Critique « Outlander » (Netflix) saison 5 épisodes 1 à 4 : une tension palpable

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Déjà renouvelée pour une saison 6, Outlander nous embarque une nouvelle fois dans les aventures de Jamie et Claire. La série laisse cependant une place plus importante qu’avant aux personnages secondaires, tout en jonglant avec d’habiles parallèles avec le passé. Retour sur ce début de saison 5. Attention, spoilers !

À l’origine diffusée sur Starz, chaque lundi matin sort un nouvel épisode d’Outlander, pour bien commencer la semaine ! Les fans ont d’ailleurs eu la chance de retrouver leur série favorite avec une diffusion plus tôt que prévue. Ainsi, depuis le premier épisode de la saison 5, nous continuons de suivre les aventures des personnages, en Amérique. La colonie des Fraser, baptisée Fraser’s Ridge, est désormais bien établie en Caroline du Nord.

Brianna (Sophie Skelton) et Roger (Richard Rankin)
Outlander – Brianna (Sophie Skelton) et Roger (Richard Rankin)

Des personnages (et des spectateurs) en proie au doute

Le premier épisode commence par un flashback, propre à la série du fait de ses nombreux retours dans le temps. On y retrouve ainsi, les décors écossais faisant la beauté d’Outlander, avec ses highlands. De cette manière, le scénariste Matthew B. Roberts nous plonge dans l’enfance de Jamie et plus spécifiquement dans sa relation avec Murtagh (Duncan Lacroix). Nous y retrouvons ce dernier, jeune, le visage grave suite au décès de la mère du petit garçon. Le highlander fait part de son serment au petit Jamie. Cette promesse va guider le récit au long des premiers épisodes. Qui plus est, elle va expliquer à plusieurs reprises les doutes de ces deux personnages.

Dans le présent, Jamie se retrouve dans l’obligation de tout faire pour protéger sa famille… Ainsi, il se retrouve confronté à une terrible situation : livrer Murtagh, désormais chef des Régulateurs, au gouverneur Tryon. On doute alors jusqu’à la dernière minute de la décision de Jamie, jusqu’à temps que celui-ci libère son parrain pour lequel il a un amour presque filial. Il le libère de cette promesse, particulièrement présente dans le scénario de ce premier épisode.

On ne sait d’ailleurs pas si l’on reverra Murtagh, et quel destin les scénaristes ont prévu pour lui, surtout que nous aurions bien aimé voir évoluer sa relation avec Jocasta (Maria Doyle Kennedy – Les Tudors, Orphan Black). Son statut de leader était aussi particulièrement prometteur (par exemple, quand il mène une révolte assez violente dans l’épisode 2). Dans cette manière de représenter les Régulateurs, on se retrouverait presque à se mettre à la place des red coats, loyaux à la Couronne. Le scénario parvient même à nous faire douter, au début de la scène, de l’identité des bourreaux et des victimes. Les anglais ayant souvent été représentés comme bourreaux.

Entre traditions et mœurs de l’époque

On constate rapidement que le marié peine avec le dix-huitième siècle et ses mœurs. Cela nous rappelle le décalage de Claire avec l’Écosse des années 1740, au tout début de la série. L’anglaise n’était, comme lui, pas dans son élément. D’ailleurs, celle-ci continue de vouloir changer le cours de l’histoire. Elle se livre ainsi à de nombreuses expériences médicales dont elle risque de faire les frais. D’un point de vue scénaristique, on constate que la série est toujours aussi bien documentée et crédible.

Elle entraîne aussi Marsali (Lauren Lyle), dans ses expériences, ce qui donne enfin une véritable importance à ce personnage. On apprend également une partie du passé de celle-ci dans l’épisode 4, jusqu’ici resté mystérieux. Marsali devient alors plus intéressante, elle qui paraissait être en retrait dans la saison précédente.

Murtagh (Duncan Lacroix) et Jamie (Sam Heughan)
Outlander – Murtagh (Duncan Lacroix) et Jamie (Sam Heughan)

Par la suite, Jamie parvient à rassembler ses hommes, créant une milice. Le scénario tout comme la mise en scène, ne font pas de cet instant un recrutement banal. Au contraire, on fait appel aux traditions écossaises, dont celle de la croix de feu. Le personnage lui-même en explique le principe, d’un ton solennel, avec le charisme qui lui est propre. Cette tradition invitait les hommes d’un même clan à se rassembler, représentant une déclaration de guerre. On retrouve donc l’essence-même de la série qui repose sur l’héritage écossais, tant dans ses pratiques historiques que dans les costumes et la bande-son. Ces éléments nous emportent un peu plus encore dans l’authenticité désirée par l’auteure de cette saga littéraire, Diana Gabaldon. On entend cette même justesse dans les accents chantants des personnages, comme au cours des saisons précédentes.

Sam Heughan interprète ainsi un colonel convaincant, son personnage étant parvenu à mûrir un peu plus à chaque saison. Il protège d’ailleurs particulièrement ses hommes (dont Isaiah Morton, dans l’épisode 4) quand bien même il se voit contraint de déléguer certaines tâches à Roger. Il y a donc une certaine cohérence entre les nouvelles obligations de Jamie et les différentes intrigues qui se tissent autour de lui.

Roger, devenu capitaine, se voit alors assumer des responsabilités nouvelles. Certaines erreurs lui portent d’ailleurs préjudice dans sa relation avec Jamie, qui peine toujours à l’accepter. On remarque cependant une complicité entre les deux acteurs, qui jouent à la perfection cette relation tendue. Roger s’impose, doucement mais sûrement, tentant tant bien que mal de s’intégrer à cette époque bien différente de la sienne. Il peine à prendre les décisions, les bonnes surtout… 

Son évolution s’effectue pourtant à un rythme logique, au vu des différences de mentalités et de croyances religieuses. Ce n’est pas la première fois qu’Outlander prend son temps pour approfondir un personnage. Cependant, nous sommes surpris par l’incompréhension de Roger, dans la scène de la croix de feu, qui devrait être au fait de ces traditions, étant professeur d’histoire dans son époque. C’est une des incohérences qu’on peut relever le concernant.

Inquiétudes sur Fraser’s Ridge

Roger (Richard Rankin) et Stephen Bonnet (Edward Speleers)
Outlander – Roger (Richard Rankin) et Stephen Bonnet (Edward Speleers)

Par ailleurs, on se retrouve plongés dans la psychologie de Brianna, traumatisée par le viol commis par Bonnet. Ayant déjà pris de l’importance dans les saisons précédentes où des parallèles s’étaient établis entre Jamie et elle, la jeune femme est hantée par ce qu’elle a traversé. Régulièrement, son regard se perd dans la contemplation malsaine de dessins cathartiques qu’elle fait de son bourreau. Notre sang est au moins aussi glacé que le sien, à l’idée que son bourreau rôde toujours. La majeure partie de ses scènes tourne alors autour de celle-ci, ce qui pourrait paraître redondant mais qui ne l’est pas, suivant la logique dans laquelle s’inscrit le personnage.

Pourtant, il y a bien une scène que nous avons le plus vécue à travers ses yeux. C’est certainement celle où le petit Jeremiah échappe à sa surveillance, suscitant tant l’angoisse chez elle que chez le spectateur (épisode 4). Si le calme de Fraser’s Ridge peut paraître rassurant, il ne l’est pas. La scène se déroulant de nuit, le chalet montré avec un plan d’ensemble, on a spontanément l’impression que Bonnet surveille la jeune femme. Le plan qui suit, focalisé sur les deux enfants (dont celui de Brianna) attire l’attention sur eux. La musique reflète tant l’appréhension de la jeune maman, que la notre, tout comme les plans qui se succèdent plus rapidement. C’est probablement une des scènes les plus troublantes de ce début de saison, jouant avec nos nerfs à la perfection.

Outlander a toujours particulièrement misé sur la psychologie de ses personnages, que ce soit grâce à la voix off de Claire ou au passé semé d’embûches de Jamie. Cette fois, la réalisation tout comme le scénario des scènes de Brianna, sont centrés sur ses craintes les plus profondes. Sur ce point, la série continue sur sa lancée, sans pour trop concentrer sur le couple que forment les personnages principaux – comme ça a pu être le cas durant les précédentes saisons.

Au fil des épisodes, la tension monte, tant par rapport aux Régulateurs et aux nouveaux devoirs de Jaime, qu’à Bonnet qui reste plus ou moins dans l’ombre. On sait que le terrible capitaine n’est pas mort dans l’incendie qui a ravagé la prison dans laquelle il était détenu. Les Fraser en sont également conscients. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser aux saisons précédentes, quand « Black Jack » Randall parvenait à échapper à la mort plusieurs fois. C’est comme si le scénario se répétait, mettant en scène les bourreaux des Fraser, malmenés de père en fille.

Les signes subtils de la présence de Bonnet créent un climat anxiogène au fil des épisodes, notamment pour Brianna. En parallèle, nous retrouvons le criminel sous un de ses aspects les plus terrifiants. Présent lors de la scène de combats illégaux entre deux femmes (épisode 2), celui-ci retombe toujours sur ses pattes malgré les atrocités commises ici et là. Son côté manipulateur et opportuniste lui permet toujours de saisir les meilleures occasions.

Par ailleurs, nous pouvons saluer la performance d’Edward Speleers, qui jongle à la perfection avec les humeurs de cet homme sadique qu’il interprète. Il campe un méchant au moins aussi terrifiant que celui incarné par Tobias Menzies dans les premières saisons. Son personnage apporte un véritable intérêt à ce début de saison 5, nous faisant nous interroger sur la manière dont il fera son retour. Pourquoi pas une confrontation entre Jamie et lui ? Quoi qu’un duel entre Roger et Bonnet pourrait nous surprendre davantage.

Au final, l’intrigue de cette fresque historique qu’est Outlander avance lentement. On aimerait bien une petite accélération, une vraie claque avec le retour de Bonnet. On suppose qu’il ne saurait tarder au vu du trailer de l’épisode 5. Avec cette menace qui pèse sur le clan Fraser, on peut s’interroger sur un éventuel retour de Brianna, Roger, et Jeremiah dans leur époque. Claire continuera  probablement de défier la médecine, tout comme l’histoire, avec la Guerre d’Indépendance qui se profile. Nous ne sommes en tout cas pas à l’abri de nombreux rebondissements. Outlander a toujours réussi à nous surprendre quand nous nous y attendions le moins.

Trailer – Outlander 5×05