coller à leurs vies pieuses. Mais les vikings se ressemblent tous, comme si ils portaient un uniforme. Leurs coiffures sont plutôt réussies mais les tatouages font vraiment faux. Les fourrures aussi sont très plates et paraissent fausses quand on les compare à Vikings ou même à Doctor Who. On déplore également que les personnages principaux ne changent jamais de tenues. On comprend dans la narration que la saison s’étire sur plusieurs années mais ni Uhtred ni Brida ne se changent. Cette dernière est le principal personnage féminin de la série. Amie et amante d’Uhtred, c’est une guerrière qui n’a rien à envier aux hommes. Et dès le second épisode, la comparaison avec Lagertha s’impose. Et fait mal. Brida n’a aucune profondeur. Elle suit Uhtred tant qu’elle n’a pas d’autres choix mais dès qu’elle en a l’occasion, elle part avec Ragnar le jeune. Elle n’est que suiveuse et ne prend pas de décision (Uhtred « la laisse partir » avec Ragnar, ce n’est pas elle seule qui le décide). Elle n’existe qu’au travers de la relation avec ces deux hommes là où Lagertha est indépendante et devient elle-même jarl. Mildrith et Iseult les deux autres compagnes d’Uhtred sont plus semblables à Aslaug. Mais là où Aslaug est une femme de pouvoir et capable de diriger un royaume, ces deux femmes vivent dans l’ombre des hommes. Mildrith est complètement passive et bien que les pouvoirs d’Iseult la rendent plus importante, elle reste soumise.

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La série n’en reste pas moins intéressante. Elle retrace cette période d’un point de vue inédit. La manière de filmer est dynamique et nous place réellement aux côtés des personnages. Les décors sont grandioses et la suite parait prometteuse. Le personnage de Hild, nonne violée qui aspire à devenir guerrière semble très prometteur. Cette première saison laisse tout de même une impression de frustration. Le destin d’Uhtred semble encore bien loin de lui.

 

Deux saisons ont été diffusées à ce jour et la troisième n’a pas encore été officiellement renouvelée. La série est diffusée sur Numéro 23 et la première saison sera disponible sur Netflix à compter du 22 octobre.