Chefs : notre critique de la saison 2 de la série avec Clovis Cornillac

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Après une première saison en février 2015, la série de France 2 Chefs faisait son retour pour une deuxième saison de 8 épisodes. L’occasion de retrouver Clovis Cornillac et Hugo Becker derrière les fourneaux du Paris, théâtre de tous les possibles.

Rien ne va plus pour le célèbre chef (Clovis Cornillac) ! Après avoir perdu le goût et confectionné sa nouvelle carte avec son fils, Romain (Hugo Becker), sans lui révéler son handicap, il a fini par lui céder le Paris, son prestigieux établissement. Mais les deux hommes ne se parlent plus depuis la révélation d’un terrible secret. En effet, Romain a appris que son père, dont il a découvert l’identité, avait pillé les recettes de sa mère pour monter son restaurant, ce qui avait conduit cette dernière à la dépression, puis au suicide. Delphine (Anne Charrier), travaille désormais dans un grand hôtel de luxe où elle s’ennuie. Charlène (Joyce Bibring) seconde Romain au restaurant tout en jonglant avec sa vie de mère. Et Monsieur Edouard (Robin Renucci) rôde toujours…

La barre était haute pour cette deuxième saison de Chefs, série culinaire de France 2. Après une première saison au top des audiences en février 2015 (4 millions de téléspectateurs en moyenne pour les 6 épisodes), la série se devait de faire mieux et meilleur. Le pari est-il tenu ?

On cuisine différemment…

197695-jpg-r_640_600-b_1_d6d6d6-f_jpg-q_x-xxyxxLa première saison nous entraînait à la découverte du Chef (magistralement interprété par l’acteur Clovis Cornillac) et de son établissement Le Paris. Cette seconde saison semble prendre une trajectoire légèrement différente puisqu’elle se centre beaucoup plus sur le personnage de Romain, son fils (Hugo Becker). On évolue avec lui au fil des 8 nouveaux épisodes. Sa première étoile, son histoire d’amour avec Charlène (Joyce Bibring) puis sa descente aux enfers.

Il faut croire qu’en plus du talent pour la grande cuisine, il a aussi hérité de son père d’une tendance à l’autodestruction. On dit qu’il faut toucher le fond pour prétendre remonter. Le parcours initiatique de Romain est semé d’embûches. On assiste à son passage chez un émir, qui lui demande de cuisiner le repas parfait. On le retrouve en prison, où il cuisine pour un vilain méchant. Enfin, à la campagne, histoire de se refaire une santé et d’apprendre à découper un cochon. Un parcours digne d’une saga des Martine à…, où le personnage perd son air satisfait pour se frotter à la réalité de la vie. L’histoire pourrait s’avérer peu palpitante, mais le jeu de l’acteur rend le tout plutôt crédible. Malgré quelques longueurs (il faut bien combler les deux épisodes supplémentaires !), le tout se regarde, ne serait-ce que pour en connaître la finalité.

On retrouve le Chef dans un tripot où se déroule un étrange concours de dégustation. On ressent la froideur du personnage ainsi que sa détresse.
Abandonné par tous et surtout par lui-même, il se retrouve dans une espèce de désespoir qui fait froid dans le dos. Il ne devra son salut qu’à la belle Delphine (Anne Charrier), bien décidée à ne pas le laisser 197226-jpg-r_640_600-b_1_d6d6d6-f_jpg-q_x-xxyxxsombrer plus. Il se tisse entre eux une jolie histoire, professionnelle et personnelle. Transformer un café-restaurant en un endroit où l’on sert une cuisine gastronomique est une brillanté idée. Toute l’histoire autour de Marcel et de cet endroit est belle. Ce sera pour le Chef l’occasion de briller de nouveau, tout en s’entourant de deux seconds, Cindy (Sara Mortensen) et Aziz (M’Barek Belkouk). L’envie de vivre et de revivre est présente, et les épisodes nous laissent à penser à une véritable résurrection. Le personnage est trouble mais ses actions ne sont jamais faites à la légère… Et l’espoir de le voir renouer avec son fils nous anime.

Pour ce qui est des personnages secondaires, on retrouve Yann (Nicolas Gob) de mèche avec Monsieur Edouard (Robin Renucci). On sait que Yann n’est pas un mauvais mec, il est juste perdu. Il voyait dans le Chef une sorte de figure paternelle qu’il a perdue. Il recherche la même chose chez Monsieur Edouard. Ses actions tout au long de la saison le mèneront vers une sorte de rédemption. Charlène, quant à elle, semble heureuse. Du moins c’est ce que l’on veut nous faire croire. Elle a besoin d’évoluer, d’avancer dans la vie. Son départ à la fin de la saison (définitif ?) correspond bien au personnage. On ne peut pas oublier de citer la belle Leslie Medina dans le rôle de la mystérieuse Clara, nouvelle sommelière du Paris mais aussi la nièce de Monsieur Edouard.

Mention spéciale à Zinedine Soualem dans le rôle de Karim, le maître d’hôtel. La justesse de son jeu et SA scène dans la salle du restaurant est bluffante.

Lumières et petits plats…

198476-jpg-r_640_600-b_1_d6d6d6-f_jpg-q_x-xxyxxRien n’est oublié dans cette série. On sent que les scénaristes maitrisent le sujet. Les difficultés financières, les investisseurs, la disparition des bistrots de quartier, tout y passe. La série prend place dans notre époque, celle du sexisme et de l’argent. Les scènes de cuisine sont très réalistes, au moins pour le téléspectateur. La beauté des plats, ainsi que celle des scènes, est portée par une bande-son splendide. Bluffant…

La réalisation des épisodes est maitrisée. Les jeux d’ombre et de lumière apportent aux différents lieux des aspects contrastés. Pour cette saison, le comédien Clovis Cornillac lui-même s’est attelé à la réalisation des épisodes 5 à 8. Il se paie même le luxe de faire tourner sa maman, Myriam Boyer, dans le septième épisode.

En conclusion, Chefs nous surprend. Après une première saison cuisinée aux petits oignons, la seconde s’offre de nouvelles intrigues passionnantes ainsi qu’une toute nouvelle approche. Même s’il faut un petit temps d’adaptation (le premier épisode suffit amplement), on replonge délicatement dans les méandres de la gastronomie française, entourée de comédiens de qualité. A la fin de dernier épisode, on se laisse à espérer une troisième saison…