Critique « La Momie » d’Alex Kurtzman : assistez à la naissance du Dark Universe

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Universal possède les droits de toutes les histoires de monstres (La Momie, Frankenstein, l’Homme Invisible, le Loup-Garou, Dracula) et produit depuis les années 1940 des adaptations à foison. Le but d’Universal est de créer un univers étendu avec ses monstres pour aboutir à un équivalent de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, mais en mieux. La première pierre de cet ambitieux édifice est donc La Momie d’Alex Kurtzman porté par Sofia Boutella et Tom Cruise.

Une première partie qui ose des choses 

The-Mummy

Étonnamment, alors qu’il paraissait évident que La Momie serait un blockbuster fade, classique et paresseux, la première partie du long-métrage réserve quelques images horrifiques importantes. Alex Kurtzman s’adonne aux codes de l’épouvante pour offrir quelques plans iconiques, badass et inquiétants. Une mise en scène guindée pour mettre en valeur la première pierre du Dark Universe (nom choisi par Universal). Ainsi, lorsque la momie débarque en Angleterre et commence à posséder différents êtres vivants pour en faire ses soldats de la mort, le film parvient à trouver un délicieux rythme entre mise en scène pseudo-horrifique composée de quelques jumps scares efficaces, d’une photographie travaillée et de traits d’humour briseurs de ton. Dans cette première partie, Alex Kurtzman parvient brillamment à émerveiller, séduire, inquiéter et faire rire son spectateur. Et en soi, c’est tout ce qui est attendu d’un blockbuster. Les effets spéciaux sont très réussis. Sofia Boutella parvient à interpréter une momie convaincante, stylisée et inquiétante. A la manière de Javier Bardem dans Pirates des Caraïbes 5, l’équipe a décidé d’allier effets spéciaux et images véritables pour matérialiser le visage de Sofia Boutella. De plus, Universal parvient à dissimuler quelques clins d’œil et références à la manière de Marvel Studio pour construire son univers étendu. Le personnage interprété par Russel Crowe réserve quelques surprises. La construction prend forme avec une première pierre solide à défaut d’être originale.

Mais une suite beaucoup plus classique 

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Malheureusement, La Momie ne parvient pas à conserver son rythme si séduisant. Alex Kurtzman met en scène par la suite des événements beaucoup plus communs. Rien ne vient surprendre le spectateur, emmené dans un scénario rectiligne ponctué de rebondissements ultra classiques. Le seul intérêt devient Tom Cruise qui cabotine joyeusement. Les dialogues mis en avant ne permettent pas réellement d’insuffler la dose de merveilleux attendu et l’excitation ressentie par les personnages. De même les scènes d’action se font un peu plus rares, l’humour est placé au second plan pour permettre à l’histoire, qui doit avoir un impact sur la suite, de s’étirer, de se préciser. Pour autant, cette histoire de complot, de combat contre le mal, de possession n’est pas bien originale et ne suffira pas à crédibiliser leur univers étendu. Ainsi, l’ennui commence à pointer le bout de son nez. Surtout lorsque Alex Kurtzman décide de placer encore et toujours les mêmes flashbacks en boucle pour raconter les origines de la momie. Le cinéaste prend réellement ses spectateurs pour des abrutis, les prenant par la main en les confrontant à une multitude de flashbacks inutiles, éreintants et pas franchement indispensables. Néanmoins, La Momie a le mérite d’éviter la conclusion asphyxiante propre à tous blockbusters de ce nom, préférant une simple confrontation en huis-clos qui permet de concentrer l’action et de faire souffler le spectateur.

La Momie est une œuvre classique, pas franchement originale ni même passionnante mais suffisamment humble pour apparaître divertissante. Alex Kurtzman ne propose pas de scène post-générique pour introduire la suite de ce dark univers.