Critique de « The Great Green Wall » : un projet, un combat, un périple que l’on découvre par le prisme de la chanteuse Inna Modja

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Une traversée de l’Ouest à l’Est du Sahel accompagnée de la chanteuse activiste malienne, Inna Modja. Un hymne d’espoir porté à travers le documentaire «The Great Green Wall» de Jared P. Scott, en salles depuis le 22 juin. 

The Great Green Wall, concrètement c’est quoi ?

The Great Green Wall ou La Grande muraille verte, c’est l’ambition d’un projet colossal. Celui de créer une ceinture de végétation pour combattre la désertification, revitaliser l’écosystème, et créer des projets solidaires dans les communautés d’Afrique. Un pari et projet ambitieux longeant la lisière du Sahel, du Sénégal jusqu’à Djibouti sur 8000 kilomètres. Une initiative lancée et mise en oeuvre en 2007.

The Great Green Wall
The Great Green Wall

 

Cette traversée du Sahel vécue par la chanteuse Inna Modja, nous raconte l’histoire de la Grande muraille verte et du challenge qu’elle reflète. Cependant, il est nécessaire de comprendre l’enjeu de ce projet. Réparer la terre est aujourd’hui une question de survie comme en témoigne l’exemple de la forêt amazonienne. Ce n’est pas seulement un problème africain mais bel et bien un problème mondial.

« WE MUST DARE TO INVENT THE FUTURE » – Thomas Sankara

Le documentaire débute sur cette citation de Thomas Sankara, homme d’Etat révolutionnaire et ancien président du Burkina Faso (1983-1987). Visionnaire, il réclamait le pouvoir au peuple luttant lui aussi contre la désertification. Une figure emblématique qui a fortement inspiré l’intrique de ce film par son leadership du mouvement d’indépendance africaine.

Un pèlerinage tout en musique pour lui rendre hommage que nous offre ainsi Inna Modja. Ayant à cœur d’amplifier le message de Thomas Sankara, et de faire comprendre aux gens que le pouvoir se trouve entre leurs mains et qu’il faut agir là où on se trouve.

 « Créer un rêve africain ».

Des paysages, des visages, des histoires. Inna Modja en studio, sur des plateaux ou lors de ses multiples rencontres, endosse le rôle de journaliste, à la recherche d’histoires et de vérités à reléguer. Une volonté  certaine de montrer le quotidien des Africains qui vivent et se battent pour trouver des solutions et répondre à ce changement climatique. Des récits qui ont pour objectif de créer un rêve africain pour lutter contre l’immigration et donner envie aux natifs de rester dans leur pays.

Dénoncer en musique

Du Sénégal au Mali, passant par le Nigeria et le Niger, jusqu’en Éthiopie, Inna Modja nous fait voyager dans une Afrique riche et multiculturelle. La musique est indissociable de l’Afrique et il y a beaucoup de musiques au Sahel, les femmes chantent en plantant. C’est pourquoi, selon la chanteuse « la musique devait être un des protagonistes du film. »

Activiste depuis quinze ans, elle veut donner espoir aux gens qu’il y a un rêve ici, en Afrique :

« Nous avons la culture, nous avons des traditions, nous avons la musique »

Et c’est ce pour quoi elle se bat, pour faire partager à travers ses paroles et sa voix un message fort, celui d’avoir de l’espoir. La musique se voit ainsi utiliser au profit de ces histoires individuelles, ces histoires de communautés, l’histoire de la Grande muraille verte.

Une bande son réalisée par Inna Modja où l’on découvre une mixité au niveau des instruments. Avec le parti pris de choisir beaucoup d’instruments traditionnels mélangés avec des instruments plus modernes afin de réunir toute la musique du sahel.

Comme elle l’exprime si bien, la musique c’est ce qui nous tient en vie. C’est viscéral et essentiel, et c’est cette température de Bamako où on respire la musique, sa force et le message d’espoir une histoire où on prend son destin en main que veut retranscrire et y parvient, Inna Modja.

De plus, ce documentaire atteste de nombreuses collaborations dont les titres suivants : « Insh’ Allah » avec Didier Awadi (artiste hip-hop, membre des Positive Black Soul) au Sénégal, puis le titre « African Dream » avec le groupe nommé « Songhoy Blues» au Mali, mais aussi « I Got you » avec la pop star Waje (artiste engagée pour la lutte des femmes) au Nigeria et enfin le titre « Rise » avec Betty G (chanteuse et auteure-compositeur) en Ethiopie.

« This is Us, We are talking about us »

Au centre de ce documentaire : l’Afrique. Relayer au second plan, à travers ce projet et ce film c’est faire une place et placer à la table du monde ce continent trop souvent oublié. Fermer les yeux sur ce qui se passe ne résolve pas les problèmes bien au contraire, et c’est donner la possibilité de réaliser aux Africains leurs rêves en partant de rien. C’est ce que prône la chanteuse Inna Modja. Recueillir des analyses, des témoignages, des vidéos, des archives afin de montrer et faire comprendre au reste du monde l’importance de l’Afrique. Ce combat mené par les Africains pour les Africains, et surtout pour les générations futures est synonyme d’une seconde chance. Avec la montée des préoccupations, c’est un combat d’aujourd’hui pour une meilleure Afrique, une vision optimiste.

Se défaire des idées préconçues et des représentations. Un message que véhicule Inna Modja à travers ce documentaire et son nouvel album. Donner des opportunités et surtout de l’espoir. L’espoir d’un rêve africain.

« Nous avons des conflits, nous avons la pauvreté, mais nous avons beaucoup plus. »

Un syncrétisme de cultures, de coutumes, de religions, de musiques condensé. Et au cœur de ce documentaire : lespoir, le partage, l’information, le courage, la joie et la découverte. En association avec l’Organisation des Nations unies pour combattre contre la désertification, « The Great Green Wall » ce n’est pas seulement un projet d’agriculture, mais c’est avant tout un projet humain.