Cannibales, c’est l’histoire d’une disparition.
Dans un parc municipal, Christine s’est involontairement assoupie. A son réveil, sa fille a disparu. Deux autres femmes sont avec elle dans ce parc : Nicole qui n’aime pas les enfants et ne souhaite pas être dérangée, et Martine face à un landau. Ces deux femmes affirment ne rien savoir de la disparition de la fille de Christine. Celle-ci ne les croit pas et tente de les pousser dans leurs retranchements.
Le début du spectacle joue avec les codes du film noir. L’obscurité de la nuit est fendue par une lumière blanche expressionniste et éclairant le plateau avec géométrie. La pluie se fait entendre à plusieurs reprises. Ces trois femmes sont seules dans ce parc que l’on nous dit « immense ». Leur solitude est lisible mais on peut regretter ne pas ressentir le sentiment d’angoisse qui les relie.
L’enquête autour de la disparition de la fille de Christine n’est qu’un prétexte pour José Pliya. Le réel enjeu est une « enquête métaphysique » comme il l’explique lui-même dans la note d’intention du spectacle. Il s’agit de s’interroger sur la maternité, ses causes. Pourquoi une femme décide-t-elle d’enfanter ou non? Chacune des trois femmes vit la maternité à un stade différent. Christine est dans une phase égoïste où seul son enfant a du sens. Le landau de Martine est vide mais lui permet d’exister. Avoir un enfant, même chimérique, permet une reconnaissance de la société. Nicole est la plus âgée et émancipée des trois. Pour survivre à la douleur de la perte qu’elle a connue, elle est entrée dans une phase de cannibalisme. Manger l’objet de souffrance lui permettrait de détruire la douleur elle-même, et ce qui l’entoure.
L’incommunicabilité entre ses trois femmes est mise au centre du spectacle et pose de nombreuses questions sur la manière de s’exprimer et sur la possibilité d’une vie collective. Cependant, cette incommunicabilité peut-être lassante pour le spectateur. Chacune joue sa partition avec une adresse semblant souvent artificielle. Il n’y a pas d’échange concret, et l’émotion est difficilement palpable pour le spectateur. Parler de l’incommunicabilité au théâtre est un défi. L’écueil semble atteint dans Cannibales : nous aimerions plus de réalité pour servir le texte de José Pliya.
MARDI 20 > VENDREDI 30 JANVIER 2015 au Théâtre 71
MARDI ET VENDREDI À 20H30
MERCREDI, JEUDI ET SAMEDI À 19H30 DIMANCHE À 16H
Texte et mise en scène José Pliya (Éd. L’avant-scène théâtre, Coll. des Quatre-Vents)
avec Marja leena junker, Lara Suyeux, Claire Nebout