Après Feed the World et Let’s Make Money, Alphabet vient clore la “Trilogie de l’épuisement” du réalisateur Erwin Wagenhofer, soit trois documentaires pour réfléchir aux conséquences de la mondialisation sur notre société stagnante, à travers des portraits de crises – alimentaire, financière et pour ce troisième volet, éducative.
“Nous sommes tous, à la naissance, un exemplaire original…Mais nous mourrons, presque tous, à l’état de copie.” affirme Wagenhofer. Un constat qui fait froid dans le dos, et qui dresse un tableau sombre d’une société néolibérale qui évince la créativité et l’opinion personnel au détriment d’une éducation basée sur un dogme de la performance ultra compétitive. France, Allemagne, Etats-Unis ou encore Chine, le réalisateur autrichien a sillonné le monde depuis 2011 à la découverte des différentes méthodes pédagogiques actuelles, toutes héritées d’un modèle éducatif académique au service de l’économie mondiale. Formés dans des écoles encore ancrées dans un schéma d’enseignement datant de l’industrialisation, nous souffrons d’une standardisation restrictive de notre pensée.
L’éducation, qui se devrait d’être ludique, semble en effet évoluer dans un système purement technocratique, où la pensée divergente n’a clairement pas sa place et s’oublie peu à peu: à la sortie de l’école, près de 95% des enfants auront ainsi perdu cette capacité.
Qu’en est t’il alors de la pédagogie aujourd’hui? Que faudrait il y changer, et comment? Des questions complexes, et pourtant nécessaires, auxquelles ce documentaire tente d’apporter quelques réponses. “Ce n’est pas d’enfants et de leur avenir que l’on se préoccupe, mais d’idéologie et de conservation de pouvoir”. En formant ainsi les individus de demain à ne plus penser par eux-mêmes mais à être pensés, l’amour de l’apprentissage s’efface totalement face à une culture de la peur de l’échec.
Loin d’être un simple “coup de gueule” à vocation utopique sur une société qui va mal, Alphabet laisse la parole à de grosses pointures parmi les chercheurs, neuro-scientifiques, experts en pédagogie, mais aussi élèves et enseignants. Des témoignages forts, qui pointent du doigt un même constat: nous détruisons les capacités créatives des enfants, les forçant à entrer dans un moule formaté aux besoins du néolibéralisme ambiant. “On doit désormais reconnaitre que la pensée académique, linéaire, “des causes à effets” a atteint ses limites, car elle a tenu le “vivant” à l’écart “.
Un beau documentaire radical et tranchant, qui agit comme une invitation urgente à repenser l’art de l’éducation.
En salles le 21 Octobre. Pour plus de renseignements sur le film, vous pouvez consulter le site officiel du film Alphabet.